Il se bat depuis 3 ans pour faire rapatrier sa nièce et son neveu, détenus avec leur mère dans un camp de prisonniers jihadistes situé dans le nord-est de la Syrie.
Il s’est battu pendant 8 ans pour que ce jour arrive, depuis le départ de sa sœur qui a rejoint les rangs de Daesh en Syrie. À plusieurs reprises, il a lancé des cris d’alerte pour sauver les centaines d’enfants enfermés dans les camps. Aujourd’hui, "(sa) vie reprend enfin".
Amine Elbahi, juriste de formation installé à Roubaix et encarté aux Républicains, se réjouit du rapatriement de quarante enfants et quinze femmes des camps de prisonniers jihadistes basés au nord-est de la Syrie. Parmi eux, la sœur du roubaisien, sa nièce et son neveu respectivement âgés de 6 ans et 7 ans et demi.
Ce jeudi 20 octobre, les enfants ont été remis "aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’object d’un suivi médico-social" tandis que les mères "ont été remises aux autorités judiciaires", précise le Quai d’Orsay dans un communiqué.
Amine Elbahi tient à préciser qu’il distingue la situation des enfants qui n’ont "rien demandé à personne et ont tout perdu au tirage au sort de la naissance" de celle des adultes. Nous lui avons posé trois questions.
France 3 Hauts-de-France : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cette opération de rapatriement ?
Amine Elbahi : J’ai mené un combat pour les enfants, j’ai mené un combat pour ma nièce et mon neveu, âgés de 6 ans et 7 ans et demi et qui étaient détenus dans un camp kurde en Syrie pendant trois ans, sous la pluie. Ils ne pouvaient pas manger à leur faim, ils n’avaient pas accès à l’eau. Ils ont été fortement malades.
Aujourd’hui, c’est un immense soulagement mais aussi le sentiment du devoir accompli à l’égard des enfants. Et je n’oublie pas à travers ce rapatriement le combat qui doit être encore porté pour sauver les plus de 170 enfants restants qui sont toujours détenus dans ces camps.
C’est une belle victoire face à l’idéologie islamiste parce que les islamistes pensaient un jour pouvoir récupérer ces enfants qui croupissaient dans ces camps.
Désormais, que va-t-il passer pour votre neveu et votre nièce ?
Ils viennent de descendre de l’avion, ils ont été hospitalisés pour une batterie d’examens médicaux et psychologiques pour savoir dans quelles conditions ils pourront être réinsérés. Le procureur de la république de Versailles a émis une ordonnance provisoire de placement. Très rapidement, ils vont être scolarisés. Ils ne seront pas séparés.
Nous formulons dès aujourd'hui une demande pour obtenir leur garde parce que nous sommes en capacité de le faire. Ils ont derrière eux une mamie et un oncle qui sont prêts à les aider et les accueillir. J’ai hâte et j’espère que ma vie va enfin redémarrer.
Et pour leur mère, votre sœur ?
Elle a été condamnée à la peine de 30 ans de réclusion criminelle. Elle est judiciarisée, elle a été placée ce matin à son arrivée en garde à vue pour 96 heures et elle aura l’occasion de rendre des comptes à la justice. Je n’appelle pas à avoir le moindre angélisme pour les adultes.
Je ne vous dis pas que j’entends couper tout contact avec ma sœur mais elle a fait un choix sur lequel elle devra s’expliquer. Bien sûr, ça fait 8 ans et elle a eu l’occasion d’exprimer un certain nombre de remords et de regrets. Mais pendant 5 ans, elle a été membre d’une organisation terroriste et donc elle aura l’occasion de s’expliquer, de se défendre.
La première fois où j’aurai l’occasion de la revoir, je vais l’inviter à tenir une attitude digne, honnête et responsable. Dire ce qui s’est passé, assumer ces faits. Elle est grande, elle assume ses choix. Les adultes doivent répondre de leurs actes.