La région du Bassin Amiénois connaît des projections démographiques contrastées, avec une tendance à la baisse généralisée, excepté dans la couronne amiénoise où une augmentation est prévue. L'arrivée imminente du barreau Creil-Roissy pourrait-elle redessiner cette carte démographique ? Quel impact ce nouvel axe de transport pourrait-il avoir sur les prévisions de population dans la région ?
Les projections démographiques actuelles pour le Bassin Amiénois laissent entrevoir une tendance à la baisse générale de la population. Ce déclin démographique est amorcé dans les franges du pôle métropolitain du Grand Amiénois (PMGA) depuis les années 2010. Malgré les efforts des politiques publiques pour limiter l'étalement urbain et encourager le développement des territoires urbanisés, la croissance modérée prévue jusqu'en 2033 laisserait ensuite place à un déclin, notamment sous l'effet du vieillissement de la population. En 2050, la population du pôle métropolitain du grand Amiénois devrait être moins élevée qu’aujourd’hui, selon une étude publiée par l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Seule la couronne amiénoise, composée de villes comme Flixecourt, Villers-Bretonneux, Conty, Corbie verra sa population augmenter.
"Le vieillissement de la population explique une partie de cette évolution démographique qu’il faut mettre en regard avec l’évolution du nombre de ménages, c'est-à-dire du nombre de personnes qui occupent le même logement. Ce nombre de ménages quant à lui progresserait jusqu’en 2039, fortement en début de période, et ensuite diminuerait. Cela s’explique par le vieillissement de la population qui induit des tailles de ménage de plus en plus petites et dans le même temps les modes de vie changent car il y a des ruptures plus fréquentes et des unions qui interviennent plus tard dans le temps" explique Hugues Horatius-Clovis, directeur de l’INSEE Amiens.
L'impact potentiel du barreau Creil-Roissy
Cependant, l'avenir démographique du Bassin Amiénois pourrait être influencé par l'arrivée en 2026 du barreau Creil-Roissy.
Ce projet de liaison ferroviaire directe entre le sud des Hauts-de-France, le nord-est du Val-d'Oise et la gare d'Aéroport Charles de Gaulle 2 TGV ouvre de nouvelles perspectives en matière d'emploi en Île-de-France pour les habitants de la région.
"Une hypothèse exploratoire pourrait consister à évaluer l’effet pour le pôle amiénois d’une réduction de son déficit migratoire avec l’Île-de-France à partir de 2030 pour atteindre une situation d’équilibre en 2050. Cette dynamique serait portée par les 25-49 ans et leurs enfants. Même sous cette hypothèse forte, la population du pôle urbain amiénois sur la période 2030-2050 diminuerait (-1,6 % contre -2,4 % dans le scénario tendanciel).
La hausse du nombre de ménages sur cette période passerait de +0,8 % à +1,4 % soit 600 ménages supplémentaires en 2050 par rapport au scénario tendanciel" peut-on lire sur la publication de l’INSEE. Un impact limité donc.
Des perspectives incertaines
Les statisticiens de l’INSEE soulignent cependant l'incertitude autour de l'impact précis de cette nouvelle infrastructure.
Des variables telles que la fréquence des trains, les modalités de desserte et l'évolution du télétravail pourraient influencer significativement l'attrait de la région pour de nouveaux habitants.
De plus, établir des prévisions démographiques précises reste complexe, étant donné le caractère hypothétique de nombreux scénarios.
En somme, si le barreau Creil-Roissy représente une opportunité pour la Picardie, et le Bassin Amiénois en termes d'emploi et de connectivité, son impact sur la démographie régionale demeure sujet à des conjectures.
Les prochaines années seront déterminantes pour évaluer les changements concrets que cette nouvelle liaison pourrait engendrer dans la région, et adapter en conséquence les politiques publiques.