Les chiffres sont effrayants. Un million d'enfants victimes de harcèlement chaque année en France. Un collège de Roubaix participe à la lutte contre ce fléau avec le soutien de l'association Marion, La main tendue. Une fresque et une vidéo y ont été réalisées. Des élèves ont accepté de devenir des ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement. Le clip est diffusé sur France Télévisions.
Parfois, il ne faut pas grand-chose pour changer une destinée. Nora Tirane en est persuadée. Si sa fille avait pu parler, être écoutée, elle serait encore là. Alors, cette maman se bat depuis 10 ans contre le harcèlement scolaire qui a poussé sa fille au suicide.
Ambassadeurs contre le harcèlement
Avec Marion, La main tendue, son association, elle parcourt sans relâche les établissements scolaires. À Roubaix, elle est venue accompagnée d'artistes-influenceurs, stars des réseaux sociaux pour s'adresser à des collégiens.
Ensemble, ils ont parlé, écouté, partagé leurs expériences, pleuré aussi. Et découvert la force de la bienveillance. Des élèves se sont proposés pour devenir ambassadeurs contre le harcèlement.
Nora Tirane explique la mécanique du harcèlement : "Il y a les leaders, mais il y a la perception de la victime ("toute la classe est contre moi") accentuée par les suiveurs, qui sont dans ce groupe et n'osent pas parler. Ils ne veulent pas le quitter, parce que l'appartenance au groupe, elle est bien plus importante que d'être isolés. Et puis, il y a les témoins silencieux, les spectateurs qui ne consentent pas à la violence. Le terreau du harcèlement, c'est la peur. Si on leur dit "n'ayez pas peur, vous êtes bien plus nombreux, il vaut mieux être un ambassadeur positif qu'un harceleur.
Alors, on démantèle, on casse la dynamique de groupe : chacun, petit à petit, en ne participant pas, en ne riant pas, en intégrant ce groupe va créer une meute positive."
Le terreau du harcèlement, c'est la peur.
Nora tirane, déléguée générale association La main tendue
Un groupe d'élèves a été formé à repérer les signes d'un harcèlement. Surtout à être attentifs dans les lieux où les adultes sont peu présents comme les vestiaires du sport, les toilettes, la cantine, la cour, les couloirs, sur le chemin de l'école.
"Former des élèves ambassadeurs partout dans notre pays permet de s’adresser directement aux élèves, qui comprennent qu’ils peuvent prévenir, voire mettre fin aux situations de harcèlement avec l’appui des adultes de l’établissement (équipes ressources). L’élève sensibilise les autres jeunes, détecte des situations de harcèlement, et plus largement, est à l’écoute et soutient ses camarades victimes. Aujourd’hui, ces élèves ambassadeurs sont encore malheureusement trop peu nombreux. C’est pourquoi nous appelons les élèves à s’engager et à devenir des leaders positifs" explique Nora Tirane, fondatrice et déléguée générale de l’association Marion la main tendue.
Selon une enquête réalisée en 2023 par l'Éducation nationale, plus d'un élève par classe est harcelé, 5 % en primaire, 6 % en collège et 4 % au lycée. Un fléau contre lequel Nora Tirane aimerait que plus d'enfants et d'adultes soient formés au sein des établissements scolaires.
Un élève est l'objet de harcèlement lorsqu'il subit, de manière répétée, des violences verbales, morales ou physiques de la part d'autres élèves. Ces actes de violence peuvent être des insultes, des moqueries, des brimades, le rejet, des bousculades, des coups, des vols.
Transformer les maux en mots
Avec les artistes présents à l'occasion de la 10ᵉ journée nationale de lutte contre le harcèlement, les élèves ont transformé les insultes qu'ils ont pu entendre en compliments ou phrases rigolotes.
Le harcèlement est présent dans tous les lieux de l'école : la cour de récréation (94 %), les couloirs (83 %), la salle de classe (60 %), ou encore la cantine (60 %). Il prend parfois la forme de mots de haines tagués directement sur les murs des écoles.
Le graffeur au million de vues sur Youtube, Bruno Graffer explique sa présence : "La question du harcèlement, ça me touche personnellement. J'en ai subi aussi au collège : il y a 10 ou 15 ans, la création de contenus n'était pas perçue comme "stylée". En plus de ça, je suis petit, donc moqué par rapport à ça. Je suis encore assez complexé par ma taille, encore aujourd'hui." Alors, il espère que son parcours aidera les jeunes : "En ayant subi du harcèlement, j'en suis là où j'en suis aujourd'hui. Et même, ça a pu me permettre d'être plus fort. On peut passer outre et combattre, mais si ça peut ne pas exister, c'est encore mieux".
Voir cette publication sur Instagram
Une vidéo tournée à Roubaix
Pour inviter tous les élèves de France à s'engager, trois artistes, Andréa, Pikanoa et Bruno Graffer ont tourné au sein du collège Saint-Exupéry de Roubaix une vidéo, avec le soutien d'une marque de shampooing.
Voir cette publication sur Instagram
Bruno Graffer affirme : "J'espère que la vidéo pourra planter une petite graine dans la tête de certains qui subissent du harcèlement pour pouvoir en parler. " La vidéo est diffusée sur France Télévisions.
Reportage d'Hélène Tonneillier et Sergio Rosenstrauch. Edité par Claire Chevalier.