On compterait environ 120 mineurs isolés étrangers, actuellement dans la métropole lilloise. Si la plupart est hébergé dans des foyers associatifs ou accueillis par des bénévoles, plusieurs dizaines dorment dans la rue. La difficulté pour ces jeunes est de prouver leur minorité. Ils sont presque tous considérés d'office comme étant majeurs, les privant de toute protection de l'enfance.
Caché dans un petit bois au cœur de Lille Sud, une quarantaine de jeunes hommes logent sous tente dans un campement de fortune. Ils se disent mineurs et attendent une reconnaissance afin d'être pris en charge par l'État. Pour Mohamed, originaire de Guinée, "c'est difficile, mais on n'a pas le choix".
"Nous voulons aller à l'école"
"C'est très dur pour nous. Nous n'avons pas de nourriture, pas d'abri, nous n'allons pas à l'école et nous avons besoin de l'école, nous voulons aller à l'école", déclare Abdoulaye, qui vit ici depuis trois mois. Originaire de Sierra-Léone, il dit avoir 15 ans, ce qu'il n'a pour l'instant pas réussi à prouver aux autorités.
Le jeune homme ajoute : "Ils ne reconnaissent jamais cette minorité et c'est vraiment difficile ces conditions de vie". La moitié de ces jeunes suivent des cours dans une école associative. Une sorte de parenthèse avant un retour à la vie dure au campement.
"On milite pour la présomption de minorité"
Lorsque la reconnaissance de minorité leur est refusée, ces jeunes migrants sont remis à la rue par l’aide sociale à l’enfance. "Quand le soir, on a un jeune qu'on accueille en sortie de foyer pour non-reconnaissance de minorité et qu'on doit l'installer et l'amener ici, c'est un peu dur. Ils ne s'imaginent pas où on va les emmener quand on leur dit : 'on va te mettre dans une tente, dans un camp'. Et là, c'est le coup de bambou pour eux", souligne Etienne Carême, bénévole Utopia 56 Lille.
Anna Fraisse, également membre de l'association, complète : "On milite pour la présomption de minorité. Ça va se faire sur du temps long. Là, pour l'instant, on demande au moins une mise à l'abri des 40 ou 50 jeunes qui dorment ici tous les soirs pour qu'ils puissent continuer d'aller à l'école, être proche des avocats et de leur réseau de soutien. Ça devient urgent de mettre ces jeunes à l'abri."
Selon l’association Utopia 56, 80% des recours seraient validés par la justice qui finit par reconnaître la minorité de ces jeunes, contraints de dormir dehors le temps de la procédure, qui dure six mois en moyenne.
Avec Thomas Millot / FTV