La commission d'enquête a rendu son rapport au début du mois : aucune réserve quant à la construction de 295 logements sur le site de la Tribonnerie. Les opposants se disent "dépités".
Ils sont décidés à déposer un recours, "un recours gracieux pour demander un réexamen du dossier". Les membres du collectif "la Tribonnerie autrement" car selon eux, il est impensable de laisser 9 des 22 hectares de terres se transformer en 290 logements.
Pourtant, une première étape a été validée par le Tribunal administratif de Lille. La commission d'enquête a rendu son rapport le 2 janvier : aucune réserve, ni recommandation n'a été émise dans ce dossier. Avis favorable donc pour la transformation du site, pensée depuis 2000, selon le maire d'Hem, Francis Vercamer.
"Les délais sont très longs mais c'est normal, on respecte les lois, les procédures. Les travaux ne devraient pas commencer avant plusieurs mois, voire années", explique l'édile.
Car avant cela, il reste plusieurs étapes :
- la Métropole européenne de Lille doit entériner le rapport, d'ici au mois de juin
- une concertation publique doit avoir lieu avec les riverains, les agriculteurs, la MEL, l'administration, etc.
- avant une délibération sur cette zone à construire menée par la MEL...
- ...qui va ensuite nommer un aménageur en fonction du cahier des charges fixées
Mais les opposants ne veulent pas passer à l'étape 2 dans le dossier de la Tribonnerie.
On a l'impression que les techniciens qui ont étudié le dossier n'ont pas agi en toute impartialité, qu'ils n'ont pas sérieusement travaillé sur cet aménagement
Catherine Vandromme, collectif "la Tribonnerie autrement"
"Circulez, il n'y a rien à voir", c'est comme cela que les opposants perçoivent le rapport de la commission publique : "on a pourtant fait plusieurs propositions et surtout démontré que ce projet était insensé à l'heure de la loi climat ou du zéro artificialisation des sols".
De son côté, la mairie répond que le projet, initialement de 22 hectares, soit de l'ensemble des terres, a été réduit à 12 puis à 9 hectares, justement pour préserver des terres agricoles.
L'idée c'est surtout de répondre aux besoins en habitations : "dans la métropole européenne, l'année dernière, soutient le maire d'Hem, 65 000 demandes de logement n'ont pas pu être satisfaites". Il y a donc urgence, selon lui, à construire et ce terrain est une opportunité.
Le problème des opposants c'est qu'ils préfèrent avoir à côté de chez eux des champs plutôt que des logements sociaux
Francis Vercamer, maire de Hem
Le maire, également vice-président de la Métropole européenne de Lille, en charge de l'urbanisme et de l'aménagement, rappelle que 13 hectares de terres seront valorisés dans ce projet, soit en zones naturelles, officiellement un "une forêt urbaine et un espace de nature ouvert à tous" , soit en zones agricoles. Il précise d'ailleurs que sur les 3 agriculteurs en poste sur site en ce moment, seul un souhaite poursuivre son activité. Les deux autres prendront leur retraite une fois le permis de construction délivré.
Mais pour les opposants, préserver "uniquement" 13 hectares est insuffisant. Ils affirment que la ville a déjà construit plus de logements que n'importe quelle commune de la métropole et qu'au contraire, les Hémois ont besoin d'espaces verts.
"Plein de jeunes du coin veulent s'installer en tant que maraîchers mais on leur dit qu'il n'y a pas de terre, explique Catherine Vandromme, et les 13 hectares soi-disant d'espaces verts sont collés à la voie rapide, une aberration."
On va encore construire en dépit du bon sens, sans penser aux générations futures
Catherine Vandromme, collectif "la Tribonnerie autrement"
Le collectif prévoit de se réunir dans les jours à venir pour formuler le recours, en espérant cette fois être entendu : "nous, on fait juste preuve de citoyenneté dans ce combat".