Pour avoir tagué des panneaux publicitaires, Alessandro Di Giuseppe, membre du Collectif lillois Les déboulonneurs, était poursuivi par la justice. Condamné deux fois, il a toujours refusé de les payer; Il vient d'obtenir la relaxe pour ces actions qu'il qualifie de désobéissance civile.
L’affaire commence le 25 mars 2018, journée mondiale contre la publicité. Le collectif lillois Les Déboulonneurs, actif depuis 2006, organise sa 100e action de désobéissance civile. "On voulait faire une opération de grande envergure, symbolique, marquer le coup. Nous avons inscrit des messages sur 114 panneaux ce jour-là" se souvient Alessandro Di Giuseppe.
Ils sont une dizaine à sillonner les rues de la ville : "On sait que la publicité est dangereuse pour la santé, les études le prouvent. Elle ne sert qu’à nous faire consommer plus pour générer plus de profits", ajoute-t-il. Ce jour-là, il est contrôlé par la police vers 15 heures. Quelques mois plus tard, il se retrouve seul devant la justice.
Lors du procès, le 13 novembre 2019, il est condamné à 900 euros d’amende pour avoir "tracé des inscriptions, signe ou dessin n'ayant entraîné qu'un dommage léger". Une somme élevée pour ce type d’action. Et une surprise pour Alessandro Di Giuseppe, relaxé en 2015 pour des faits similaires, par le même tribunal. Par ailleurs, le nettoyage des panneaux a été facturé 135 euros.
À Lire aussi : Pour leur centième action, les "Déboulonneurs" s'en prennent à cent panneaux publicitaires à Lille
Cinq années de combat judiciaire
En 2021, la Cour d'appel de Douai réduit l’amende à 400 euros. L’année suivante, la Cour de Cassation casse et annule l’arrêt de la Cour d’appel de Douai… Parce qu’elle n’a pas justifié sa décision concernant l'atteinte disproportionnée à la liberté d’expression du prévenu.
Et finalement, la Cour d'Appel de Douai suit la Cour de Cassation. Alessandro Di Giuseppe est donc définitivement relaxé. "Nous ne sommes pas des délinquants, nous agissons à visage découvert, c'était une action non-violente et conviviale, pour faire avancer le débat".
" Eux s’imposent avec leurs messages politiques dans l’espace public, c’est une légitime réponse, c’est notre liberté d’expression qui a été reconnue par le tribunal »
Alessandro Di Giuseppe, membre du Collectif des Déboulonneurs, relaxé
Son avocate ajoute "Il s'agit donc d'une grande victoire pour les antipubs, qui (…) avaient toujours refusé au gré des procès successifs de payer les amendes requises contre eux. Le Collectif des Déboulonneurs agit au nom de l'état de nécessité, en ultime recours, afin de mettre en garde contre les dangers sociaux, environnementaux et sanitaires avérés ».
Alessandro Di Giuseppe est bien connu à Lille pour être aussi Pap'40 de l'Eglise de la Très Sainte Consommation, candidat aux élections municipales en 2014. Il conclut sur cette affaire "si la condamnation avait été maintenue, j'aurais été outré, nous sommes persuadés que la société civile doit se saisir de ce sujet".