Pour la plupart d'entre nous, Corinne Masiero, c'est le Capitaine Marleau. Pour ses fans assidus, c'est aussi une femme qui n'a jamais caché ni son passé difficile entre drogue et prostitution, ni son présent radical entre films engagés et militantisme (souvenez-vous de son apparition sur la scène des César). Le réalisateur Christian François, qui l'a dirigé dans 3 longs-métrages met en avant son action avec les Vaginites. Un documentaire choc mais nécessaire.
Depuis #MeeToo et #BalanceTon Porc, la parole des femmes victimes de violences et d'agressions sexuelles se libère un peu plus... pourtant seulement 10% d'entre elles portent plainte contre leur(s) agresseur(s). Difficulté à accepter la situation, sentiment de culpabilité, honte, peur de n'être pas prise au sérieux par la justice et de devoir revivre de multiple fois le traumatisme au cours de la procédure, elles préfèrent garder le silence.
Stéphanie et Audrey Chamot, deux jumelles roubaisiennes ont vécu chacune de leur côté le drame d'un viol collectif. Musiciennes, elles montent "les vaginites" en croisant la route de Corinne Masiero, elle même victime d'inceste et de plusieurs viols dont elle a déjà fait le récit dans la presse. Pour ce trio, "parler, c'est déjà reprendre le pouvoir".
"Les vaginites" c'est une sorte de punk-opéra, sans limites apparentes. Elles soutiennent et accompagnent, elles donnent la parole à celles et ceux qui veulent la prendre, à celles et ceux qui n'osaient pas
Christian François, réalisateur
Et pourquoi "les vaginites"? Réponse des 3 compères : "parce qu'il faut que ça gratte". L'humour, même noir, n'est jamais très loin.
Et pour gratter, elles grattent... Le politiquement correct des rapports politiques et des commissions d'enquête, très peu pour elles. Les mots sont chantés, criés, hurlés parfois dans toute leur crudité, dans ce qu'ils peuvent avoir de choquant. Bref, elles décrivent la réalité des actes qui constituent un viol ou un inceste.
Dans le public, les sentiments se mélangent. Il y a ceux qui ne voyaient pas la Capitaine Marleau dans un registre aussi radical. Il y a des hommes mal à l'aise et il y a celles et ceux qui sont à la sortie des loges avec leur histoire sous le bras. Elles et ils parlent. Enfin.
Mesdames, si le 8 mars les hommes de votre entourage professionnel ou personnel vous souhaitent une bonne fête, après un merci de bon aloi, rappelez-leur que le 8 mars ce n'est pas la fête des mères, la saint-valentin ou le black friday.
Ensuite, vous pourriez essayer de leur rappeler qu'en 2021, selon le rapport Oxfam, 1/3 des femmes dans le monde a subi des violences ou des agressions sexuelles, que 67 pays ne considèrent toujours pas les violences domestiques comme un crime, que 43 pays n'ont aucune législation concernant le viol conjugal.
En France, si les chiffres de la délinquance avaient drastiquement diminués durant le confinement, le Midi-Libre rappelait que le seul chiffre en hausse entre celui des viols. En augmentation de 11% par rapport à l'avant-confinement.
Le chemin est encore long. Si la parole se libère, les forces de l'ordre et la justice ne se voient pas allouer de moyens supplémentaires pour enquêter et juger les coupables.
Nous les femmes - l'art qui répare
A voir jeudi 2 mars 2023 à 22h50 sur France 3 Hauts-de-France
Replay gratuit jusqu'au 2 avril
Réal. : Christian François
Une coproduction Nolita & France Télévision