La chaîne de prêt-à-porter Pimkie subit depuis plusieurs années des difficultés économiques. Suite à de nombreux bras-de-fer entre l'entreprise et ses salariés, un nouveau plan social pourrait être annoncé le 18 janvier prochain. Retour en cinq date sur le déclin de cette entreprise textile nordiste.
Phildar, Damart, Camaïeu... on ne compte plus les entreprises textiles nordistes en difficulté. Pimkie ne fait pas exception. Entre fermetures de magasin, plans sociaux et rachats, l'enseigne de fast-fashion subit depuis de nombreuses années des difficultés économiques et sociales. En janvier 2024, l'annonce d'un nouveau plan social devrait ébranler l'organisation de l'entreprise.
Pour mieux comprendre la situation, retour sur Pimkie en cinq dates.
1971 : la naissance de "Pimckie"
Le pantalon pour femme. C'est autour de cette nouvelle tendance, innovante pour l'époque, que naîtra en 1971 le premier magasin "Pimckie" dans le centre-ville de Lille. À ses débuts, l'enseigne arborait un "c" dans son nom, qui disparaîtra un peu plus tard pour laisser place au célèbre : Pimkie.
Détenue par l'Association Famille Mulliez (AFM), l'entreprise va rapidement diversifier son offre dans les années 80 pour devenir une enseigne de prêt-à-porter féminin spécialisé dans la mode des 15-25 ans. Le succès sera tel que Pimkie se développera à l'international tout au long des années 2000.
2010: "Ce n'est plus une entreprise où il fait bon vivre"
Dès 2009, les choses ont commencé à se compliquer pour l'enseigne. Au mois de mai, l'entreprise annonçait la suppression de 400 postes en France, et 190 dans le Nord. Le début de négociations musclées entre l'entreprise et ses salariés.
Si Pimkie justifie sa décision par ses difficultés financières, pour les salariés elles sont le résultat d'un manque d'investissement depuis plusieurs années. S'en sont suivis plusieurs jours de revendications, marqués par une de manifestation et de nombreux jours de grève dans le Nord. Motivés, les grévistes n'hésiteront pas à tenir le piquet le soir du réveillon de Noël, devant l'entrée du siège.
Après plus de sept mois de lutte acharnée, dont 19 jours de grève, les salariés et la direction parviendront à un accord en janvier 2010. Ce seront finalement 175 postes qui seront supprimés sur les deux sites de Wasquehal et Neuville-en-Ferrain.
Néanmoins, les salariés restent marqués par cet éprouvant bras-de-fer. L'une d'entre eux témoigne : "C'est énorme et en même temps ça nous inquiète parce que ça veut dire aussi qu'il y a un mal-être dans l'entreprise, ce n'est plus une entreprise où il fait bon vivre, où on vient travailler haut le cœur."
2018 : Une rupture conventionnelle collective qui ne passe pas
Créée par les ordonnances Macron, la rupture conventionnelle collective permet, par la mise en place d'un accord collectif, de rompre son contrat de travail en évitant la procédure de licenciement. En 2018, l'enseigne Pimkie annonce la fermeture de 37 magasins en France, dont 3 dans la région, ainsi que la suppression de 208 postes partout en France en utilisant ce nouveau dispositif.
Ce ne sont pas des ruptures conventionnelles collectives, c'est un PSE caché. L'entreprise nous ballade.
Représentante CGT Pimkie
Chez les salariés la décision ne passe pas. "Ce ne sont pas des ruptures conventionnelles collectives, c'est un PSE caché. L'entreprise nous ballade" réagit une représentante de la CGT. À l'époque, Martine Aubry n'avait pas hésité à réagir, dénonçant des "licenciements déguisés, sans protection pour les salariés".
Sans l'accord de tous les syndicats, Pimkie n'arrivera finalement pas à supprimer des postes via la rupture conventionnelle collective, mais proposa ensuite un plan de départ volontaire. Plus de 200 postes sont alors de nouveau menacés.
2022 : Mise en vente de Pimkie
Touchée par la crise du textile, l'AFM annonce en 2022 chercher un repreneur pour Pimkie. À cette époque, l'enseigne de prêt-à-porter comptait plus de 1 500 salariés, avec un chiffre d'affaires avoisinant les 200 millions d'euros.
C'est un consortium qui regroupe Lee Cooper, Kindy et le turc Ibisler Tekstil qui se positionne pour reprendre l'enseigne. Il sera en négociation exclusive avec le groupe Mulliez. Pour les salariés, ce potentiel rachat rime avec restructuration, et donc de nouveaux emplois menacés.
2023 : Près de 500 emplois menacés
Ce rachat se réglera au tribunal de commerce de Lille en 2023. Pour les salariés, c'est une nouvelle épreuve à surmonter. Face au énième risque de plan social, l'une d'entre elles confie : "on est au bord du burn-out".
Selon les syndicats, entre 70 et 100 magasins pourraient fermer suite à ce rachat. De même que 400 à 500 postes seraient menacés. Finalement, le plan de restructuration pensé par le consortium concernera la fermeture de 64 magasins en France et la suppression de 257 postes, soit un quart des effectifs.
On est au bord du burn-out
Salariée Pimkie
Les difficultés ne sont cependant pas terminées pour Pimkie. Début 2024, les représentants s'entretiendront de nouveau avec la direction pour discuter des modalités d'un potentiel nouveau plan de sauvegarde de l'emploi, engendrant la fermeture de magasins. La réponse est attendue le 18 janvier 2024, a annoncé le syndicat FO Pimkie sur ses réseaux sociaux.