Entre décembre 2003 et janvier 2004, l'usine Noroxo d'Harnes (Pas-de-Calais) était victime d'une épidémie de légionellose, une bactérie présente dans l'eau. Une vague d'infection qui avait provoqué de lourds problèmes de santé chez 86 salariés et la mort de 18 personnes. Vingt ans après la fermeture du site, l'histoire de Noroxo fait toujours parler d'elle.
Il y a vingt ans, le site Noroxo d'Harnes, commune du nord de Lens, fermait ses portes. Dans la foulée, les 159 employés de cette usine pétrochimique apprenaient leur licenciement, quelques mois seulement après le début d'une épidémie de légionellose, dont le bilan mortifère s'est rapidement établi à 18 personnes.
Début décembre 2003, plusieurs cas de contamination à la Legionella pneumophilia sont recensés. Les décès et les malades s'enchaînent, les autorités sanitaires ouvrent une enquête pour déterminer l'origine de la bactérie, qui évolue dans les eaux douces et les milieux humides chauds et stagnants. Une maladie non contagieuse, souvent bénigne, qui provoque un état grippal et des infections pulmonaires.
Des analyses sont menées sur le site de Noroxo pour vérifier si le sérogroupe (caractéristiques de certains micro-organismes) de Legionella présent dans l'usine, au niveau du circuit de refroidissement, correspond à celui retrouvé chez les victimes et chez les malades. L'usine Noroxo, mise à l'arrêt de nombreuses fois pendant les deux mois d'épidémie, est identifiée comme source unique de la maladie.
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Peine maximale
En parallèle, les victimes déposent plainte contre Noroxo et son sous-traitant GE Water pour "homicides" et "blessures involontaires". Plus tard, les faits ont été requalifiés en "complicité" pour GE Water.
Pendant dix ans, les familles des malades se sont battues pour obtenir gain de cause, estimant que l'usine aurait dû être mise à l'arrêt plus tôt et que les tests sanitaires ont été déployés trop tardivement. Avant cette affaire, aucun site industriel n'avait été mis en cause pour une épidémie de légionellose en France.
En février 2013, le tribunal judiciaire de Béthune a finalement rendu son jugement concernant ce dossier qui comptait plus de 80 parties civiles. Johnny Malec, ex-directeur de l'usine de Noroxo Harnes, a été condamné à un an de prison avec sursis et 35 000 € d'amende. Des amendes de 375 000 euros ont également été requises contre les deux filiales, soit les peines maximales que pouvait infliger le Parquet.
Noroxo, qui a sans surprise fait appel, a finalement été condamné par la Cour d'appel de Douai à 225.000 euros d'amende en septembre 2014. L'entreprise GE Water a quant à elle été relaxée.
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Quid de la friche ?
À l'issue de ce procès, les familles des victimes ont chacune obtenu 300 euros d'indemnités. Un montant jugé inacceptable et insuffisant, ne couvrant même pas les dépenses engagées pour mener à bien cette bataille judiciaire. Me Sylvie Topaloff, avocate des parties civiles, soulignait alors que les faibles indemnités accordées aux victimes, ne "(leur) donnent pas les moyens d'être défendues comme elles le souhaiteraient".
Au total, 86 personnes ont été touchées par cette infection entre décembre 2003 et janvier 2004. Certains et certaines continuent leur combat en mémoire des 18 morts de l'usine, mais aujourd'hui, le débat se porte surtout sur l'avenir de la friche de Noroxo, polluée aux hydrocarbures, toujours debout à Harnes malgré les deux décennies qui se sont écoulées.