"On ne peut pas mettre des bus partout" : le leasing social une solution pour favoriser la mobilité dans les Hauts-de-France ?

Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le leasing social est entré en vigueur le 1er janvier 2024. Elle permettra aux ménages les moins aisés de se procurer un véhicule électrique pour 100 € par mois. Dans les Hauts-de France, où les projets d'usines de batteries électriques fleurissent, la mesure fait parler d'elle.

Rendre les véhicules verts abordables, telle était la promesse de campagne du candidat Macron lors de la présidentielle 2022. Moins de deux ans plus tard, le "leasing social" entre en piste. Cette formule permet aux ménages les moins aisés de louer une voiture électrique pendant au moins trois ans pour cent euros par mois. Attendue depuis novembre, cette mesure est opérationnelle depuis le 1ᵉʳ janvier 2024.

Toute personne qui parcourt plus de 8 000 km par an, dont le revenu fiscal de référence par part est inférieur à 15 400 €, et/ou qui réside à plus 15 km de son lieu de travail, peut bénéficier de cette initiative. Elle a pour but de continuer à "réduire nos émissions de CO2", avait annoncé le président de la République, le 14 décembre dernier, dans une vidéo d’annonce du dispositif.

La voiture, premier moyen de transport dans la région

Le dispositif a un ancêtre dans les Hauts-de-France. Dans cette région, 78,3 % des gens vont travailler en voiture, selon une étude France Stratégie de 2020. C'est pour lutter contre une situation de "précarité mobilité" que le conseil régional de Xavier Bertrand avait mis en place le dispositif "En route pour l'emploi" en 2017 qui permettait à des gens à faibles revenus et, qui vivaient loin des transports en communs, de louer une voiture pour 1 € par jour, pour un mois. Ce programme, lui, ne fournissait pas de voitures électriques.

"Je trouve que ce leasing social, c'est une bonne initiative parce que si on veut assurer une transition écologique, il faut qu'on entraîne tous les territoires", explique Frédéric Motte, président de la mission Rev3 à la région Hauts-de-France. Pour certains habitants de territoires ruraux, posséder un véhicule n'est pas un choix, mais une obligation. Hors Île-de-France, la région possède le plus haut total de kilomètres parcourus par ses travailleurs : 10,4 km en moyenne contre 9,3 km en France métropolitaine.

Le président de la République reconnaissait il y a quelques mois que "l'électrique est très dur à acheter aujourd’hui pour un ménage au Smic. Quelqu'un qui vit à 30 km du lieu où il travaille dépense en moyenne 150 € par mois pour faire le plein. Avec un tel système, il va faire beaucoup d’économies, dès le premier mois". Thomas Hutin, conseiller régional EELV, tempère l'initiative annoncée par le chef de l'État : "100 € par mois, ça reste une somme non négligeable pour les revenus les moins aisés. Tout le monde pourra-t-il se le permettre ?"

Faire baisser le prix de l'électrique ?

Cette prise en charge de 100 € s'ajoute au bonus écologique de 5 000 € attribué à l’achat d’une voiture électrique. Ses conditions d'attribution seront, dès 2024, déterminées par l'empreinte carbone du véhicule concerné, mesurée selon ses conditions de fabrication.

Selon Frédéric Motte, l'intérêt sur le long terme, c'est que l'électrique se développe. "Il faut qu'on ait une demande importante pour développer les usines de batteries, ça fait partie des solutions pour développer l'électrique. Cette production permettra de faire baisser le prix de l'électrique et de convaincre les consommateurs. À terme, on espère que cela permettra de renouveler le parc automobile", affirme-t-il. D'après une étude de l'Ifop pour Alphabet, plus d'un tiers des conducteurs de véhicules thermiques du bassin parisien (Champagne Ardennes - Picardie - Bourgogne) se disent prêts à passer à la voiture électrique.

Une source d'emploi pour les Hauts-de-France

Pour les Hauts-de-France, le développement des voitures électriques, c'est aussi la création de milliers d'emplois. Avec quatre projets d'usines de batteries pour voitures électriques, les Hauts-de-France sont devenus l'une des places fortes de l'électrique en Europe : ACC à Douvrin (Pas-de-Calais), Envision à Douai (Nord), ProLogium et Verkor à Dunkerque (Nord).

Ces gigafactories en projet pourraient développer la production annuelle de batteries jusqu'à 170 GWh. "Pour l'instant les usines sont juste les fournisseurs de batteries pour ces voitures, mais à long terme, elles en seront les bénéficiaires. C'est une source d'activité et d'emplois, mais aussi une contribution à la décarbonation", commente l'élu régional.

"On ne peut pas mettre des bus partout"

Quant à l'impact écologique de cette mesure, Thomas Huctin, conseiller régional EELV, est plus mesuré. "Le leasing est un outil supplémentaire, à condition d'envisager d'autres moyens de mobilité, comme le vélo et les transports en commun, plutôt que d'inciter encore à utiliser la voiture. Quand le président de la République dit : 'On est attachés à la bagnole, et moi, je l’adore', [lors d'un entretien télévisé consacré à l'écologie, le 24 septembre, ndlr], ce n'est pas le bon message".

À cette critique, Frédéric Motte, répond simplement : "Lille est la métropole la plus rurale de France. On ne peut pas mettre des bus partout. Les ZFE (zones de faibles émissions), ce sont souvent des zones de forte exclusion. On ne donne pas l'opportunité aux gens d'avoir des voitures peu polluantes, on ne peut pas les exclure des centres-villes."

En 2024, entre 20 000 et 25 000 personnes en France pourraient bénéficier de voitures électriques produites en Europe, le double en 2025.100 000 véhicules électriques en leasing par an demeure l'objectif à plus long terme.

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