Les résidents, qui souffrent de maladies différentes, tentent de mener une vie "normale", aidés par du personnel encadrant.
Pour certains, c'est leur premier "chez soi", pour d'autres, le seul où ils se sentent bien. Depuis un an, 24 adultes vivent dans une résidence d'un nouveau genre, à Roubaix, faite pour accueillir des personnes souffrant de troubles psychiatriques.
Les locataires quand ils me voyaient ils me prenaient pour un animal
"Ici c'est mon logement" déclare fièrement Rahim, résident aux Berges du Sartel. "Mon ancien appartement était insalubre, les locataires quand ils me voyaient ils me prenaient pour un animal. Ils me parlaient pas, ils avaient peur de moi. Moi, depuis que j'habite ici, j'ai jamais eu de problème !"
À travers leur nouvelle vie collective, les résident mènent l'existence la plus "normale" possible, chapeautés par une éducatrice et une animatrice,. "Ces moments-là, les petits-déjeuners, c'est important parce qu'on voit leur relation entre eux, s'ils ont passé une bonne soirée ou une bonne nuit" confie Delphine Queva-Parquet, éducatrice et responsable de la résidence. Pour autant, "c'est important, le collectif, mais c'est pas non plus une fin en soi. Mon but, c'est qu'ils se sentent bien chez eux, et en sécurité."
La sécurité, un critère primordial pour certains patients qui ont souffert une partie de leur vie. À l'image d'Yves, qui se confie au détour d'une après-midi "jeux" : "Mon appartement, c'était sale et moi aussi, y avait de la misère. Mon père buvait, il tapait sur ma mère à coups de hache et tout." Et aujourd'hui ? "J'aime bien être ici parce qu'on s'entend bien entre nous. On est tous copains, y a pas de différences."
Le but, c'est aussi qu'on ait plus besoin d'être là
Chaque jeudi, Solveig, l'une des animatrices, emmène un résident faire les courses. "L'idéal, ça serait qu'il y ait plusieurs résidents qui aillent faire les courses un jour sans nous. Le but, c'est aussi qu'on ait plus besoin d'être là."
Cette résidence s'adresse à "des patients qui sont en difficulté de relation sociale, en grande précarité, en grand isolement social, qui n’ont pas de famille ou une famille qui n’a pas les capacités d’accompagner ces personnes qui ont des troubles psychiatriques et qui nécessitent des soins au long court, de pouvoir leur proposer un environnement rassurant et qui de ce fait participe des soins qui leur sont proposés" souligne le Dr. Marc Debrock, chef de pôle du secteur psychiatrice de Roubaix centre, qui a accompagné le projet depuis sa genèse il y a sept ans.
Outre le loyer, le coût s'élève à 16 euros par jour et par résident, contre 750 euros pour une journée d'hospitalisation en hôpital psychiatrique. "L’objectif n’est pas d’alléger le coût même s’ils sont moins hospitalisés qu’avant. Ils sont surtout mieux accompagnés au quotidien et donc ils ont une meilleure qualité de vie."