"On va mourir de l'amiante ou quoi ?", près de 7000 étudiants contraints de suivre leur cours dans d'autres locaux, à l'Université de Lille

Les étudiants font pas à pas leur rentrée à l'Université de Lille. 6000 à 7000 d'entre eux du campus Cité scientifique sont forcés à suivre leurs cours magistraux dans des amphithéâtres de Pont-de-Bois ou encore Moulins.

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"On va mourir de l'amiante ou quoi ?", lance inquiète, Juliette, 19 ans, en L2 de Droit. Ce composant peut causer des cancers du poumon. 12h, insouciante, l'étudiante vient rendre visite à ses amies sur le campus de Cité scientifique, à Lille 1, à Villeneuve-d'Ascq (Nord). Elle déambule au sein des étages du bâtiment C1 pour s'asseoir dans une salle de classe prévue pour la pause déjeuner et là des portes fermées, bariolées de rubans rouge et blanc... Une inscription: "chantier en cours. Interdit au public sauf en cas d'évacuation."

Des amphithéâtres fermés par "mesure de précaution"

En ce jour de rentrée, des salles sont fermées. Trois des amphithéâtres du bâtiment C1, d'habitude attribué au cours de licence d'économie ou sociologie, sont condamnés, sur le campus Cité scientifique. Et ceci "pendant toute l'année scolaire", annonce Agnès Ferret, directrice générale adjointe des services. La raison : la présence amiante.

On l'apprenait dans un communiqué de presse de l'université, le 10 juillet dernier, "à l'occasion d'une opération de maintenance sur une centrale de traitement d’air du campus Cité scientifique, la présence de matériaux amiantés, anciens et en faible quantité, a été détectée." L'Université a poursuivi en procédant des contrôles en début d'été. 

Conséquence 6 à 7000 étudiants sont contraints de quitter les bancs de seize amphithéâtres de quatre bâtiments de Cité scientifique pour les campus de Pont-de-Bois, Moulins ou encore Eurasanté. "Au vu de l’ancienneté de construction des dispositifs de traitements d’air. Des travaux vont avoir lieu, dans une démarche de précaution, pour garantir la sécurité et de bonnes conditions de travail pour les personnels comme pour les étudiants", répond le communiqué. 

Des travaux vont avoir lieu, dans une démarche de précaution, pour garantir la sécurité et de bonnes conditions de travail pour les personnels comme pour les étudiants.

Un communiqué de l'université du 10 juillet 2024

Des étudiants désorientés

Lola, étudiante en L1 de Sciences de la terre et environnement, parcours licence accès santé (LAS), originaire de Boulogne-sur-Mer, foule les allées de Cité scientifique. À la recherche du relais scolarité pour récupérer sa carte étudiante, la jeune bachelière peine à s'orienter dans l'immensité du campus.

Lola a effectué une semaine auparavant sa réunion de pré-rentrée et une formation aux violences sexistes et sexuelles (VSS) à Pont-de-Bois, Lille 3. La jeune femme habite dans un logement étudiant à Cité scientifique, pour rallier les plus de 2km qui la séparent de son campus provisoire, elle va être forcée de se procurer un abonnement mensuel de métro, à 27 euros. "Cette mesure est sécurisante mais agaçante car je vais être baladée à gauche à droite dans des amphis plus petits et moins agréables qu'à Cité scientifique", raconte-t-elle. 

Je vais être baladée à gauche à droite dans des amphis.

Lola, étudiante en L1 à Cité scientifique

Même constat du côté de Paloma, 18 ans, étudiante en première année en Sciences de la vie sur le campus de Cité scientifique. "Je ne comprends pas grand-chose à l'emploi du temps", déplore-t-elle. Elle, a "de la chance" de ne pas se rendre à Pont-de-Bois. Les cours d'amphis de sa formation ne pourront plus avoir lieu à la place originelle. Ils ont pourtant seulement été déplacés sur les bancs d'un IUT du campus. "Je suis contente de rester ici plutôt qu'aller à Lille 3. Les locaux sont moins délabrés", juge-t-elle. 

Faire preuve de "débrouillardise"

Jeanne, 18 ans, étudiante en médecine, a opté pour une option plus radicale pour s'adapter à cette délocalisation de campus. Le vendredi, la jeune femme en option Sciences de la vie devait suivre des cours à Cité scientifique. Cette année, ça ne sera pas possible. Ces cours prendront place à Lille, dans un amphithéâtre de la faculté de Droit. "J'habite à Loos, mais à 2km à pied du métro. En ce moment ce n'est pas fiable de prendre les transports car Ilévia fait des siennes. Je suis véhiculée mais me garer à Moulins un matin c'est compliqué", explique-t-elle. 

En octobre et novembre, l’occupation des amphithéâtres risque d'être importante. La plupart des cours magistraux se déroulent dans ces espaces. "J'ai demandé aux professeurs d'être souples sur d'éventuels retards d'étudiants perdus dans les couloirs", présente Pascal Cuvelier, responsable de la L1 Économie. Le responsable pédagogique compte sur la "débrouillardise" des étudiants.

Une application, intitulée Lilu, mise en ligne il y a un an, est là pour orienter les étudiants dans les dédales des campus lillois tel que Pont-de-Bois. "Des gens se perdent. La géolocalisation de LILU les guide étape par étape", confie un salarié de l'Université. Près de 5 000 plans papier ont été édités à destination des étudiants. L'institution annonce également que des "étudiants boussoles" sont attendus en cette rentrée à Cité scientifique. À ce jour, ce dispositif n'est pas opérationnel. "Des étudiants devront être formés avant la fin octobre 2024", indique un salarié de l'Université. 

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