À l'approche de Noël, l'entreprise King Jouet a lancé un baromètre comparable au Nutri-score pour évaluer l'impact environnemental de ses jouets. Ce Jouet-score donne une note allant de 1 à 5 en prenant en compte les matériaux utilisés, l'emballage et l'origine du jouet. Le concept plaît, même aux petits artisans du jouet.
Vous connaissez le Nutri-score, ce baromètre coloré présent sur les emballages de produits alimentaires ? Cette année, l'entreprise King Jouet lance son équivalent pour les jeux : ce Jouet-score, c'est son nom, pourrait permettre aux clients de juger de la qualité et de l'empreinte carbone des jeux qu'ils achètent.
Pour décider du score attribué au jouet, l'enseigne s'appuie sur trois principaux critères : les matériaux utilisés, l'origine du jouet et l'emballage. Pour l'instant, le Jouet-score ne prend pas en compte des critères comme le fait que le jouet soit inclusif, adapté aux enfants porteurs de handicaps, ni sa durabilité. Il est aussi attribué de manière subjective, puisque c'est l'enseigne elle-même qui décide quelle note attribuer aux jouets qu'elle vend.
Pousser les fabricants à produire mieux
L'idée est bien accueillie par les petits commerçants. "Ça peut être pas mal pour pointer du doigt ce qui vient de Chine et qui n'est pas éco-conçu," explique Sébastien Morlain. Cet artisan, créateur de la boutique Un Monde de bois dans l'Aisne, fabrique lui-même ses jouets à partir de bois venu de 30 kilomètres autour de chez lui. Il nuance tout de même : "on ne peut pas dire à des familles qui n'ont pas les moyens de ne pas acheter chez Action, mais il n'y a pas que le côté acheteur. Ça poussera les fabricants à évoluer."
C'est un avis partagé par Carina Peireira, la gérante du magasin Hêtre Enjoué à Ressons-le-Long (Aisne) qui, elle aussi, achète son bois dans un périmètre de 20 kilomètres pour fabriquer ses jouets. Pour elle, "il faut revenir à un peu d'essentiel et à du local."
"S'il y avait un Jouet-score pour nous, j'éclaterais le compteur"
Les petits fabricants ne se sentent pas menacés par ce dispositif, bien qu'ils puissent permettre aux grands groupes d'attirer des consommateurs plus préoccupés par l'écoconception.
"On n'est pas en concurrence avec ces grandes enseignes. On n'a pas les mêmes clients et, s'il y avait un Jouet-score pour nous, j'éclaterais le compteur," rassure Sébastien Morlain.
Pour les produits alimentaires, le Nutri-score est de plus en plus répandu. Les commerçants imaginent déjà que le Jouet-score puisse se développer lui aussi. "Je pense que ça viendra tout doucement. Le Nutri-score se généralise et ça a poussé les gens à regarder à deux fois avant d'acheter," explique Carina Peireira.
Sébastien Morlain est plus nuancé : "tout dépend quels sont les critères : entre un bois responsable qui vient de Chine et un bois issu de la déforestation qui vient de France, qu'est-ce qu'on privilégie ?" Le créateur s'inquiète aussi du prix que coûterait la certification. "Mon bois est éligible à la certification PEFC (ndlr : programme de reconnaissance des certifications forestières). C'est exactement la même chose, mais je ne peux pas payer la certification. 800 euros par an, c'est énorme pour un petit artisan comme moi."
Si le concept semble intéresser ces petits producteurs de jouets, le Jouet-score devra prendre en compte la complexité de la filière de production pour devenir une référence en dehors de l'enseigne qui l'a développé.