Le réalisateur originaire de Roubaix s'est inspiré de la démarche d'Alfred Hitchcock pour Le Faux coupable, qui avait eu l'idée de son film en lisant un fait divers dans les journaux.
Avec Roubaix, une lumière, dans les salles mercredi 21 août, Arnaud Desplechin se lance pour la première fois dans le polar, avec Roschdy Zem dans le rôle principal, aux côtés de Léa Seydoux et Sara Forestier.
En compétition au dernier festival de Cannes - d'où il est revenu bredouille -, le film est tiré d'un fait divers qui s'est déroulé à Roubaix en 2002 : l'assassinat d'une vieille dame par deux jeunes femmes.
"J'ai eu envie qu'il n'y ait plus aucune fiction"
Le personnage principal, le commissaire Daoud interprété par Roschdy Zem, est un homme charismatique et plein d'humanité, connaît parfaitement son métier et sa ville. Il fonctionne à l'instinct et s'efforce de ne jamais juger ses interlocuteurs. Il a face à lui une nouvelle recrue qui vient d'arriver, Louis Coterelle, incarné par Antoine Reinartz (120 battements par minute), nerveux, qui multiplie les erreurs de jugement.
Alors qu'ils croisent au détour d'une enquête deux jeunes femmes démunies, alcooliques et amoureuses qui habitent dans une courée, Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier), ils vont les retrouver après le meurtre d'une vieille dame, leur voisine.
"Ce qui m'a guidé, ce n'est pas tellement l'appétit de policier", avait expliqué à Cannes le réalisateur. "Je venais de faire un film, Les Fantômes d'Ismaël, qui était une débauche de fiction. Et j'ai eu envie qu'il n'y ait plus aucune fiction", ajoutait-il. Il a précisé s'être inspiré dans sa démarche de celle d'Alfred Hitchcock pour Le Faux coupable, qui avait eu l'idée de son film en lisant un fait divers dans les journaux.
"Un portrait de Roubaix"
Arnaud Desplechin a été inspiré notamment par un documentaire tourné en 2002 par le réalisateur Mosco Boucault, parti filmer la vie du commissariat de Roubaix et qui avait de manière inattendue assisté aux aveux en direct de deux jeunes femmes dans une affaire de meurtre.
"J'ai désiré rencontrer le réalisateur de ce documentaire, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. Et pour le film, un peu à la manière d'Elephant de Gus Van Sant, qui était basé sur le téléfilm anglais, je me suis basé beaucoup sur le travail de Mosco Boucault", raconte-t-il, soulignant qu'il "ne voulait pas de romanesque" au départ, mais que celui-ci était "revenu au galop".
Décrivant dans la première partie du film la vie du commissariat de Roubaix et de son héros, le réalisateur fait aussi un portrait de la ville où lui-même est né et a grandi, à travers le regard de son personnage, interprété de façon convaincante par Roschdy Zem. "C'est en même temps un portrait de Roubaix, et un portrait du commissaire Daoud", dit-il.