Elections européennes 2024. Les candidats du Nord de La France insoumise présentent leur projet

À deux mois du scrutin, le compte à rebours est lancé pour les candidats nordistes sur la liste de Manon Aubry pour les élections européennes.

La pluie les a poussés à se réfugier dans un bar latino, à proximité de la place de la République, où le rendez-vous était initialement prévu. À l’intérieur, les quatre candidats du Nord sur la liste de Manon Aubry (LFI) pour les élections européennes prennent place. D’un côté et de l’autre du groupe, Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens, les deux députés de la circonscription, venus en soutien. Ou plutôt, venus soutenir et offrir un peu de leur lumière nationale à leurs camarades. Car, premier constat admis de tous dans la salle, l'élection européenne peine à intéresser l'opinion publique et à mobiliser les médias. L'état-major de LFI le sait et c'est pourquoi des "conférences de presse de présentation des candidats" sont organisées partout en France. Adrien Quatennens entame cet échange où France 3 est le seul média présent. Il dresse un rapide descriptif de ses collègues, deux candidats sur quatre sont issus de la société civile, "c'est environ 20% au niveau national" affirme Adrien Quatennens, qui insiste sur cette ouverture. "Ce n’est pas que du témoignage, en France, certains ont de grandes chances d’être élus, ici aussi.”

Qui sont les candidats LFI dans le Nord ? 

Il y a d'abord, Philippine Heyman, 22 ans, seule femme et benjamine des candidats. Sa carrière politique commence en 2022, elle est alors tête de liste en vue des législatives pour la 14e circonscription du Nord sous les couleurs de la NUPES. La voici désormais 77e (sur 81 candidats) sur la liste de Manon Aubry. Peu de chance donc qu’elle siège à Strasbourg. Mais cette infirmière entend bien rappeler "les menaces et le sous-financement" qui pèsent sur le service public de santé, entre "services d'urgence qui ferment, manque de personnels et matériels"...Parmi ses propositions, la création d'un pôle national et européen du médicament. Elle félicite aussi Mathilde Panot, cheffe de groupe LFI à l’Assemblée, “pour son combat qui a permis de faire rentrer le droit à l’IVG dans la constitution”. Selon elle, la prochaine étape est “d’élargir ce droit à chaque citoyenne européenne”

Deux candidats issus de la société civile ...

Autre candidat issu de la société civile, Brahim Ben Ali, surnommé “la bête noire d’Uber”. Pour cause, le Roubaisien est à la tête du premier syndicat de chauffeurs VTC. Il a fait de “l’ubérisation de la société” son combat en dénonçant ce “statut de faux indépendants”. Pour lui, ces travailleurs sont “les invisibles de la société. Le livreur qui livrait ses repas aux gens confinés ou le chauffeur qui emmenait les travailleurs en première ligne pendant l’épidémie”. Plus généralement, il dénonce "ces plates-formes qui détruisent une à une les grandes réformes sociales françaises mises en place à partir de 1936”. Alors au niveau européen, il propose de “réguler la sous-traitance” en prenant en exemple “les nombreux  sans-papiers exploités par ces plates-formes sans qu’ils n’aient aucun droit”. À ce système, il oppose celui des "coopératives" y compris au niveau européen. Brahim Ben Ali est 20e sur la liste LFI et croit en ses chances de siéger à Strasbourg dès le mois de juin. 

... et deux profils plus politiques 

Vient le tour d'Aurélien Le Coq, co-animateur des Jeunes Insoumis. Il commence d’emblée, en porte-parole des moins de 30 ans :“pour notre génération, l’engagement n’est plus un choix mais une absolue nécessité”. Le phrasé est maîtrisé, ainsi que tout l'attirail de l'argumentaire. C'est très clair, malgré ses 27 ans, il dispose déjà des codes et de l'aisance du politique. Face à “la crise climatique” et à “la précarité des jeunes”, il veut croire "qu'un autre monde est possible”. Au niveau européen, il entend d’ailleurs défendre la “garantie d’autonomie jeunesse”, déjà proposée par la NUPES, empêcher que des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. Pour lui, le Parlement européen pourrait aussi permettre de prendre des positions fermes sur les sujets internationaux, en première ligne desquels “le génocide à Gaza” qui “préoccupe de nombreux jeunes en France.” Il est 10e sur la liste mais préfère parler de Rima Hassan, 2e sur la liste LFI, et de la nécessité de permettre à cette militante pro-palestinienne de siéger à Strasbourg. 

Enfin, Damien Carême, bien connu dans la région pour être l’ancien maire de Grande-Synthe, très engagé sur la question migratoire. Il entend continuer de défendre cette cause à Strasbourg, alors qu'il rapelle "le drame qui se joue à nos frontières, en particulier entre la France et l'Angleterre". Il jette un coup d'oeil rapide sur l’encart qui lui fait face et sur lequel est inscrit en grosses lettres “les riches votent, et vous?”. Il se félicite du "succès" de cette campagne publicitaire, qui a fait grand bruit au niveau national. Pour lui, c'est en fait un moyen d'affirmer : "ceux qui subissent doivent s’exprimer”. Lui, exprime déjà ses idées depuis 5 ans au Parlement européen, mais sous l'étiquette de la coalition écologiste à Strasbourg.

2024 marque donc une rupture dans le parcours de ce transfuge qui annonce sa candidature en 8e position sur la liste de Manon Aubry. Il explique son choix : “c’est pour moi une question de cohérence politique. Ma priorité, c’est de contrer l’extrême droite, et c’est ce groupe qui me semble être le plus efficace en ce sens.” Il fait aussi état de sa déception de voir le groupe écologiste se rapprocher des groupes démocrates et socialistes et de ces coalitions qui votent des textes "fondamentalement opposés au programme de la NUPES", comme "le pacte européen Asile et Migrations que certains collègues ont voté." Il l'explique par "la nécessité pour eux de faire des politiques majoritaires alors que ce n'est pas la solution. Moi, je veux rester cohérent." 

Pas d'union à gauche 

Cette cohérence avec les idées de la NUPES, justement, est l'argument avancé par LFI  pour convaincre les autres partis d'une nouvelles union de la gauche en vue du scrutin européen. Argument refusé par l'ensemble, alors que les insoumis sont taxés d'être trop radicaux et critiques à l'égard de l'idée même de construction européenne. Une position démentie immédiatement par Aurélien Le Coq. “Dès juin 2022, avec tous les autres jeunes des partis de la NUPES, nous avons travaillé à un programme européen commun avec 166 propositions. On s’est heurtés à des réajustements motivés par des enjeux boutiquiers des partis. Ils ont fait passer l'intérêt des partis avant tout. Il nous fallait pourtant une liste commune, on n’a pas été écoutés” pointe du doigt le Jeune Insoumis.

Un argument repris d’emblée par Adrien Quatennnens. “Dès juillet 2022 et notre arrivée à l’Assemblée, nous nous sommes aperçus que nous n’étions pas dans la même logique que les autres partis de gauche." En clair, LFI incarnerait aujourd’hui les idées de la NUPES, les autres seraient prêts à trop de compromis. "Je voudrais dire à ceux qui ont été électeurs de la NUPES aux législatives qu'il n'y a que notre liste qui représente ces idées aujourd'hui" décrit Ugo Bernalicis. “C’est irresponsable d’avoir refusé cette proposition politique. Nous étions même prêts à soutenir une tête de liste commune qui ne soit pas de LFI” ajoute le député Adrien Quatennens. L'Union Populaire, le slogan de campagne LFI pour les européennes, est donc bien loin de l'union de la gauche, que tous ici regrettent. 

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