Près de 90% des EHPAD publics sont déficitaires dans les Hauts-de-France : une situation "alarmante"

89% des maisons de retraite médicalisées publiques des Hauts-de-France sont en déficit sur l’année 2023, d’après la FHF (Fédération hospitalière de France). En cause : un changement de profil chez les résidents, des coûts qui explosent et des dotations qui ne suivent pas.

89% des EHPAD publics hospitaliers de la région sont déficitaires en 2023, d’après une enquête réalisée par la FHF (Fédération hospitalière de France) des Hauts-de-France. Le déficit cumulé régional de ces établissements atteint 70 millions d’euros sur cette période, estime la fédération – contre 44 millions en 2022.

Une question d’intérêt public, puisque les hébergements publics représentent 48% des places en EHPAD disponibles dans les Hauts-de-France. Près d’une personne âgée sur deux vivant en maison de retraite médicalisée dans la région réside ainsi dans l’un des 233 établissements publics. Pour la FHF, “la situation budgétaire est alarmante”.

Énergie, masse salariale : des coûts qui augmentent 

L’activité et le taux d’occupation des EHPAD publics sont bien repartis à la hausse depuis la crise du Covid-19 et l’affaire ORPEA… Mais cela ne suffit pas à compenser l’augmentation des coûts – dus aux changements de profils des résidents, à la hausse du prix de l’énergie et du coût de la masse salariale.

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La FHF souligne que les profils des résidents qui entrent en EHPAD sont de plus en plus “lourds” : “polys pathologiques, avec des multiplications des troubles du comportement”, précise la fédération. La durée de leur séjour est également plus courte. Plus dépendants, nécessitant plus de soins et d’accompagnement particulier, ces nouveaux usagers entraînent une augmentation des coûts pour les EHPAD.

Nous sommes un service public. Si on augmente nos tarifs, les résidents vont se retrouver pénalisés et ne pourront pas payer.

Rémi Pauvros

président de la FHF Hauts-de-France

Dans les EHPAD publics, les coûts liés à la masse salariale ont augmenté de 31% entre 2019 et 2023. Leurs dépenses énergétiques ont quant à elles subi une hausse de 117% en moyenne sur la même période. Le bouclier énergétique n’a pas permis de compenser cette hausse que de 18% en moyenne, d’après la FHF Hauts-de-France.

En l’état, la situation ne risque pas de s’améliorer. Faute de capacité d’autofinancement, “il n’y a quasiment plus d’investissement dans nos établissements”, précise Rémi Pauvros, président de la FHF Hauts-de-France. “Ce que nous ne payons pas aujourd’hui, nous le paierons encore plus dans un, deux ou trois ans…” Le responsable de la fédération ajoute que la population dans les EHPAD pourrait doubler d’ici 2040. 

Des dotations qui stagnent 

Il faut trouver une solution… Pas dans trois ans, pas dans quatre ans. Maintenant !”, s’impatiente Rémi Pauvros. “Nous voulons maintenir la qualité de soin et d’accueil dans nos établissements. C’est le rôle du service public, nous y tenons et nous ne bougerons pas là-dessus”, affirme-t-il. La FHF demande ainsi un changement structurel de la prise en charge des EHPAD publics.

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Actuellement, leur fonctionnement dépend à la fois du financement des résidents mais aussi des Conseils départementaux et de la branche autonomie de la Sécurité sociale – donc de l’État. Or “malgré les besoins en soins et en dépendance des résidents en augmentation constante, les dotations financières des EHPAD [dont les taux d’évolution sont votés par les Conseils départementaux, ndlr] n'évoluent pas”, souligne la FHF.

La FHF veut la loi sur le grand âge

Fin 2023, l’aide exceptionnelle de l’État a permis aux établissements les plus en difficultés de payer leurs charges. “Mais nous risquons en 2024 d’avoir la même situation”, s’inquiète Rémi Pauvros. 

La solidarité nationale doit s’exercer. Nous réclamons la loi sur le grand-âge, promise par le président de la République.

Rémi Pauvros

président de la FHF Hauts-de-France

“La solidarité nationale doit s’exercer. Nous réclamons la loi sur le grand âge, promise par le président de la République”, affirme Rémi Pauvros. Pour lui, il y a urgence : “le budget 2024 est déjà en cours, on ne peut pas aborder 2025 sans avoir de perspective de prise en charge de nos établissements.” Il appelle les différents financeurs des EHPAD publics à “se mettre d’accord sur la nécessité absolue de [les] prendre en charge dans les années à venir”.

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Quid du financement des EHPAD publics par les résidents ? Entre 2019 et 2023, le prix médian pour une chambre simple dans la région a déjà augmenté de 5% à 15% selon le département. 

Pour le président de la FHF Hauts-de-France Rémi Pauvros, pas question de continuer à augmenter les prix. “Nous sommes un service public. Si on augmente nos tarifs, les résidents vont se retrouver pénalisés et ne pourront pas payer.”

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