Projet d'attentat : comment Clément Baur, alias Ismaïl Djabrailov, a réussi à duper la justice

C'est une histoire abracadabrantesque. Si les surveillants de la prison de Sequedin ne se souviennent pas de Clément Baur, l'un des deux hommes arrêtés à Marseille, c'est parce qu'il était incarcéré sous un autre nom. Retour sur l'histoire d'un homme aux identités multiples. 

Pour sa famille, il s'agit de Clément Baur, l'enfant né en 1993 dans le Val-d'Oise. Le jeune adulte qui, en 2015, disparait dans la nature. Sa tante lance un avis de recherche sur les réseaux sociaux. Elle indique que Clément a été vu pour la dernière fois à Marseille, gare Saint-Charles.

Ses parents sont inquiets. Sa tante précise également sa taille, son âge et un détail, qui fait sens aujourd'hui : Clément Baur parle aussi bien Français, Arabe... et Russe

 



En fait, Clément Baur utilise alors une autre identité, grâce à des faux-papiers. L'homme se fait appeler Ismaïl Djabrailov. Quelques jours seulement après l'avis de recherche diffusé par sa famille, nos confrères de la Voix du Nord font sa connaissance sur les bancs du Tribunal de Grande Instance de Lille. Le 19 janvier 2015, il comparait, sous le nom d'Ismaïl Djabrailov... pour usage de faux-papiers.

En l'occurence, des papiers lituaniens au nom d’Ismaïl Abdoulaef. A l'audience, il dit avoir acheté ces faux-papiers à Marseille "pour devenir ressortissant de l’Union européenne et pouvoir travailler. Je veux faire ma vie ici et je ne veux pas de problème." Il s'invente une histoire personnelle au Daghestan, évoque l’assassinat de son frère. 

 

En prison sous un faux nom


C'est donc en tant que Ismaïl Djabrailov, ressortissant russe, que Clément Baur est envoyé à la prison de Sequedin, là où il fera la rencontre de Mahiedine Merabet, condamné pour trafic de cannabis. "Nous ne connaissions pas à l’époque de détenu sous le nom de Clément Baur", indique un surveillant de cette maison d'arrêt. "Il s’agissait plutôt d’Ismaïl Djabrailov, incarcéré en 2015 à Sequedin et qui partageait la même cellule que Mérabet."

 



Les deux hommes restent ensemble entre le 19 février au 3 avril. A l'époque, "Ismaïl Djabrailov" est fiché S, Mahiedine Merabet pas encore. C'est à priori le premier qui va entraîner l'autre dans un processus de radicalisation. "Il était plus discret que lui et se disait issu de la "mouvance Tchétchène", précise le surveillant. 

 

La police ne le reconnaît pas


Un art de manier les fausses identités qui va même tromper les services de renseignement. Selon le procureur dela République François Molins, Clément Baur "n'a eu de cesse de changer de domiciliation et d'utiliser des alias", notamment celui d'un jihadiste tchétchène "connu pour avoir vécu à Verviers, et donc de se déplacer en France, en Belgique, en Allemagne".
 



Le 7 décembre 2016, le domicile de Merabet, à Roubaix, est perquisitionné. Les policiers découvrent un drapeau du groupe Etat islamique, de la documentation djihadiste. Mahiedine Merabet est absent, mais un autre homme se trouve dans l'appartement. A ce moment-là, ce dernier présente des papiers. Qui s'avèreront être faux : il s'agit en fait de Clément Baur...

 

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