Le contrôle obligatoire du pass sanitaire dans les centres commerciaux du Nord devait commencer ce mercredi 24 août. Il a finalement été repoussé à une date ultérieure à la dernière minute.
"On salue la décision du contrôle du pass sanitaire, mais on aurait voulu des informations en temps réel", lance Gildas Feldmann, directeur du centre commercial Cora de Coudekerque-Branche.
Peu de gérants et directeurs de centres commerciaux ont été prévenus à temps du rétropédalage préfectoral concernant la mise en place du contrôle obligatoire du pass sanitaire. "La mesure a été suspendue via un tweet de la préfecture, regrette le directeur. Quand ils voulaient l'instaurer, on a été convoqués à une réunion, mais pour le retirer, on n'a pas eu une seule communication directe. Ne pas prévenir, je trouve ça plus que maladroit. "
⚠️ Au regard du constat, de l’évolution de la situation sanitaire sous la forme d’un plateau descendant, la date de mise en œuvre sera réévaluée au vu de la prochaine actualisation des données sanitaires. https://t.co/8HcMzwAU38
— Préfecture de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) August 24, 2021
Il n'est pas le seul à avoir été pris de court. "D'autres collègues ont fait venir des personnes de région parisienne pour assurer la filtration à l'entrée, et ils ont appris ça ce matin. Ces gens-là sont en sursis." A Lillenium, par exemple, 7 nouveaux vigiles ont été embauchés pour filtrer l'entrée.
"On a une grosse crainte sur l'activité commerciale"
Pour Gildas Feldmann, le pass sanitaire et son contrôle ne posent pas de problèmes, dans le principe. Mais il se soucie déjà des surcoûts financiers pour organiser le contrôle des clients. "On a également des baisses d'activités importantes, des collègues d'autres régions qui les subissent déjà à hauteur de 40% pour certains. On a une grosse crainte sur l'activité commerciale".
Jérémy Marciano, propriétaire d'un magasin de lunettes au sein de Lillenium, à Lille, rapporte que "selon les dires de nos confrères qui sont situés dans d'autres centres commerciaux de la région, il y a une baisse de fréquentation, entre 30 et 40%." En termes de chiffre d'affaires "on est plutôt autour de 25 et 30%. Donc on va essayer de faire notre maximum pour réduire la casse."
"Beaucoup croient que le contrôle du pass sanitaire est de notre fait"
Autre crainte, l'amalgame que font (ou feront) certains clients. "Beaucoup croient que le contrôle du pass sanitaire est de notre fait, de notre foi, alors que c'est imposé par le préfet sans aucune concertation, précise le directeur du Cora. On applique les textes de loi à la lettre." Il regrette également "qu'on renvoie les clients à des surfaces où il n'y a pas de contrôle, pas de jauge, niveau concurrence, ce n'est pas logique".
"Ça met des tensions, avec des gens qui croient qu'on ne défend pas les centres commerciaux. On me dit, monsieur vous n'avez pas défendu votre affaire, on ne viendra plus. J'ai peur qu'on le paie sur le nombre", ajoute Gildas Feldmann. Si certaines surfaces commerciales en France ont tenté quelques actes de resistance, il faut rappeler qu'en cas de contrôle des forces de l'ordre, le lieu risque une fermeture administrative.
Des avis partagés chez les clients
Au centre commercial lillois Lillenium, les avis de la clientèle restent assez partagés. "C'est un peu excessif dans la mesure où on va plus faire nos courses, tout ce qui est alimentaire, je trouve ça dommage", lance une cliente dans les couloirs. Un autre, quant à lui, est d'accord avec cette mesure : "si on veut avoir des libertés, la seule liberté qu'on avait jusqu'à présent, c'est la seule chose à faire pour le moment."
"On est vaccinés donc après on présente tout simplement notre portable, explique une dame. Pour moi, je ne trouve pas qu'il y ait de contrariétés". Pour rappel, le gouvernement impose le contrôle du pass sanitaire dans les centres commerciaux de plus de 20.000 m2, dans les départements où le taux d'incidence dépasse 200. Actuellement, dans le Nord, le chiffre frôle la limite et s'élève à 186.