Pizzas contaminées : un avocat accuse Buitoni d'avoir proposé un bon d'achat à la famille d'une victime

Deux enfants sont déjà décédés des suites d'une contamination à la bactérie E.coli, présente dans des pizzas Buitoni, et des dizaines sont dans un état grave. L'avocat de plusieurs familles accuse la marque d'avoir proposé un dédommagement en bon d'achat à l'une d'entre elles.

Buitoni s'enfonce un peu plus dans le scandale des pizzas surgelées contaminées. Le 19 mars, la marque détenue par le groupe Nestlé avait annoncé le rappel immédiat de l'ensemble de la gamme Fraîch'up, produite sur le site nordiste de Caudry, en raison de la présence de bactéries Escherichia coli.

Cette contamination peut avoir des conséquences graves voire mortelles sur la santé notamment chez les plus jeunes, comme des insuffisances rénales et une baisse de la concentration des cellules sanguines. Au 13 avril, 53 cas de contamination, dont 52 sur des enfants, ont été recensés par Santé Publique France. Dans les Hauts-de-France, cela concerne 11 personnes. Deux enfants sont déjà décédés des suites de leur contamination, des dizaines d'autres sont dans un état grave. Depuis le début du scandale, Buitoni tient une ligne de communication discrète, et unique : la marque assure de sa plaine coopération à l'enquête. 

"Proposer un bon d'achat, c'est limite insultant !"

La plupart des familles de victimes n'ont jusque-là pas été contactées par le groupe Nestlé. Mais Me Richard Legrand, avocat de plusieurs d'entre elles, accuse Buitoni d'avoir appelé une famille de victime le 21 avril, pour une conversation dont la teneur pose question. "Il y a eu une absence de prise de contact de la marque depuis plusieurs semaines, et là, très récemment, une famille a été contactée par la marque, par le service consommateurs. Celle-ci souhaitait d'une certaine manière présenter ses excuses pour les désagréments occasionnés, par l'octroi d'un dédommagement sous forme de bons d'achats. On parle d'un montant dérisoire, une vingtaine d'euros !" retrace l'avocat.

"Proposer un bon d'achat, et sur une somme aussi dérisoire, c'est limite insultant. Après un si long silence, on n'en voit pas l'intérêt, ça paraît insensé. On ne croit pas à un réel désintéressement de la marque", estime Me Legrand. Pour lui, il s'agit là d'une stratégie délibérée dans le but de préparer une défense, en cherchant à avoir accès à des informations médicales. "Il y a eu des échanges, et peut-être une volonté de se renseigner sur l'état de santé des victimes. J'ai l'impression qu'il s'agit plus d'un prétexte pour obtenir des informations sur une victime davantage que pour présenter des excuses", conclut l'avocat des familles.

"Nous n'en avons pas le droit et nous ne le faisons pas" : Buitoni nie toute manoeuvre

Contacté par France 3, Buitoni a dans un premier temps expliqué être sur la piste de l'appel téléphonique en question, pour chercher à en connaître le contexte et le contenu. La marque a ensuite communiqué des éléments supplémentaires. D'après la communication de Buitoni, cet appel a été réalisé à la suite d'un signalement sur le site SignalConso, une démarche qui implique de la part de l'entreprise une procédure de rappel direct au client. "Conformément à la procédure, nous l’avons rappelée afin de comprendre la situation" explique la marque du groupe Nestlé. "Il n'y a pas de recherche de consommateurs ou de familles en particulier, nous n'en avons pas le droit et nous ne le faisons pas" insiste la communication de Buitoni.

Les questions posées l'auraient été "pour le bon déroulement des échanges" et la compréhension de la situation, mais Buitoni réfute formellement avoir passé la barrière du secret médical. 

"Dans le cas mentionné par la Voix du Nord, à la suite de l’échange, la procédure s’est poursuivie, la personne a reçu des bons d’achats, comme c’est le cas pour les personnes demandant un remboursement de leurs pizzas suite au rappel massif du 18 mars. Cela n’aurait pas dû être fait et nous tenons à présenter nos plus sincères excuses, à cette consommatrice qui a pu être heurtée par la réception de ces bons d’achat. Nous allons veiller à ce que cela ne se reproduise pas" conclut le groupe.

Au moins 16 familles ont dores et déjà porté plainte ou annoncé leur intention de le faire. Une enquête pour "homicide involontaire" et "tromperie", ouverte par le parquet de Paris, est toujours ouverte.

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