Dans les Hauts-de-France, c'est Marine Le Pen qui est arrivée en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Mais Emmanuel Macron a progressé dans les urnes, notamment grâce aux voix de la droite.
Dans les Hauts-de-France, le président sortant a été battu à plate couture par la candidate du Rassemblement national. Marine Le Pen se hisse en tête dans les cinq départements de notre région au soir du premier tour de la présidentielle. Mais Emmanuel Macron y a tout de même obtenu près de six points de plus qu’en 2017, passant de 630 285 voix (16,5%) à 772 595 voix (25,39%) en cinq ans.
LREM grimpe dans les villes les plus aisées
En Picardie, l'Aisne a plutôt boudé la candidature LREM, alors que dans la Somme et l'Oise, des poches macronistes apparaissent nettement autour des grandes villes comme Senlis (33% pour LREM) ou Compiègne (29%). Le cas d'Amiens est assez particulier : dans la ville d’où est originaire le président, on a plébiscité le candidat de la France Insoumise (31,45% des voix contre 29,95% pour Emmanuel Macron). En revanche, toute l'agglomération amiénoise a voté Macron d'un seul homme. Jean-Luc Mélenchon arrive également en tête à Lille avec 40% des voix et à Beauvais avec 27,28%. Mais la ville-préfecture d’Arras a placé Emmanuel Macron en tête ce dimanche 10 avril (29,48% des suffrages), tout comme Berck ou Saint-Omer.
Dans le Nord, Emmanuel Macron est arrivé en tête dans une dizaine de localités, souvent des communes où le niveau de vie est assez élevé comme Mouveaux, Bondues, Marcq-en-Baroeul et Hem. C'est là que l'on remarque le mieux le phénomène de déportation de l'électorat Les Républicains vers la République en Marche. A Bondues, en 2017, c'est François Fillon qui était arrivé largement en tête avec plus de 54%, Emmanuel Macron se classant deuxième avec 22%. En 2022, l'écart s'est creusé, et surtout le rapport s'est inversé : 50,8% pour Emmanuel Macron, moins de 11% pour la candidate LR Valérie Pécresse. Le phénomène est le même à Marcq-en-Baroeul : en 2017, Emmanuel Macron emportait une solide deuxième place avec 27% contre 42% pour LR. En 2022, LREM a raflé 42% des voix, contre 8,8% côté LR.
Selon une étude IPSOS, le président sortant a été choisi 35 % des Français dont le foyer gagne plus de 3000 euros nets mensuels. Il était également plébiscité parmi les électeurs disant "réussir à mettre beaucoup d'argent de côté", à 42%.
Chez Les Républicains, ces scores font grincer des dents. Le député de l'Oise, Eric Woerh, ex-LR, a lui réagi de manière très pragmatique. "Quand on fait 4.5%, il faut réfléchir à pourquoi on fait ce score. J'ai vu qu'on allait au naufrage Un parti, s'il ne produit ni des idées ni des leaders, ce n'est plus un parti, c'est ce qu'il s'est passé sur les 5 dernières années. Emmanuel Macron souhaite bien sûr avoir une majorité pour réformer. Une majorité des idées qu'il a mise en avant étaient acceptables pour les Républicains. Mme Pécresse avait même parlé de copier-coller" a-t-il rappelé. Pas étonnant, donc, que les deux partis labourent les mêmes terres.
Entre LREM et LR, proximité idéologique et opération séduction
L'opération séduction d'Emmanuel Macron vers les électeurs de la droite n'est pas nouvelle. Les recrutements dans les rangs LR sont légion depuis le début du quinquennat Macron, avec la nomination d'Edouard Philippe comme Premier ministre, puis de Gérald Darmanin au poste de ministre de l'Intérieur. Le président n'a jamais non plus caché sa proximité avec l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui lui a un temps servi de conseil. Les éléments de langage et idées venues de la droite de l'échiquier politique ont progressivement infusé le parti "ni de droite ni de gauche" lancé par Emmanuel Macron.
Dans la région, des figures de la droite ont publiquement pris position en faveur d'Emmanuel Macron avant le 1er tour. C'est le cas de la maire (DVD) de Beauvais, Caroline Cayeux, qui avait estimé que "Emmanuel Macron dépassait les clivages politiques". La maire de Calais, Natacha Bouchart, figure historique des Républicains, avait également choisi de soutenir le président sortant, "dans l'intérêt de Calais, une ville exposée en permanence."
Si ce ne sont pas les villes où Emmanuel Macron a fait le meilleur score, ces soutiens publics ont permis de légitimiser le vote LREM auprès des électeurs de la droite. Pour le second tour de la présidentielle, 44% des électeurs de Valérie Pécresse envisagent de soutenir Emmanuel Macron.