Salariés de l'usine MCA, élus, habitants... la mobilisation a rassemblé des milliers de personnes pour dire non au plan d'économies prévu par le groupe Renault."Défendons nos emplois, non au transfert de l'usine de Maubeuge à Douai" ont scandé les manifestants.
Plusieurs milliers de personnes - 8000 selon les syndicats - étaient rassemblées samedi matin devant l'usine MCA de Maubeuge (Nord), à l'arrêt depuis vendredi, pour manifester contre la décision de Renault de supprimer 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France. Les manifestants ont entamé peu après 10H00, à l'appel de l'intersyndicale de l'usine (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Sud), une marche partant du site pour rejoindre l'hôtel de ville de Maubeuge, à environ 6 km de là.
L'usine MCA, qui emploie environ 2.100 personnes tous statuts, est à l'arrêt depuis vendredi matin. La direction du constructeur, en difficulté, envisage le transfert de production des utilitaires électriques Kangoo à Douai - environ 2.900 employés - , à environ 70km de là, qui hériterait d'une nouvelle plateforme.
"C'est un séisme"
"C'est un séisme qui est en train de se passer. Nous voulons garder notre entreprise ici. Aujourd'hui cette manifestation est très importante, même si ce n'est qu’une première étape, pour montrer au gouvernement et à Renault que les salariés et les habitants de cet arrondissements sont attachés à cette entreprise et qu'on es soutenus. On a besoin de ces emplois, sinon c'est un territoire complet qui va mourir!", a déclaré Jérôme Delvaux, secrétaire du syndicat CGT-MCA.
Les milliers de manifestants avancent calmement vers la mairie de Maubeuge. #MCA #Renault pic.twitter.com/3vCY3ICRSk
— France Bleu Nord (@fbleunord) May 30, 2020
"On nous a annoncé qu'on était la meilleure usine d'Europe qu'on avait rien à craindre, et aujourd'hui on nous dit qu'on va fermer pour tout mettre à Douai? On ne peut pas laisser ça partir...", s'indignait de son côté Jean-Marc Pelleriaux, 61 ans, formateur en zone retouche, membre de la CGT. Un autre salarié affiche son incompréhension. "Aujourd'hui, j'ai un sentiment d’injustice tout simplement. On est une usine performante, qui est reconnue par le groupe Renault. Beaucoup d’autres sites viennent nous voir, viennent copier nos méthodes de travail, viennent voir comment on arrive à dépasser les objectifs fixés par Renault..."
"Ils ne cassent pas qu'une usine, mais toute une région..."
"Ici, ce n'est pas un coeur que j'ai, c'est un losange...", lâche, ému, Jean-Marc Pelleriaux, un formateur en zone retouche, la main sur la poitrine. Sur les pancartes ou au dos des gilets, les messages suggèrent le lien qui unit l'usine à la population.
"Avec tous les efforts consentis, je passe presque plus de temps avec mes collègues qu'avec ma propre famille. C'est ma deuxième famille (...)", confie Gabriel Lemaire, agent de fabrication. "MCA, c'est 21 ans de ma vie. A 48 ans, je retrouve quoi derrière? Dans la région, il n'y a plus rien, ils ont déjà tout cassé". "Là, ils ne cassent pas qu'une usine, mais toute une région...", ajoute-t-il. Mais "tant qu'on ne lâche pas, il y a de l'espoir", veut-il croire, se disant déterminé à bloquer l'usine. "Je vais perdre de l'argent, mais eux beaucoup plus. S'ils veulent l'avoir, il faudra nous passer dessus avant."
Énorme mobilisation aujourd'hui de la population et des salarié-es de l'usine Renault de Maubeuge qui se battent pour la sauvegarde des emplois et de l'industrie
— En Marx ! (@TeamEnMarx) May 30, 2020
Force à eux !
??pic.twitter.com/P9ibTFeWDj
Pour Gérard Dacosse, un habitant de la région, "on déshabille Pierre pour habiller Jacques". "Si MCA disparaît, c'est toute l'économie locale qui va succomber parce qu'énormément d'entreprises en sont dépendantes", se désole-t-il, se disant "très
attaché" à cette usine, qu'il a vu construire en 1971.
"Non au transfert"
"Le Kangoo doit rester à MCA", "Défendons nos emplois, non au transfert de l'usine de Maubeuge à Douai", "Senard: trahison, Macron: tiens ta parole !", pouvait-on lire sur les banderoles. "C'est pas le patronat qui fera la loi, la vraie démocratie elle est ici!", scandaient aussi les manifestants, dont la quasi-totalité portait un masque pour ce premier rassemblement d'une telle ampleur depuis la fin du confinement.
De nombreux élus avec écharpe tricolore défilaient également dans le cortège. Parmi eux, Xavier Bertrand, président
de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (ex-LR), le sénateur socialiste Patrick Kanner ou encore le député PCF Fabien Roussel.Mardi, quelque 250 personnes -élus, syndicalistes et salariés de l'usine MCA de Maubeuge (Maubeuge construction automobile) s'étaient déjà mobilisés. "Le combat ne fait que commencer", estime le maire DVD de Maubeuge, Arnaud Decagny.
MOBILISATION GÉNÉRALE !
— Benjamin Saint-Huile (@BSaintHuile) May 28, 2020
Nous sommes tous des Enfants de MCA!
Sambre Avesnois en danger!!
Nous comptons sur vous.#Renault #MCA @AggloMaubeuge @EmmanuelMacron
MERCI DE PARTAGER pic.twitter.com/c6yuY2pnnp
Prochaine étape : une réunion mardi matin à Bercy entre représentants syndicaux, élus locaux, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le patron du groupe, Jean-Dominique Senard.