Le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports s'est montré inquiet quant à la campagne du candidat socialiste. Et n'exclut pas de voter Macron.
Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, a fait part de ses inquiétudes sur la campagne de la gauche dans le Journal du Dimanche.
"Benoît Hamon est notre candidat, qu'il n'y ait pas de malentendu", précisé l'ancien adjoint de Martine Aubry à la ville de Lille. "J'ai envie que Benoît nous donne envie. Mais aujourd'hui, le compte n'y est pas." Au gouvernement depuis 2014, M.Kanner n'apprécie notamment pas la remise en cause de sa politique par le candidat socialiste. "Quand j'entends Benoît dire que nous avons manqué notre rendez-vous avec les quartiers populaires, je suis heurté. C'est faux."
D'autres désaccords émergent au fil de l'interview, parmi lesquels le pacte conclu avec les Verts. Le 23 février dernier, le candidat EELV Yannick Jadot a annoncé le retrait de sa candidature au profit d'un rassemblement avec Benoît Hamon. A l'unisson d'autres soutiens de Manuel Valls, M. Kanner affirme que l'accord entre les Verts et le PS lui "pose problème".
"La vraie question, c'est : Hamon peut-il rassembler ?"
"Remettre en cause la ligne à grande vitesse Lyon-Turin ou l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ce n'est pas une bonne idée. Intégrer dans l'accord la fin de l'état d'urgence, soumettre la sécurité des Français à un deal électoral, c'est une ineptie. Alors qu'ils bénéficieront de 43 circonscriptions réservées, il est anormal que les Verts soient autorisés à se présenter partout, y compris contre Myriam El Khomri, la ministre du Travail : le soutien de Cécile Duflot à Caroline De Haas dans la sixième circonscription de Paris est une pure provocation", attaque-t-il.Et d'affirmer qu'il ne fait que lancer "un appel à Benoît Hamon pour qu'il rassemble sa famille. On a besoin de preuves d'amour. S'il était aujourd'hui à 20 ou 21% dans les sondages, je lui dirais : Chapeau l'artiste ! Mais là, nous sommes sur un faux plat qui dure. Je vois mes collègues ministres qui s'interrogent alors que nous sommes en permanence sur le terrain. Or c'est une course contre la montre : tout va se jouer dans les quinze jours. La vraie question, c'est : Benoît est-il en capacité de rassembler ?", insiste Patrick Kanner.
Les élus PS : "la masse des étourneaux est sur l'arbre. Gare à ne pas les laisser s'envoler."
Dans l'hypothèse où la campagne Hamon ne prendrait pas le tour qu'il souhaite, voterait-il pour Emmanuel Macron ? "Ce n'est pas d'actualité, mais ce n'est pas exclu. Si cette décision doit être prise, elle devra l'être de manière collective..."S'il est "trop tôt pour parler de vote utile", il insiste sur le contexte d'un "risque de chaos démocratique, avec une extrême droite aux portes du pouvoir et une droite en pleine déroute morale".
Craint-il une migration massive des élus PS vers l'ancien ministre de l'Economie ? "Aujourd'hui, la masse des étourneaux est sur l'arbre. Gare à ne pas les laisser s'envoler. Il est urgent que Benoît leur adresse un message".