La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a annoncé porter plainte contre Jean-Luc Mélenchon pour "injure publique". Le leader de LFI est accusé d'avoir dressé un parallèle entre le président de l'Université de Lille et le nazi Adolf Eichmann le 18 avril dernier, lors d'un meeting à Lille. Lui s'en défend.
"Madame la ministre, je n'ai pas traité de nazi le président de l'Université de Lille. Je ne pense pas qu'il le soit." Sur son compte X (anciennement Twitter), ce 29 avril 2024, Jean-Luc Mélenchon a réagi à l'annonce de Sylvie Retailleau.
La ministre de l'Enseignement supérieur a expliqué la veille, sur le plateau de nos confrères et consœurs de BFM TV, que le gouvernement français allait porter plainte contre le leader de La France Insoumise pour "injure publique".
Madame la ministre, je n’ai pas traité de nazi le président de l’Université de Lille. Je ne pense pas qu’il le soit. Sinon je le dirais sans peur de vos plaintes. J’ai dénoncé l'exemple de sa lâcheté qui conduit au mal comme l’a décrit Hannah Arendt. À votre tour, vous faites…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 29, 2024
L'ex-candidat à la présidentielle est accusé d'avoir dressé un parallèle entre le président de l'Université de Lille et Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, le 18 avril dernier lors d'une prise de parole organisée rue d'Arras, à Lille.
Intitulée "Pour la paix et contre la censure", cette prise de parole organisée à la hâte faisait suite à la double interdiction de la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur "l'actualité de la Palestine" : d'abord par l'Université de Lille, puis par la préfecture du Nord.
Plainte pour "injure publique"
"«Moi je n'ai rien fait», disait Eichmann, «je n'ai fait qu'obéir à la loi telle qu'elle était dans mon pays». Alors ils disent qu'ils obéissent à la loi, et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui sont justifiées par rien ni personne", a déclaré Jean-Luc Mélenchon.
Ce sont précisément ces propos qui ont fait réagir la ministre, mais également la classe politique. "Monsieur Jean-Luc Mélenchon, en comparant le Président de l’Université de Lille à Eichmann, vous continuez dans l’indignité. Soutien total à Régis Bordet, honteusement diffamé", s'était alors exprimé Xavier Bertrand sur son compte X.
Monsieur @JLMelenchon, en comparant le Président de l'@univ_lille à Eichmann, vous continuez dans l'indignité
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) April 19, 2024
Soutien total à Régis Bordet, honteusement diffamé. pic.twitter.com/R32cP68Mgw
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Dans un entretien accordé à L'Opinion, Régis Bordet, président de l'Université de Lille revient pour la première fois sur la polémique. Il y dément toute tentative d'ingérence du gouvernement français dans la gestion de l'établissement d'enseignement supérieur, et la tenue de la conférence de LFI.
"Le cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, le rectorat et la préfecture nous ont contactés pour s'informer sur la situation. À aucun moment, il n'y a eu de leur part la moindre volonté d'influencer la décision", a-t-il déclaré. Quant à la comparaison avec la figure nazie, le doyen de l'université Philippe Vervaecke ajoute, "le parallèle avec Eichmann est inadmissible, il faut une certaine mesure en tant qu'orateur public."
Avec AFP