La FSU, FO, la CGT et l'UNEF ont dénoncé ce mercredi dans une lettre ouverte adressée au ministre de l'Intérieur Christophe Castaner une "politique préfectorale d'intimidation" après les interdictions, changements de parcours et "interventions violentes" visant les manifestations lilloises.
Affirmant que les dégradations constatées lors des manifestations lilloises contre la réforme des retraites (bris de vitrines, de panneaux publicitaires ou d'abribus) émanent d'un "groupe de personnes non identifiées", ces quatre syndicats s'interrogent sur l'action des forces de l'ordre.
"Notre service d'ordre de la manifestation isole le cortège syndical de ce groupe d'individus", écrit l'intersyndicale. "Facilement repérables, ces individus ne font l'objet d'aucune intervention de la police pourtant massivement présente", déplore-t-elle. "Les casseurs continuent à casser sans être inquiétés".
Flambeaux interdits
Les syndicats estiment ensuite que la Préfecture a pris prétexte de ces incidents pour imposer "des changements de parcours" et reléguer les manifestants "dans des artères où nous sommes peu visibles". Ils soulignent en outre que, le 23 janvier, Lille était "la seule ville de France" à se voir interdire les flambeaux par arrêté préfectoral.
Les quatre organisations regrettent également que les forces de l'ordre soient, "à plusieurs reprises, intervenues violemment, y compris contre les têtes syndicales, dans des rues et à des moments où aucune violence ne se produisait". "Il nous devient difficile, au vu de tout cela, de ne pas croire à une politique préfectorale d'intimidation dans le but de vider les cortèges de manifestants, voire de restreindre abusivement l'exercice du droit de manifester", concluent-elles.
"Le préfet met dans le même sac casseurs et manifestants"
Les trois organisations demandent au ministre de l'Intérieur de "veiller à ce que le droit de manifester soit pleinement respecté à Lille comme il devrait l'être". Mercredi, plusieurs milliers de manifestants se sont encore réunis à Lille. Le parcours habituel ayant une nouvelle fois été interdit par la préfecture, le cortège a emprunté un itinéraire alternatif, loin du centre-ville.
"La gestion des manifestations est plus que problématique", a estimé Catherine Piecuch, secrétaire de la FSU pour le Nord et le Pas-de-Calais, présente dans le cortège. "Le préfet met dans le même sac casseurs et manifestants". "Tout n'est peut-être pas fait pour sécuriser le parcours", a-t-elle souligné, expliquant que les représentants des syndicats étaient eux-même "allés voir un chantier pour leur dire de fermer", et éviter que des casseurs ne prennent du matériel.