Jeanfi Janssens se livre dans l'émission "Vous êtes formidables". L'humoriste, originaire de Maubeuge, fait son retour sur scène avec son deuxième one-man show, "Tombé du ciel !", à voir dans le Nord au printemps 2024. Il y raconte son arrivée inattendue dans le show-biz et les conséquences sur sa vie de Parisien gay de 50 ans, célibataire avec son chat. Interview.
Après une grande tournée en France dans la pièce de théâtre de Laurent Ruquier Un couple magique, Jeanfi Janssens revient sur scène avec son deuxième one-man show, actuellement en rodage dans les petites salles. L'humoriste du Nord, qui fête ses 50 ans, répond à nos questions et parle show-biz, célibat, amour de son chat, communauté gay, éducation catholique... Tout y passe !
De quoi parle votre nouveau spectacle ?
De moi, comme d'habitude ! (Rires.) Enfin, de moi et de ma famille... En gros, le pitch du premier, c'était : "Je n'étais pas attendu dans les avions, ma mère non plus". Cette fois, c'est : "Je n'étais pas attendu dans le show-biz, ma mère non plus" !
Ça s'appelle Tombé du ciel ! On n'a aucune garantie de succès quand on se lance dans une carrière d'artiste, pour moi, ça a marché et c'était inattendu. Le titre m'a paru évident, avec ce clin d'œil au ciel. J'y ai passé beaucoup de temps et maintenant, j'arrive sur Terre !
Voir cette publication sur Instagram
Je parle beaucoup plus de moi, je m'éloigne du personnage que j'avais créé en tant qu'ancien steward. J'évoque ma scolarité dans un pensionnat catholique, mes cinquante ans, ma ménopause, mes lunettes de vieille, mes aventures gay d'un soir, ma chatte Duchesse...
Je réalise que je suis devenu tout ce que je ne voulais pas être, un vieux pédé avec sa chatte ! (Rires.) D'ailleurs, je le dis tel quel dans mon spectacle. Je raconte ce que la notoriété a changé dans ma vie et dans celle de ma mère. À Beaufort, elle est devenue la reine du village !
Vous avez l'impression d'être attendu au tournant ?
C'est vrai qu'au début j'étais un peu stressé, parce que je sais qu'on m'attend sur mon deuxième spectacle. Certains sont dubitatifs et se demandent ce que j'ai encore à dire... Mais finalement je suis ravi, les spectateurs sont contents, donc moi aussi.
Qui est la personne qui vous a donné envie d'être humoriste ?
Mais c'est ma mère, justement ! Parce qu'elle faisait rire les gens quand j'étais petit. Elle a beaucoup d'autodérision, et elle m'a transmis cette qualité. C'est la meilleure humoriste du monde ! En fait, c'est ma muse. Je trouve qu'elle est toujours universelle dans ce qu'elle dit donc, si je veux un sketch, il suffit que je passe une journée avec elle et c'est bon, j'ai un sketch.
Et quand je lui lis, si elle rigole, c'est qu'il marchera. Si elle ne rit pas, c'est que je dois le réécrire d'une autre façon parce que si elle n'a pas compris, les gens ne comprendront pas. Ma mère, c'est un baromètre... Bon, un gros baromètre, hein ! (Rires.)
Voir cette publication sur Instagram
Comment se passe le rodage du spectacle ?
Je n'aime pas ce mot, parce que je ne suis pas une voiture. Disons que je viens demander leur avis aux gens. J'aime bien les petites salles parce que dans les grandes, c'est vrai qu'on a un mur d'énergie, mais on ne voit pas les gens.
Là, j'ai la réaction immédiate, je parle avec eux, ça me permet d'improviser et comme c'est intimiste, le public a le sentiment de vivre un moment privilégié. En fonction de ce qui a marché ou pas, je retaille tous les soirs avec le metteur en scène.
Il vous arrive de supprimer des sketches ?
Disons que je laisse trois chances à une vanne. Le premier soir, si elle ne passe pas, je me dis qu'elle est mal tournée donc je la réécris. Si avec une nouvelle formulation, elle ne passe toujours pas, je la réécris différemment. Et si elle ne passe toujours pas, là, c'est qu'on n'est pas d'accord, le public et moi. Et à la fin, c'est le public qui a raison, ce n'est pas moi.
Qui est votre humoriste préféré ?
Dans les actuels ? Je dirais les classiques, je suis toujours fan de Muriel Robin et de Florence Foresti. J'aime bien les humoristes femmes.
Le film le plus drôle ?
C'est un film que j'ai vu dernièrement, Menteur, de Tarek Boudali. Je ne connaissais pas ce film, je l'ai découvert cet été, un soir de canicule. J'étais tout seul à la maison avec la chaleur et ma chatte et j'ai regardé ce film, j'ai ri du début à la fin. En fait, il raconte des mensonges et tous ses mensonges se réalisent.
