Les messes ont pu reprendre ce dimanche mais avec une limite de 30 personnes par église. Une mesure que les évêques avaient jugé arbitraire, le Conseil d'état avait été saisi, il leur donne aujourd'hui gain de cause : le gouvernement doit revenir "dans les trois jours" sur sa mesure.
La douche froide. C'est ce qu'ont ressenti les évêques à l'annonce du premier ministre Jean Castex, dans sa conférence de presse du 26 novembre, de limiter la jauge à 30 personnes pour la reprise des célébrations cultuelles.
A cette annonce, l'épiscopat avait saisi vendredi 27 novembre le Conseil d'Etat en déposant un recours contre cette limitation du nombre de fidèles lors des offices religieux. Il plaidait pour une jauge fixée en fonction de la taille des édifices.
Le Conseil d'état a rendu ce matin sa décision : le gouvernement doit revenir "dans les trois jours" sur sa mesure. Une victoire pour l'Eglise : les évêques contestaient cette jauge qu'ils considéraient aberrante.
"Discriminatoire et irréaliste"
L'archevêque de Lille Monseigneur Laurent Ulrich avait exprimé son incompréhension face à cette jauge imposée. "Comment ne pas s'indigner de la contrainte que cela fait peser sur les prêtres et les communautés chrétiennes ? C'est méconnaître les réalités de la pratique religieuse ou les ignorer", s'est-il exprimé dans un communiqué.Comment ne pas s'indigner de la contrainte que cela fait peser sur les prêtres et les communautés chrétiennes ? C'est méconnaître les réalités de la pratique religieuse ou les ignorer
Il appelait les "communautés qui le peuvent" à organiser "des célébrations en respectant les consignes en vigueur" mais ne préconisait pas d'empêcher l'entrée à un fidèle à cause de la jauge imposée, "on ne saurait laisser un coeur qui cherche Dieu à la porte", ajoutait-il dans son communiqué.
S'adapter
Pendant le confinement, certaines paroisses ont mis en place des messes retransmises en direct sur internet. Cette solution est encore adoptée ce dimanche car de nombreux fidèles sont des personnes à risque et préfèrent ne pas se déplacer.Pour le Père Hervé le Minez, doyen des prêtres de la paroisse de Sainte Maxellende de Caudry, ce dimanche s'est passé sans encombre et dans le respect des règles.
Pour accueillir le plus de fidèles possibles, dans la limite des 30 personnes, certaines paroisses, avaient proposé des horaires supplémentaires de messes. A Sainte Maxellende de Caudry, le nombre de messes a été doublé ce dimanche.
En enfreignant le protocole sanitaire, les paroisses risquaient une amende pour non-respect du confinement, mais aussi une fermeture du lieu de culte par les autorités.
Des paroisses en difficulté
Au delà de la reprise de la pratique religieuse, il y a aussi la question financière à prendre en compte. Qui dit moins de fidèles, dit moins de quêtes et d'offrandes et donc moins d'argent récolté dans les caisses de l'Eglise.
Depuis le printemps, le manque à gagner serait de près de 90 millions d'euros pour l'Eglise. C'est l'une des conséquences de la crise sanitaire qui met en difficulté certaines paroisses. Le denier sert notamment à l'entretien, la construction et l'aménagement des locaux paroissiaux.
Un retour à la normale devrait se faire petit à petit dès dimanche prochain puisque le Conseil d'état a donné gain de cause ce matin à l'Eglise catholique.
La Conférence des évêques de France a estimé que "le droit avait ainsi été rétabli et la raison reconnue", les représentants de la CEF ont rendez-vous à 18h avec le premier ministre Jean Castex. Ils espèrent un "vrai moment de concertation".