Prévention du suicide : le 3114, un numéro pour sauver des vies 7 jours sur 7

Vingt ans que les professionnels le réclamaient. Il existe enfin. Un service de prévention du suicide national par téléphone, ouvert en permanence. Au bout du fil des infirmiers, psychologues formés et supervisés par un médecin psychiatre. Car face à une personne qui a des idées suicidaires, il est possible d'agir.

Pour les professionnels, c'est l'aboutissement d'une demande et d'une évidence scientifique ancienne. Empêcher les passages à l'acte par une présence téléphonique compétente et formée.

Le 3114, c'est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7

"Quelle que soit la souffrance ressentie, le 3114 est ouvert tout le temps. Il n'y a pas de question idiote, la prévention du suicide, c'est l'affaire de tous, on peut faire quelque chose".

Il n'y a pas de question idiote, la prévention du suicide c'est l'affaire de tous.

Christophe Debien, médecin responsable du déploiement du 3114

Et pour preuve, depuis le début des années 2000, le nombre de suicides a chuté de 20 %. Depuis la mise en place d'une prévention active par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, avec le 3114, les professionnels confrontés à ces drames espèrent aller plus loin.

Si le numéro fonctionne depuis octobre 2021, Mathieu Maucort, délégué interministériel à la jeunesse auprès du Premier ministre, affirme que la hausse des appels ces derniers mois "évidemment, ça nous interpelle, ce qu'on observe depuis le covid : le doublement des consultations pour idées suicidaires des adolescents. C'est une réalité qu'on doit regarder les yeux dans les yeux. L'idée que l'adolescent doit souffrir pour grandir, il faut que ça cesse, tout comme celle que "ça passera tout seul". Ce n'est pas normal, c'est un cri qu'on doit entendre. Ça suffit autant d'adolescents dans le pays en souffrance !"

Ça suffit autant d'adolescents dans le pays en souffrance !

Mathieu Maucort - Délégué interministériel à la jeunesse auprès du Premier Ministre

Une demande des soignants depuis 20 ans

Peu ou pas de pays disposent d'un tel dispositif. Désormais, dans toutes les régions de France (y compris les départements et régions d'Outre-mer) des professionnels des Centres hospitaliers répondent spécifiquement via le 3114. Et surtout, ils ont été formés à ces demandes spécifiques et parfois vitales. Un ancrage territorial qui facilite l’orientation des appelants à proximité de leur lieu de vie.

Une formation a été imaginée, au Centre hospitalier de Lille, à partir de la littérature disponible sur le sujet, mais aussi par l'écoute de personnes qui ont fait des tentatives de suicide. Un "référentiel des bonnes pratiques" pour les professionnels a alors été structuré et sert de modèle à la formation des infirmiers et psychologues qui répondent aux appels, toujours supervisés par un médecin psychiatre. 

Accueillir la souffrance intime, la détresse psychique

"Il faut être capable d'accueillir la souffrance intime, d'écouter les éléments qui font souffrir, d'établir un lien avec les personnes qui appellent. On peut alors faire beaucoup de choses" explique Christophe Debien qui est aussi responsable du déploiement du 3114. "Nous avons alors deux modes d'actions : apaiser la souffrance, enclencher une désescalade émotionnelle, mais aussi orienter le suicidaire vers les ressources autour de lui, famille, médecin traitant, associations, assistantes sociales".

Christophe Debien explique qu'il faut distinguer la crise suicidaire, qui met du temps à s'installer, de l'urgence suicidaire. La période de crise, sourde, peut s'installer sans bruit pendant des semaines, des mois. "On a donc du temps pour intervenir" précise Christophe Debien.

Quand on souffre, on communique mal, on a des difficultés à aller chercher de l'aide. On rassure ses proches en disant "ça va passer" ou en dissimulant.

Christophe Debien, praticien hospitalier CHU de Lille

Et puis, l'urgence suicidaire, c'est la proximité du passage à l'acte, avec une goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est toujours une accumulation de faits. "La tentative de suicide est toujours soudaine, par contre" Surtout, il faut éviter de culpabiliser les proches "quand on souffre, on communique mal, on a des difficultés à aller chercher de l'aide. On rassure ses proches en disant "ça va passer" ou en dissimulant".

Christophe Debien explique "La stigmatisation des troubles psychiques est très ancrée dans notre société, c'est vu comme un aveu de faiblesse, c'est un frein dans l'accès aux soins" avant d'ajouter que "70 % des personnes qui font une tentative de suicide n'ont pas de maladie mentale". 

70 % des personnes qui font une tentative de suicide n'ont pas de maladie mentale.

Christophe Debien, médecin responsable du déploiement du 3114

Faire connaître le 3114

"Un enfant de 13 ans qui a des idées suicidaires ne va pas en parler à sa maman. Il faut des sentinelles, des gens, des profs parfois qui prennent le temps de regarder, de s'intéresser à l'autre. Le temps, ça se prend " poursuit Christophe Debien.

Alors, le Délégué interministériel à la jeunesse auprès du Premier Ministre, Mathieu Maucort est venu à Lille pour rencontrer les équipes qui ont participé à la mise en place de ce numéro et travaillent à la formation de "sentinelles".

Le projet 3114 porté par le CHU de Lille

À travers une équipe projet, nommée "Pôle national" et coordonnée par le Professeur Pierre Thomas, le CHU de Lille est chargé du déploiement, de la supervision, de l’animation, de la coordination et du développement du 3114. 

"C'est un outil utile, une innovation lilloise qui essaime au national. Désormais le 3114 est bien ancré dans le paysage national, il manque juste d'un peu de notoriété liée au fait que la santé mentale a longtemps été taboue" explique Mathieu Maucort, le délégué interministériel à la jeunesse auprès du Premier Ministre, en visite à Lille ce mardi 16 avril 2024.

Le 3114 compte actuellement 17 centres de réponse fonctionnant en journée. La nuit, à partir de 21 heures, les centres de Lille, Brest et Montpellier prennent en charge les appels de l’ensemble du territoire.

durée de la vidéo : 00h01mn42s
Ouverture du 3114 à Lille en octobre 2021 ©France Télévisions

"Mon soutien psy" évolue

Et puis, rappelle Mathieu Maucort, le délégué interministériel à la jeunesse auprès du Premier Ministre, a profité de sa visite au Centre hospitalier de Lille pour rappeler que Gabriel Attal vient d'annoncer l'évolution du dispositif "Mon soutien Psy". 

La séance remboursée passera de 30 à 50 euros pour le psychologue. L’accès direct sera possible, sans passer par le médecin généraliste. Le patient pourra bénéficier de 12 séances annuelles au lieu de 8.

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