Le Collectif Mormal est inquiet. Le grand cerf "Captain Hook" serait menacé par l'ouverture de la chasse. Une inquiètude touchante mais infondée pour l'ONF.
Est-ce la dernière fois que l'on entend Captain Hook brâmer à la tombée de la nuit ? Les bénévoles du Collectif Mormal craignent la ré-ouverture de la chasse, comme l'ont rapporté nos confrères de la Voix du Nord. "Des chasseurs m'ont appelés pour me demander si on validait le fait de tuer Captain Hook cette année. Mais c'est absurde ! Ce n'est pas notre rôle !", déplore Jean-François Hogne, à la tête du collectif.
Depuis des années, il défend corps et âme la belle forêt de Mormal. Ses arbres et ses résidents... En 2010, 50 grands cerfs habitaient la forêt. En 2013, ils n'étaient plus que 25 selon lui. Un chiffre inquiétant. "En trois ans, les chasseurs ont obtenu l'autorisation de tuer la moitié des grands cerfs présents. Aujourd'hui, ce sont les seuls de la région et ils ont besoin d'être protégés", poursuit Jean-François Hogne.
Ce rôle de protection revient à l'ONF, qui autorise (ou pas) chaque année le droit de tuer un certain nombre de grands cerfs. Dans le jargon, on appelle ça des droits de prélever, qui se concrétisent par la distribution de bracelets à apposer sur les animaux abbatus. "Il y a un intérêt financier pour l'ONF. Les grands cerfs sont très attractifs pour les chasseurs, donc ils sont prêts à payer cher pour avoir le droit d'en tuer", soupire Jean-François Horgne. D'après lui, les amateurs peuvent payer jusqu'à 350 euros par journée de chasse. "Et la location de lots monte jusqu'à 700 000 euros."
Effectivement, l'ONF détient un des 7 lots de la forêt. Mais Eric Marquette, directeur d'agence à l'ONF, nie tout conflit d'intérêt. "Notre but n'est pas d'appauvrir la forêt. D'ailleurs les chasseurs eux-mêmes ne demandent pas à ce qu'un nombre important d'animaux soient prélevés, car cela voudrait dire qu'il n'y en aurait plus les années suivantes. Ce serait tuer la poule aux oeufs d'or", explique le responsable.
Captain Hook, un dominant
Si le Président du collectif assure qu'il n'est pas "contre" le principe de la chasse, il estime que cibler un animal en particulier est contre la philosophie du Collectif, surtout au vu des raisons avancées. "On m'a dit qu'ils voulaient tuer Captain Hook parce qu'à cause de sa génétique, il n'ira jamais au-delà de 10 cors. C'est vrai mais ce n'est pas un bon motif", explique Jean-François Horgne, qui poursuit : "Captain Hook est un dominant, il a un rôle social très intéressant parce qu'il se met en concurrence avec les autres mâles. Il est stiumlant, c'est un exemple pour les jeunes."
Mais si l'on en croit Thibaud Lombart, responsable chasse au sein de l'ONF, il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour Captain Hook en particulier. "On ne gère pas la population à un animal près. Les indications du Collectif ne reposent sur aucune base scientifique", entame Thibaud Lombart. "Chaque année, on délivre un nombre de bracelets pour les chevreuils, les cerfs et les daims. L'objectif c'est de trouver un équilibre, notamment pour limiter la pression de la flore. Plus on a d'animaux, plus on va appauvrir la forêt", poursuit-il.
En effet, dans la décision rendue par le Préfet, on trouve un nombre de bracelets en fonction de 3 catégories. En clair, cette année les chasseurs auront le droit de prélever (au maximum) dans la forêt de Mormal 16 cerfs mâles, 24 biches et 24 jeunes. Sans mention particulière à tel ou tel animal. "Evidemment, les chasseurs seront plus intéressés par un animal ou par un autre parce qu'ils veulent le tuer et le mettre dans leur salon. Mais nous, on raisonne de manière scientifique. La forêt a besoin que les chasseurs un nombre délimité d'animaux, peu importe lequel. Ce qui compte, ce sont les catégories : mâles, femelles, jeunes", précise Eric Marquette, tout en comprenant "le lien affectif" du Collectif Mormal et des photographes aux animaux qu'ils connaissent bien.
Respecter la loi
En clair, "Captain Hook" n'est pas menacé directement, mais pourrait bien faire partie des victimes de cette nouvelle saison de chasse, qui débute le 15 septembre. Un besoin vital pour l'écosystème, assurent les représentants de l'ONF. "Ce qu'on recherche, c'est l'équilibre entre les capacités de la forêt et la densité d'animaux. Les plus âgés ont de toutes manières vocation à laisser la place aux plus jeunes", conclut Eric Marquette.
Faut-il encore que les chasseurs respectent les proportions fixées par l'ONF et la Préfecture. L'an dernier, un grand cerf avait été retrouvé décapité. La tête de l'animal avait été cachée. "Ce jour-là, les chasseurs se sont conduits comme des braconniers", raconte Jean-François Horgne. Une enquête a été ouverte, la tête retrouvée : l'affaire est désormais entre les mains d'un juge.
La chasse en quelques dates
17 septembre : ouverture de la période de la chasse dans le Nord6 novembre : première journée de chasse organisée par l'ONF dans la forêt de Mormal
21 février : dernière journée de chasse organisée par l'ONF
28 février : fin de la période de chasse dans le Nord