L'ambiance était électrique à la frontière pour le match de la Coupe du Monde qui opposait la France à la Belgique, hier soir. Nous nous sommes rendus à Froyennes, où supporters des Bleus et des Diables Rouges cohabitaient, et à Mouscron, dans une fan zone.
La moitié droite exulte quand l'autre tente de garder la face. A Froyennes, en Belgique, à quelques kilomètres de la frontière, un groupe d'amis se retrouve pour le match de demi-finale France-Belgique.
Parmi eux, 50% de Belges et 50% de Français. "On est en train de faire, en tant que Français, un match chez les Belges. Mais ça va, on est bien accueillis, on va passer une bonne soirée", dit un fan des Bleus.
Au début du match, de chaque côté, l'attente et les fausses joies se font ressentir dans une langue universelle : les cris d'angoisse ou de joie. A quelques kilomètres de là, à Mouscron, les sentiments sont plus unanimes.
La ferveur des Diables Rouges était au rendez-vous dans cette ville frontalière. Sur la première frappe Belge contrée par Lloris, les supporters frissonnent devant l'écran géant installé dans le centre. A la mi-temps, le score est toujours de 0-0 mais tous sont confiants.
"Ils ont bien joué, bien dominé. Je n'ai pas peur pour la suite", pronostique un spectateur. Le public entonne "Et un, et deux, et trois zéro", espérant une ouverture du score en faveur des Diables.
En revanche, regarder le match entre Français et Belges reste un vrai jeu d'équilibriste à Froyennes. "Quand on est tous à fond d'un côté, les autres sont déçus et après, l'inverse se passe donc c'est drôle", explique une supportrice française.
C'était cette année ou peut-être jamais
Pourtant, tout bascule juste après la mi-temps, sans prévenir. "On a envie que la Belgique marque pour accéder à la finale, ce qui ne nous est jamais arrivé", affirme une spectatrice, happée par une remontée des Diables Rouges.
La tête d'Umtiti calme la ferveur à Mouscron. "On n'a vraiment pas eu de chance. Après, je suis sûr qu'ils vont rattraper ça. On peut pas rester sur un 0-1, impossible !", dit un spectateur.
Les rouges et noirs y croient toujours, mais le but égalisateur ne vient pas. Au coup de sifflet final, la Belgique est éliminée, les supporters, sonnés, n'y croient pas.
"Je suis dégoûtée, j'ai même pleuré alors que j'avais jamais pleuré devant un match de foot", avoue l'une d'entre eux. "C'était cette année ou peut-être jamais", assure un autre, défaitiste.
Dans la salle de Froyennes, certains lancent l'hymne à l'enfant du Nord. "Benjamin Pavard !", chantonnent certains. Les supporters des Diables restent bons joueurs... ou presque.
"Je vais supporter la Croatie dimanche", tranche un Belge. "Moi je vais soutenir la France, c'est obligé", rétorque une autre. "Félicitations, on se voit dans deux ans pour moins de théâtre et plus de football", ironise un dernier.
Une fan de l'équipe nationale belge reste optimiste : "On aimerait surtout remercier les Diables. On a envie de leur dire merci de nous avoir procuré toutes ces émotions jusqu'en demi-finale". Malgré la défaite, certains restent faire la fête et d'autres s'en vont, espérant que ce ne soit qu'un mauvais rêve.