Roubaix : Edouard Philippe veut développer une "écologie souriante" qui ne soit pas qu'un "truc de bobo"

Pour sa rentrée politique, Edouard Philippe s'est rendu à Roubaix ce jeudi 29 août, une ville où 500 familles expérimentent le zéro déchet.

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Place à "une écologie souriante" qui ne serait pas qu'un "truc de bobo" : Edouard Philippe a teinté de vert sa rentrée politique, comme promis pour l'acte II du quinquennat, en réservant son premier déplacement à Roubaix, terrain d'une expérimentation zéro déchet.
 
Mi-perplexe, mi-amusé, le Premier ministre observe une pincée de poudre de coquille d'œuf versée dans le creux de sa paume et l'étale avec son pouce. "Eh bien, j'ai appris quelque chose", souffle-t-il en s'adressant à Magdalene Deleporte, habitante de Roubaix, qui vient d'expliquer avoir récuré
efficacement et à peu de frais, le fond de son compotier grâce à cette astuce.
 


1500€ d'économisés grâce au zéro déchet


À l'heure où l'exécutif a choisi d'insister sur la thématique environnementale, cette visite dans la ville du Nord, frappée d'un important taux de pauvreté - 44,3% en 2016 selon l'Insee -, doit illustrer la possibilité d'une écologie du quotidien bénéfique à la population.
 
"Une écologie souriante", lance même Edouard Philippe, reprenant à son compte une expression du maire (DVD) Guillaume Delbar. "Ce qui nous a intéressés, c'est d'essayer de battre en brèche une idée un peu agaçante selon laquelle tout ce qui est économie circulaire, réemploi, recyclage, ce serait un truc de bobo", développe-t-il.
 
"C'est bon économiquement et bon écologiquement", témoigne-t-il encore devant la presse, en prenant pour preuve les calculs de Mme Deleporte, qui fait partie des 500 familles zéro déchet de la ville : 1500€ épargnés par an en fabriquant soi-même lessive, shampoing ou éponges, soit "2 semaines de vacances" avec son mari et ses deux filles.

En moyenne, les familles "zéro déchet" produisent 4 fois moins de déchets non recyclés que la moyenne roubaisienne, selon la mairie. Les 50 écoles de Roubaix participent aussi au projet notamment en "réduisant la quantité de déchets produits par les restaurants scolaires" et en "luttant contre le gaspillage alimentaire".

Une quarantaine de commerçants ont aussi signé une charte d'engagement prévoyant le recyclage des déchets et la suppression des sachets.

 
"Il ne s'agit pas de dire que tout le monde doit vivre comme cela, mais il s'agit de dire que c'est possible et que nous pouvons, avec un certain nombre de textes, avec un certain nombre d'incitations de la part du gouvernement, favoriser ceux qui font ce choix", plaide-t-il encore.

Accompagné de la nouvelle ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, de la secrétaire d'Etat Brune Poirson, ou encore du patron de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe) Arnaud Leroy, le Premier ministre a longuement écouté des entrepreneurs roubaisiens spécialisés dans l'économie circulaire.
 
Il en est ressorti avec "beaucoup de pêche" et la conviction que le projet de loi anti-gaspillage, dont l'examen va débuter au Parlement fin septembre, "va dans le bon sens".
 

"Les Français ne veulent pas une taxe mais que les choses bougent"


Lui qui ne prétend "pas du tout être le plus vertueux ni le plus exemplaire" en la matière l'assure : "j'ai compris que le sujet est important". Au fond de la cuisine de Mme Deleporte, il embraye : "ce que je retiens à l'issue du Grand débat, c'est que les Français veulent qu'il se passe quelque chose. Pas une taxe, mais que les choses bougent".
 
L'exécutif a donc saisi la balle au bond, à l'image de l'activisme vert d'Emmanuel Macron durant le G7, prompt à défendre l'Amazonie et à dénoncer  l'accord de libre-échange UE-Mercosur. "J'ai changé ces derniers mois, très profondément", martèle le chef de l'Etat.
 
Idem au gouvernement où "on veut montrer qu'on ne lâche pas la balle, qu'on a compris le problème et que ce n'est pas qu'un sujet pré-élection européenne", prévient un proche du Premier ministre.
 

Un engagement dû à la percée des Verts ?


À ceux qui corrèlent cette accélération au score important obtenu par la liste des Verts aux européennes (13,5%), Edouard Philippe rétorque que cette volonté "de s'engager davantage" en matière d'écologie n'est "pas un choix de circonstance".

"J'observe qu'il y a quelque temps, ils nous disaient qu'on ne faisait pas assez et maintenant j'entends qu'ils disent qu'on en fait trop", grince-t-il, en rappelant qu'Emmanuel Macron avait "placé ce thème au cœur de l'acte II" du quinquennat.
 
Il n'en reste pas moins que le redressement progressif de la cote de popularité de l'exécutif après la crise des "gilets jaunes" semble être en partie dû au succès enregistré auprès des électeurs Europe Ecologie Les Verts : 41% de satisfaits en août, +14 points par rapport à juillet selon un sondage Ifop. Une donnée non négligeable à 7 mois des municipales.
 
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