Selon les dernières estimations de l’Insee, la baisse de la population dans la région se confirme lentement. À cela, plusieurs explications : l’accroissement naturel reste historiquement bas et le déficit migratoire s’accélère. Seul le département de l’Oise tire son épingle du jeu.
Une région vieillissante et une natalité en baisse. Les chiffres du bilan démographique 2023, dévoilés par l’Insee, Institut national de la statistique et études économiques, mardi 9 avril, confirment la tendance amorcée depuis 2020. Les Hauts-de-France perdent des habitants. Au premier janvier 2024, 5,98 millions de personnes résident dans la région, un chiffre en baisse de 0,2 % en quatre ans, alors que la France métropolitaine enregistre une hausse de 1,3 %.
Naissances : une chute record
La région enregistre 60 300 naissances en 2023, soit 3 800 de moins qu’en 2022. Cela correspond à une baisse de 6 %. Une chute record qui s’observe dans tous les départements des Hauts-de-France ainsi qu’à l’échelle nationale (-7 %). D’après le bilan de l’Insee, deux effets peuvent expliquer ce phénomène. Les maternités sont de plus en plus tardives. L’âge moyen a augmenté de près de deux ans en vingt ans. Il était de 28,7 ans en 2004. Il est désormais de 30,3 ans.
On observe également une diminution du nombre d’enfants par femme. La région avait une fécondité assez forte, au-dessus de la moyenne nationale, mais, depuis dix ans, elle rejoint les standards nationaux. Depuis 2014, on enregistre 1,7 enfant par femmes. "La région suit une tendance globale et tous ces phénomènes s’expliquent par une modification progressive des modes de vie. Les études sont de plus en plus longues et les femmes attendent avant d’envisager une maternité. La baisse de la fécondité peut s’expliquer par le contexte économique, géopolitique et environnemental", indique Thibault Decruyenaere, directeur adjoint de l’Insee Hauts-de-France.
Le vieillissement de la population s’accélère et la pyramide des âges se transforme. Ce qui explique la diminution du nombre de femmes en âge de procréer. En vingt ans, leur nombre a baissé de 11 % dans les Hauts-de-France, bien plus qu’en France métropolitaine, où ce chiffre est réduit de 4 % depuis 2003.
Moins de décès
En hausse depuis la période du Covid, le nombre de décès a chuté de 6 % en 2023, avec 56 630 personnes décédées dans les Hauts-de-France, soit 3 900 de moins qu’en 2022. Cette baisse est enregistrée pour la troisième année consécutive après un pic lié à la crise sanitaire et aux épisodes de canicule importants. Mais le niveau des naissances et des décès ayant reculé dans les mêmes proportions en 2023, le solde naturel est historiquement bas.
Dans l’Aisne, le Pas-de-Calais et la Somme, les décès sont plus nombreux que les naissances. L'Aisne et la Somme enregistrent 700 décès de plus que le nombre de naissances. Le Pas-de-Calais est le département le moins excédentaire avec 915 décès de plus que les naissances. Seuls les départements du Nord (27 545 naissances et 23 088 décès) et de l’Oise (8 551 naissances et 7 030 décès) ont un excédent naturel.
Mais il faut nuancer cette tendance, car les Hauts-de-France sont une des rares régions de France métropolitaine, avec l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes, à bénéficier d’un excédent naturel. Ce dernier reste toutefois très loin du niveau atteint vingt ans plus tôt, en 2003. Les Hauts-de-France enregistraient environ 30 000 naissances de plus que de décès, soit un excédent naturel dix fois plus élevé.
Une meilleure espérance de vie
Bonne nouvelle : l’espérance de vie dépasse désormais son niveau de prépandémie. Elle s’élève, en 2023, à 84,2 ans pour les femmes et à 78,1 ans pour les hommes. La région a un écart de deux ans avec la moyenne nationale puisqu’en France métropolitaine, l’espérance de vie se situe à 85,7 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes. Mais, encore une fois, l’Oise est en bonne position. Les femmes vivent en moyenne 84,7 ans et les hommes, 79,5 ans.
En revanche, le Pas-de-Calais est à la traîne avec un an d’espérance de vie en moins pour les femmes du département (83,8 ans) et plus de deux ans de moins pour les hommes (77,3 ans). "Cette différence entre les départements s’explique par la proportion plus importante de cadres et professions intermédiaires dans l’Oise et d’ouvriers dans le Pas-de-Calais. En effet, la pénibilité du travail entraîne une espérance de vie moindre", relève le directeur adjoint de l’Insee des Hauts-de-France.
Plus de départs que d’arrivées
Le solde naturel, pourtant toujours positif dans la région en 2023, avec 3 670 naissances de plus que le nombre de décès, ne suffit plus à compenser le déficit migratoire. L’année dernière, 6 300 personnes ont quitté la région Hauts-de-France. Les départements de l’Oise et du Nord sont les seuls à voir leur population augmenter. Ils bénéficient de l’attraction de la capitale et de la grande métropole de Lille. "Ce sont des départements plus jeunes que les autres. Les jeunes ménages s’installent encore dans l’Oise et travaillent à Paris", indique Thibault Decruyenaere, qui ajoute que ce déficit migratoire dans la région n’est pas nouveau. "On a une tradition déficitaire des Hauts-de-France. La région est peu attractive, car le marché du travail est moins dynamique."