Gigafactories et batteries électriques : on vous explique comment Dunkerque tente le grand écart entre environnement et réindustrialisation

Dunkerque se veut aujourd’hui le laboratoire de l’industrie du futur, d'une industrie "décarbonnée", vertueuse, créatrice d'emplois mais aussi respectueuse de la nature. Les gigafactories dans les Hauts-de-France sont-elles les avatars d'un tournant durable ?

Territoire longtemps dédié à la construction et à l'équipement de voitures, les Hauts-de-France se transforment peu à peu en "Vallée de la batterie électrique", dont le dunkerquois semble devenir le centre névralgique. Matières premières, production, recyclage... Le secteur, en voie de développement à marche soutenue dans la région, est vaste et les investissements massifs. Ici, le taux d'emplois industriels s'établit à 24 %, le double de la moyenne en France.

Le 12 mai 2023, à Loon-Plage, le président Emmanuel Macron annonçait 5,2 milliards d'euros d'investissement pour la création d'une immense usine de batteries électrique et 3 000 emplois directs. Il prédisait même la création de 20 000 emplois sur le bassin d Dunkerque, dont l'agglomération compte 200 000 habitants, d'ici à la fin de la décennie. Ce jour-là, le groupe taïwanais ProLogium officialisait l’implantation de sa première usine européenne à Dunkerque. 

Les chiffres font tourner la tête. En 20 ans, le territoire avait perdu près de 6 000 emplois industriels, avec notamment les fermetures de la raffinerie des Flandres (2010, 360 salariés), puis d’Europipe (2014, 120 salariés) ou encore de SRD (2016, 111 salariés). Mais depuis 2017, de très gros projets d’investissement ont bénéficié au bassin dunkerquois. 

La "Vallée de la batterie", un rebond historique ? 

Trois usines de batteries sont en construction autour de la cité de Jean Bart : le taïwanais ProLogium (5,2 milliards d’euros investis d’ici 2030, pour 3 000 emplois dans l’usine et 12 000 indirects) ; le franco-chinois XTC/Orano à Loon plage, (1,7 milliard d'investissements, 1 700 emplois annoncés) et la start-up grenobloise Verkor (1,7 milliard, 1 200 emplois directs et 3 000 indirects) à Bourbourg, au sud de Gravelines. 

Le secteur attire. Plusieurs entrepôts sont en construction et le port de Dunkerque veut créer un nouveau terminal de conteneurs et doubler ses capacités actuelles. Au-delà du dunkerquois, c'est toute la région qui attire les gigafactories de batteries, comme Envision à Douai (Renault) en 2022 et Automotive Cells Company (ACC) à Billy-Berclau-Douvrin (Stellantis, TotalEnergies et Mercedes) en 2023. 

Une nouvelle ère industrielle durable ? 

La réindustrialisation a des répercussions variées, comme l'augmentation de la consommation d'électricité qui va nécessiter la mise en place d'une "autoroute de l'électricité" (11 km, 44 pylônes) par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France, pour alimenter en énergie ces lieux de production. 

Tous ces développements auront également des répercussions sur les habitants et la nature. L'environnement, le cadre de vie et la santé des habitants et des employés sont autant de préoccupations cruciales. La zone qui compte déjà 460 entreprises industrielles, qui représentent 21 % des émissions de l'industrie française en C02 (soit 13 millions de tonnes par an).  

Quelles seront les solutions ou "optimisations" qui seront mises en œuvre pour une industrie véritablement décarbonée et vertueuse ? Ce renouveau industriel devra faire face aux défis environnementaux mais aussi structurels : formation et recrutement des futurs employés, construction de nouveaux logements et d'écoles, adaptation du réseau de transports. Les politiques publiques devront elles aussi être au rendez-vous.

Extrait de l'émission Enquêtes de Région : le tournant économique dans le Dunkerquois, ci-dessous : 

Enquêtes de Région : industrie, vers une nouvelle ère pour les Hauts-de-France

Mercredi 25 octobre à 23h10 sur France 3 Hauts-de-France.

Usines géantes de batteries, promesses de milliers d’emplois, énergie verte… Les annonces et les chantiers se multiplient depuis plusieurs mois pour amorcer un tournant de réindustrialisation dans notre région. *

Depuis le Dunkerquois, territoire le plus emblématique de ces projets, "Enquêtes de Région" part à la découverte de ces "gigafactories" et de leurs conséquences pour le territoire. Constituent-ils un vrai tournant ? Ce tournant est-il durable ? Dans une région qui a subi la mono industrie du textile, de la mine ou de la sidérurgie, n’est-on pas en train de commettre les mêmes erreurs ? 

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