À Roubaix, une trentaine de soignants se sont rassemblés pour dénoncer la crise que traversent les EHPAD du Nord. Ils craignent la fermeture de plusieurs structures.
"La situation est catastrophique", Nicole Bernabé, déléguée départementale CGT ne mâche pas ses mots. Selon elle, 88% des EHPAD publics seraient déficitaires dans le Nord, 92% dans le Pas-de-Calais. Un constat que les quelques représentants syndicaux étaient venus dénoncer ce mardi 10 octobre, à Roubaix, juste avant un colloque destiné à des directeurs d'EHPAD.
La syndicaliste ajoute : "certains EHPAD ne peuvent même pas acheter du petit matériel comme des abattements de toilettes pour les aînés". Elle cite ensuite l'exemple financier des trois EHPAD de l’hôpital de Roubaix : fin 2023, ils seraient à 2 millions d’euros de déficit.
Comment expliquer ce déficit ?
Nicole Bernabé l'assure, le covid a joué une grande part dans la descente aux enfers des structures : "après le covid, il y a eu un retrait face aux EHPAD, les gens ont peur d'y laisser leurs parents". Par conséquent, beaucoup d'établissements se sont retrouvés en sous-occupation.
L'EHPAD, c’est le parent pauvre des personnes âgées, parce que le but de beaucoup c’est le maintien à domicile le plus longtemps possible.
Jacques Adamski, secrétaire général CGT hospitalier de Roubaix
Jacques Adamski, secrétaire général CGT hospitalier de Roubaix, explique en quoi ce manque de résidents a fragilisé le système : "le système de financement est fait pour subvenir aux besoins d'un EHPAD plein à 100%, quand on passe en dessous de 80%, ce qui a été notre cas, on se retrouve avec un sous-financement par rapport aux besoins".
Il précise : "on devrait avoir une compensation de l'Agence Régionale de Santé (ARS) de seulement 500 000 euros, on va donc rester avec un déficit et ce sont les résidents qui auront un service moindre". Il précise tout de même que ces derniers ne devront pas payer plus cher, car les tarifs dans ce type d'établissement demeurent réglementés.
La crainte des burn-out et des fermetures
Conséquence : "il y a une grande souffrance mentale chez ce personnel dont le but est de pourtant soigner des gens" assure le syndicaliste. Il complète : "on ressent un gros malaise au niveau des personnels des EHPAD, des burn-out, quand quelqu’un rentre d’arrêt maladie, c’est un autre qui s’y met". Et "à cela vous ajoutez les gros problèmes de recrutement" abonde Nicole Bernabé.
Les conditions de travail pour les personnels sont déplorables, ces personnes sont démolies.
Nicole Bernabé, déléguée CGT à l'hôpital de Roubaix
Les deux syndicalistes redoutent également des fermetures de structures. Leur crainte, la reprise des établissements par le secteur privé : "ils peuvent choisir des résidents qui ont les moyens de payer des prestations supplémentaires mais ici nous sommes dans une région ouvrière, où il y a des personnes qui n’ont pas les moyens. Pour eux, le public, c’est la seule solution d’être accompagné". La déléguée CGT conclut : "maintenir un service de proximité pour ces personnes est essentiel".