"On s'acharne sur nous alors qu'on n'a rien dans la caisse", une épicerie solidaire cambriolée trois fois à l'Université de Lille

L'AGORAé du campus Cité scientifique, une épicerie solidaire adressée aux étudiants, a été ciblée par trois cambriolages cette semaine. À chaque fois, le ou les voleurs visaient la caisse, sans parvenir à en dérober le contenu. Des effractions à répétition qui laissent les bénévoles dans l'incompréhension.

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En arrivant à la fac ce mercredi 27 mars 2024, les bénévoles de l'association Galillé n'ont pas été surpris face au saccage de leur local. Porte fracturée, verrou disloqué, rayons renversés. Pour la troisième fois cette semaine, l'épicerie solidaire étudiante "AGORAé" du campus Cité scientifique a été cambriolée. Pas de surprise, mais de la tristesse et beaucoup d'incompréhension pour ces étudiants, qui luttent contre la précarité alimentaire depuis un an à travers cette microsupérette.

L'AGORAé du campus des sciences a été inaugurée en septembre 2022. Elle permet aux étudiants précaires, inscrits via un formulaire, de venir faire leurs courses une fois par semaine dans les rayons de cette salle de classe aménagée. Là-bas elles et ils ne paient que 10% du prix du marché : dans cette épicerie, la boîte de conserve est proposée à 15 cts et le paquet de pâtes à 10 cts. Une bonne affaire qui permet à 150 étudiants de s'alimenter chaque semaine.

Des ventes à perte, une caisse maigre

Avec une petite centaine d'euros dans la caisse, la trésorerie de Galillé est loin d'être affriolante. "On vend à perte, on ne fait pas de bénéfice. L'argent que l'on gagne on le réinvestit dans de l'alimentaire pour les prochaines semaines." Morgane Baron, présidente de l'AGORAé, est exaspérée et elle ne s'en cache pas. L'étudiante en sciences politique ne comprend pas pourquoi cette épicerie a fait l'objet d'un tel acharnement cette semaine.

On vend à perte, on ne fait pas de bénéfice. L'argent que l'on gagne on le réinvestit dans de l'alimentaire pour les prochaines semaines.

Morgane Baron, présidente de l'AGORAé

Lundi matin, première effraction. La porte a été vandalisée mais les voleurs n'ont pas pu rentrer grâce au système de badge. Mardi midi, en revenant dans leur local, les bénévoles ont de nouveau découvert leur espace saccagé... Cette fois-ci les intrus ont réussi à entrer, "certainement avec un pied-de-biche", et ont ciblé la caisse sans réussir à l'ouvrir. Les étudiants ont donc décidé d'embarquer la caisse avec eux en rentrant le soir, au cas où une troisième tentative aurait lieu. Ce qui s'est finalement produit.

Leur caisse est donc intacte, mais pas leur moral. "Les efforts qu'ils mettent dans ce cambriolage ne sont pas proportionnels à leur investissement : on n'a presque rien dans la caisse ! S'ils veulent voler de l'argent c'est pas le bon endroit, alors pourquoi nous cibler nous ?", se scandalise la présidente, en indiquant qu'elle aurait été plus indulgente s'ils avaient dérobé des denrées alimentaires. "On se serait dit qu'ils volaient pour manger, mais là c'est juste de l'intimidation."

Les efforts qu'ils mettent dans ce cambriolage n'est pas proportionnel à leur investissement : on n'a presque rien dans la caisse !

Morgane Baron

"Ils ont agi entre 8h et 19h30"

Les heures auxquelles les effractions ont eu lieu minent d'autant plus la présidente. "La nuit le campus est bouclé, ce qui veut dire qu'ils ont agi entre 8h et 19h30, sous le nez de tous, quand le hall était vide. Ils se cachent et attendent." Pour elle, il n'y a pas de doute possible, ce sont d'autres étudiants qui ont fait le coup. Ils connaissaient les horaires d'ouverture et de fermeture de l'AGORAé, ainsi que son emplacement. "L'épicerie est un peu cachée, il faut le faire pour tomber dessus par hasard. Ce ne sont pas des cambrioleurs ordinaires."

Les bénévoles ont déposé plainte contre X cette semaine et une enquête a également été ouverte par l'Université. En attendant, l'association redouble de vigilance et renforce son dispositif de sécurité. La porte du local a été réparée, une nouvelle serrure a été installée et couplée à un système de carte renforcé pour filtrer les entrées. Une alarme anti-intrusion doit également être installée dans les jours qui viennent et les rondes des vigiles seront plus régulières.

Nous n'avions jamais eu de problèmes auparavant, c'est dommage d'en arriver à toutes ces mesures de sécurité. L'AGORAé doit être accueillante, pas verrouillée.

Morgane Baron

"On espère que ça va suffire à les dissuader, on ne sait pas s'ils nous entendent ou s'ils lisent ces propos, mais s'il s'agit de vols pour des problèmes financiers, il y a des aides possibles", souligne Morgane. "Nous n'avions jamais eu de problèmes auparavant, c'est dommage d'en arriver à toutes ces mesures de sécurité. L'AGORAé doit être accueillante, pas verrouillée."

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