Quelle est la blague qui vous fait le plus rire ?
Bêtement, c'est les histoires de blondes. Tu veux que je t'en raconte une ? C'est deux blondes, elles discutent, et il y en a une qui dit à l'autre : "T'as vu, t'as deux chaussettes de couleurs différentes !" et l'autre répond : "Oh, m'en parle pas, j'en ai deux paires comme ça !" Voilà, c'est tout. Ça, ça me fait rire. Beaucoup.
Avec quoi ne vous autorisez-vous pas à plaisanter ?
C'est la bonne question, parce que je me suis souvent demandé si on devait se censurer, par rapport à l'époque dans laquelle on vit. Moi, j'ai toujours refusé de le faire. Les communautés se referment un peu entre elles en ce moment, parce que le monde ne va pas bien. Donc je ne me moque pas des autres communautés, uniquement de la mienne. Si je veux me moquer des gays, je peux.
Voir cette publication sur Instagram
Question piège : quel est votre public préféré ?
Ouh, je crois que c'est à Las Vegas ! (Rires.) Mais non, c'est évidemment celui du Nord, d'ailleurs j'ai fait la captation du premier spectacle à Lille. Le Nord, c'est un réservoir d'humoristes et de Miss France, c'est la beauté rigolote ! (Rires.) Quand quelque chose marche, les gens du Nord sont fiers et le poussent. Ça, je l'ai toujours ressenti ici, que les gens me poussaient en avant.
Il y a une ferveur que je ne retrouve pas ailleurs, même si dans d'autres régions aussi, il y a des gens qui m'aiment bien, ici c'est autre chose : ils se réjouissent pour moi.
Qui vous fait le plus rire aux Grosses Têtes sur RTL ?
Allez, je vais être fayot. Laurent Ruquier me fait beaucoup rire, parce que je trouve qu'il a le sens de l'à-propos et de la repartie. J'aime bien les gens qui sont capables de faire des jeux de mots, et très vite. Moi il faut que je réfléchisse et que je prenne des notes sur un papier. Sinon, Bernard Mabille me fait beaucoup rire, Chantal Ladesou aussi... Il y en a plein, en fait, qui me font rire. C'est le principe de l'émission, d'ailleurs ! Non ?
Voir cette publication sur Instagram
Si on vous le proposait, est-ce que vous participeriez à l'émission LOL : qui rit, sort ! présentée par Philippe Lacheau sur Amazon Prime Vidéo ?
Oh... En fait, je ne l'ai pas beaucoup regardée, je n'ai vu que la première émission et j'ai trouvé que le concept était bien... Oui, pourquoi pas... Mais pourquoi vous me demandez ça ? Par rapport à la polémique qu'il y a eue avec Blanche Gardin ? Qu'est-ce que c'est que cette question orientée ? (Rires.)
Oui, je pense que j'irais, parce que j'aime bien faire des émissions marrantes à la télé, même quand je ne suis pas en promo. On ne va pas à la télé que quand on a des choses à vendre, madame ! (Rires.) On y va aussi parce que ça fait plaisir de faire rigoler les gens, et pour s'amuser. Et puis moi, je suis tout beau à la télé, alors il faut que j'en fasse, comme ça après je fais mes photos de profil avec les captures d'écran.
D'autres projets en cours ?
J'aimerais bien être une femme pour savoir faire plusieurs choses à la fois ! Moi, je suis monotâche. Donc là, c'est le spectacle, qui me prend tout mon temps et après il y aura le film.
Le film ?
C'est un film sur la vie des sanitaires à travers les âges. Non, c'est pas vrai. (Rires.) Ce n'est pas autobiographique, mais c'est inspiré de ma vie, une espèce de road-movie avec un enlèvement et des thèmes actuels, comme le don d'organes, la GPA... C'est une comédie, alors ça déménage !
En attendant le tournage de son film, Jeanfi est en tournée avec Tombé du ciel ! et sera au Pont de singe à Arras les 11 et 12 janvier 2024. C'est déjà complet mais d'autres dates sont prévues dans la région : le 10 mars 2024 à La Bassée, le 14 avril à Arques, le 25 mai à Woincourt et le 26 à Hirson.
À noter qu'il sera au Grand Point Virgule à Paris pendant trois mois à partir du 18 janvier 2024, les jeudis, vendredis et samedis à 19h et les dimanches à 17h, avant une programmation dans les grandes salles françaises.
À cette occasion, le documentaire que lui consacrent David Djaoui, Frédéric Alberge et Jean-Philippe Argento, Jeanfi ne perd pas le Nord, sera rediffusé le 11 janvier 2024 à 22h50, puis le 18 janvier à 23h50 sur France 3 Hauts-de-France.