Le 7 février, un incendie a détruit un engin de chantier et un immeuble dans le quartier de l'Alma, à Roubaix. Un incident qui ravive les tensions dans un quartier visé par un projet de rénovation urbaine mal accepté des habitants. Ce 18 février, les jeunes du quartier ont entrepris le nettoyage du bâtiment incendié.
"Nous, c'est quelque chose qui nous a fait mal, on a toujours dénoncé toutes les formes de violence. C'est le pôle famille qui a pris, là où les mamans faisaient à manger. On veut dire aujourd'hui que les jeunes de l'Alma se mobilisent pour que leur quartier soit comme neuf" défend Florian Vertriest.
Le 7 février, dans la nuit, un incendie s'est déclaré sur un engin de chantier stationné à l'angle de la rue Archimède et de la rue de l'Alma, à Roubaix. Entretenues par l'essence, les flammes se sont rapidement propagées à des barrières de chantier et à un immeuble attenant. Selon les informations de nos confrères de la Voix du Nord, l'incendie serait bel et bien volontaire.
Un plan de rénovation urbaine qui ne passe toujours pas
Le bâtiment abrite l'ancien accueil du centre social de l'Alma et les cuisines coopératives de l'association Manau. Ces locaux étaient voués à la démolition dans le cadre du plan de rénovation urbaine mené par la ville de Roubaix et subventionné par l'Etat, mais la coopérative Manau n'avait pas encore trouvé de solution pour reloger ses cuisines.
A l'Alma, les projets d'urbanisme de la mairie passent mal. Des habitants ont formé un collectif pour s'opposer aux démolitions du bâti prévues dans leur quartier, présidé par Florian Vertriest. Ce plan prévoit la démolition de 480 logements, dont 428 logements sociaux et la rénovation de 390 logements, ainsi que la construction de 90 logements neufs.
La mairie de Guillaume Delbar l'estime hautement nécessaire pour "trouver des solutions dans un quartier où il y a un manque d'équipements publics, des problèmes structurels dans la manière dont le logement a été conçu, des problèmes de sécurité". Les habitants eux, se sentant poussés dehors, dénoncent une mécanique de "grand remplacement".
Cet incendie sur un bâtiment symbolique du conflit qui oppose les habitants et la mairie ravive des tensions, alors que les deux parties se renvoient les soupçons.
"Oui, on a l'impression qu'on nous accuse"
"On prend le prétexte du NPRU pour détruire d'autres choses ?" s'offusquait ainsi le maire des quartiers Nord, Jean Deroi, dans les colonnes de la Voix. Le conseiller municipal d'opposition Michel David, partisan d'une révision massive du plan de rénovation, a pris moins de précautions en renvoyant dos à dos deux sortes "d'incendiaires" dans un message posté sur Facebook.
"Oui, on a l'impression qu'on nous accuse, y répond Florian Vertriest. Pourtant, d'habitude, quand il y a des incidents de ce genre dans le quartier, les grands frères finissent toujours par savoir qui c'est. Là, rien. Moi aussi, je pourrais demander à qui profite le crime."
Une trentaine de jeunes mobilisés
Pour apaiser la tension et marquer leur bonne volonté, les jeunes du quartier ont donc décidé de s'attaquer d'eux-mêmes à la réparation des dégâts. "Hier soir, on a commencé par nettoyer le trottoir, les sols, à la pelle et au karcher. On a attaqué le nettoyage des murs, aujourd'hui on a terminé ça sur tout le bâtiment" détaille Florian Vertriest.
Une trentaine de jeunes ont participé au chantier de nettoyage, qui a duré une bonne partie de cette journée du 18 février.