Le projet de "Service express régional métropolitain" (SERM) est exposé aux habitants des Hauts-de-France, jusqu'à la fin du mois. Fréquence augmentée, nouveau réseau, à l'horizon 2040, le réseau de transport régional se transforme. Christophe Coulon, vice-président de la Région chargé des Transports, commente les contours d'un plan en cours d'élaboration.
Retards pour aller au travail, peu de TER aux heures de pointe... Pour rallier la capitale des Flandres, c'est parfois la galère. Évoqué à l'automne 2022 par Emmanuel Macron, le "service express régional métropolitain" (SERM), à l'échelle des Hauts-de-France, entend bien faciliter le quotidien des usagers aux alentours de Lille.
"Doubler l'offre de trains"
Le projet phare, c'est "une offre de TER doublée depuis et vers Lille", indique un communiqué de la Région. "Quand on va au travail, on n'a pas envie d'arriver en retard. C'est pour ça qu'on souhaite booster la fréquence de trains", présente Christophe Coulon, vice-président de la Région chargé des Transports.
Dans les prochains mois, le projet ferroviaire fera l'objet d'un appel d’offres. Des études en 2025 permettront de chiffrer plus précisément les aménagements.
D'ici à 2040, ce sont des trains en heures de pointe toutes les cinq à dix minutes qui sont annoncés en provenance de et vers Lille, le cœur économique des Hauts-de-France, sur une amplitude fixée entre 5h et 23h. Les communes concernées seront Hazebrouck à l'ouest, Béthune, Lens, Douai et Hénin-Beaumont au sud. L'idée : avoir des TER à la même fréquence qu'un tramway.
Cet ambitieux réseau de transport s'étendra aussi à des villes plus éloignées comme Dunkerque, Calais, Avesnes-sur-Helpe ou encore Cambrai, en promettant cette fois des TER toutes les quinze à trente minutes. "On veut élargir à des villes secondaires qui vont être très dynamiques à l'avenir comme Dunkerque avec l'installation des Gigafactories", commente l'élu régional aux Transports.
Un beau projet, mais à quel prix ? La Région table sur 2,5 milliards d’euros pour l'achat de 100 à 120 nouvelles rames, soit une hausse de 30% de son nombre de trains.
"C'est un modèle financier à créer. On sait que ça va coûter très cher à la collectivité. À ce jour, pour 1 300 trains, la Région débourse chaque année 700 millions d’euros tous les jours. Pour le moment, la Région n'a pas les moyens pour ce genre de service", explique Christophe Coulon.
Une nouvelle ligne et des trains qui se veulent plus verts
Un important projet est également en réflexion, celui de la création d'une nouvelle ligne de train vers le bassin minier. "Nous n'avons aucuns détails à communiquer à ce jour", indique l'élu à la Région.
Le SERM Hauts-de-France espère bien s'étendre aussi en dehors du Nord-Pas-de-Calais. Les destinations de Saint-Quentin ou encore Amiens sont concernées par cette densification du réseau ferroviaire, à l'horizon 2040.
"L'idée est aussi d'offrir un mode de transport de qualité et décarboné", enseigne Christophe Coulon. "Le train, la solution de transport la plus écologique", comme se targue la SCNF lors de ces annonces d'arrivée en gare.
Les trains seront plus verts et fonctionneront sur batterie, non pas au diesel.
Christophe Coulon, vice-président à la Région Hauts-de-France
Mais ces trains du futur, ils ressembleront à quoi ? "Ils seront plus verts et fonctionneront sur batterie, non pas au diesel. Nous envisageons de commander de tels trains autour de 2035."
Des constructions de gares à Lille et à l'aéroport de Lille-Lesquin
Si aujourd'hui il faut marcher pour rallier Lille Europe à Lille-Flandres, à l'avenir, il suffira d'emprunter un tunnel. Le SERM Hauts-de-France prévoit la création d'une gare souterraine dans le quartier d'Euraflandres à Lille. L'objectif des travaux : "Rendre traversante une gare qui est aujourd'hui en cul-de-sac. C'est un des projets qui risque de coûter le plus cher", informe Christophe Coulon.
Une autre gare souterraine devrait voir le jour. Cette fois, direction l'aéroport de Lesquin, à proximité de Lille. Celle-ci reliera la gare de Lesquin au terminal de l'aéroport.
Aujourd'hui, aucun échéancier clair concernant le SERM Hauts-de-France n'existe. “Je ne sais pas quand on peut imaginer le premier coup de pelle. Des briques de travaux vont s’additionner au fur et à mesure", insiste Christophe Coulon, vice-président chargé des Transports. Exemple sur la ligne Lille-Avesnes-sur-Helpe, où des travaux auront lieu sur la période 2025-2028.
"Nous sommes en préfiguration"
La Région Hauts-de-France, du 19 septembre au 30 octobre 2024, a sondé sa population au sujet de ces différents projets. Meilleur aménagement autour des gares, accueil voyageur systématique, prise en charge simplifiée des vélos : voilà ce qui ressort de ces consultations. La société des Grands projets, la Région, la Ville de Lille, la SNCF et la Métropole Européenne de Lille planchent sur le sujet.
Il est indispensable de moderniser notre offre ferroviaire afin de répondre aux besoins de mobilités de nos habitants.
Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-de-France en charge de Transports
"Nous sommes en préfiguration. Le chemin de fer français ne s’est pas constitué en quelques années", explique Christophe Coulon, vice-président de la Région chargé des Transports. Le SERM est un projet ancien dans les Hauts-de-France. En 2015, un débat public sur le Réseau Express Grand Lille a été lancé. "Il est indispensable de moderniser notre offre ferroviaire afin de répondre aux besoins de mobilités de nos habitants", spécifie le vice-président. Il faut ensuite attendre 2022 pour que le schéma actuel du SERM Hauts-de-France soit validé.
Cette année, en 2024, des consultations auprès des habitants de la Région ont été organisées. “Une opportunité de modernisation du réseau de transports était à saisir”, affirme le vice-président de la Région. Concernant les travaux, les premiers résultats apparaîtront dès 2028 avant une mise en place progressive de nouvelles infrastructures ferroviaires définitive à l'horizon 2040.