C’est un traitement innovant de la sténose aortique, le rétrécissement des valves du cœur… Une révolution en test au CHU de Lille et, surtout, une alternative à la chirurgie pour de nombreux malades du cœur.
Allongée sur le lit d'un bloc opératoire du CHU de Lille, Paulette, 95 ans. Elle souffre d’une sténose aortique. Une valve de son cœur ne laisse plus passer assez le sang, elle s'essouffle. Sans anesthésie, sans bistouri, les médecins vont la soigner grâce à une machine à ultrasons. Le bras articulé est posé au niveau de son cœur. Pendant près de 2 heures, il envoie des ultrasons sur une zone localisée.
Le Professeur Eric Van Belle, cardiologue à l’institut Cœur-poumon explique : "On applique des ultrasons que l’on focalise au niveau de la valve aortique. Elle contient du calcaire qui s’est déposé, qui a durci mais qui est à l’intérieur de la valve. L’objectif de ce traitement est de fragmenter ce calcaire, de le transformer en sable… "
Remplacer la chirurgie
Sur l’écran du bloc, on voit clairement la zone blanche près du cœur, le calcaire qui obstrue l'aorte, la sténose aortique. Avec les ultrasons, très vite, les résultats sont visibles, la valve malade s’assouplit pour pomper le sang plus efficacement…
Le Professeur Eric Van Belle poursuit "Les deux traitements disponibles aujourd’hui sont la chirurgie classique à cœur ouvert pour remplacer la valve… Elle nécessite 15 jours d’hospitalisation. Et ici avec ce traitement, le patient rentre le matin et sort le soir".
Un "nettoyage" de la valve innovant
Diagnostiquée chaque année à 42 000 patients de plus de 65 ans en France, cette calcification de la valvule aortique obstrue le flux sanguin du ventricule gauche vers l’aorte. Elle conduit à une insuffisance cardiaque voire, dans les cas les plus graves, à la mort subite.
Les ultrasons, une technique développée à l’Institut de physique pour la médecine (Inserm) et l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris. Les ultrasons, administrés par voie externe, permettent la micro-fragmentation du calcium bloquant la valve. De quoi améliorer significativement la qualité de vie des patients traités.
Paulette raconte : "Ça ne fait pas mal, ce n’est rien du tout, on n’a pas de ressenti, il n'y a pas de conséquences postérieures" et puis surtout, elle ressent moins d’essoufflement, moins de fatigue.
A terme, ce dispositif pourrait être mis en place directement dans les cabinets de cardiologie… Pour soigner encore plus simplement les près de 2 millions de patients atteints de cette maladie en Europe.