Migrants. "A aucun moment, la situation ne nous a échappé", selon le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord

Après une année 2022 marquée par une forte hausse des tentatives de traversées par des migrants, c’est l’heure du bilan pour le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, en déplacement dans le Pas-de-Calais.

Avec l’hélicoptère Dauphin – maillon essentiel de la chaîne des secours de sauvetage en mer – en arrière-plan, le vice-amiral d’escadre Marc Véran, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, dresse le bilan d’une année 2022 marquée par une forte hausse des tentatives de traversée par des migrants. "En un an, le nombre de tentatives est passé de 36 000 à 52 000", constate-t-il. "Nous faisons face à des embarcations toujours plus grosses et inadaptées à ces tentatives, encore plus en hiver."

Pour répondre à cette hausse, le Secrétariat général de la Mer, qui dépend de la Première ministre Elisabeth Borne, avait annoncé fin novembre dernier un dispositif de sauvetage pour les migrants. Deux patrouilleurs supplémentaires devraient ainsi être affrétés courant mars. En attendant, la Marine nationale, la douane et les affaires maritimes vont déployer deux autres navires pour prêter main forte.

Jusqu'à 300 appels par nuit au CROSS Gris-Nez

Outre ce dispositif, le préfet maritime précise que les effectifs du CROSS Gris-Nez – le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage – ont augmenté de 30% pour absorber l’ensemble des appels, "qui saturent le centre".  

Jusque-là, une cinquantaine d’opérateurs prenaient en charge les appels de secours, "entre 200 et 300 appels par nuit quand il y a des traversées", explique Olivier Drevon, directeur du CROSS Gris-Nez. Pour le préfet maritime, il s’agit de "réduire la charge mentale des opérateurs", en expérimentant notamment des drones aériens pour distinguer les vraies urgences des faux appels.

"Dans une eau à 10 degrés, une personne normalement constituée va tomber en hypothermie au bout de 15 minutes et décéder au bout de 1h30. Vous imaginez bien que si on reçoit dans ce même temps des appels pour tout et n’importe quoi, cela met en péril cette personne dans l’eau, et cela, ce n’est pas acceptable".  

Vice-amiral d’escadre Marc Véran, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord

"L'obligation de résultat, on ne l'a pas"

Alors qu’une enquête judiciaire sur les circonstances du naufrage du 24 novembre 2021 est en cours, Marc Véran estime que ce drame, qui a coûté la vie à 27 migrants, a occasionné une remise en cause complète de l’ensemble des moyens de la préfecture maritime. "On est tous peinés, mais à aucun moment la situation ne nous a échappé", assure-t-il. "C’est comme si vous faisiez du hors-piste et déclenchiez une avalanche : les sauveteurs vont tout faire pour vous sauver, mais ils n’y arriveront peut-être pas. Nous, c’est pareil. L’obligation de résultat, on ne l’a pas."   

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, plus de 8300 personnes ont été secourues en mer en 2022.  

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