Deux mille personnes ont défilé dans les rues de Lille pour protester contre les violences policières envers les personnes de couleur. Dans la foule, de nombreux jeunes, choqués par la mort de George Floyd, un noir-américain et par les vidéos de violences policières postées sur les réseaux sociaux.
"I can't breathe ! [je ne peux pas respirer]", s'époumonne Maria Touni Ben Jelloul. Elle prend la parole pour donner le ton de ce rassemblement qui a lieu place de la République à Lille, ce mardi 2 juin en fin de journée. Au moins 2000 personnes l'écoutent, surtout des jeunes, comme elle. "Pourquoi sommes-nous violentés ? Pourquoi sommes-nous toujours arrêtés ? Pourquoi sommes-nous automatiquement contrôlés ?", interroge-t-elle.
Le 25 mai dernier, un afro-américain, George Floyd, décède à la suite de son interpellation à Minneapolis (Etats-Unis). La vidéo dans laquelle on voit un policier blanc lui presser la nuque avec son genou alors que l'homme suffoque, "I can't breathe" pouvait-on l'entendre dire. La scène a fait le tour du monde et suscité une indignation au-delà des Etats-Unis. C'est en soutien à cet homme mais aussi pour dénoncer les violences policières contre les personnes de couleur en France que cet événement a été organisé.
Dès 18 heures, la foule était nombreuse. Après un premier discours rappelant à chacun d'éviter tout débordement, une minute de silence, genou à terre et poing levé a été organisée. Les manifestants, essentiellement jeunes et d'origines diverses, sont venus grâce à la force des réseaux sociaux.
Aziza a 22 ans et est soignante. Pour elle, les réseaux sociaux ont joué un rôle important : "Ça nous a touché, nous, la jeunesse. Face à ces événements et ces vidéos qu'on voit sur les réseaux sociaux, je n'ai pas les mots. La légitimité d'une vie humaine du fait de sa couleur de peau ou de son identité est remise en cause. Je n'ai pas les mots pour dire ma frustration. J'ai parfois l'impression d'être dans une mauvaise série où pour la rendre plus attractive, on va de pire en pire, mais ce n'est pas une série, c'est la réalité", déplore-t-elle.
Pour Kamelia et Victorine, 20 ans toutes les deux, ce rassemblement est un espoir pour changer les choses : "On a envie de vivre dans un monde qui n'est pas raciste. De voir autant de monde, c'est une bonne surprise. Quand le peuple est soudé, peu importe sa couleur de peau ou ses origines, les choses bougent."
Yanice, 21 ans, se réjouit aussi de voir l'ampleur du regroupement : "Il n'y a pas suffisamment d'actes pour dire qu'on n'est pas d'accord. Pour changer les choses, il faut agir", estime-t-il.
Trentes minutes plus tard, une dizaine de policiers ferment l'accès à la rue de Béthune alors que les manifestants s'y dirigeaient. Après une dizaine de minutes, les policiers les laissent passer, pressés par une foule qui scande : "Laissez-nous passer", ou encore "Tout le monde, déteste la police." Ce même scénario se répétera à une centaine de mètres de la Grand' Place, laissant les manifestants un peu incrédules, décidant au dernier moment le chemin du cortège.
La manifestation s'est dispersée dans le calme un peu avant 20h30.