Un référé 145 a été déposé devant le tribunal de commerce de Lille pour savoir comment après deux ans de gestion par la Financière Immobilière Bordelaise, 2600 salariés de Camaieu se sont retrouvés au chômage.
Un mois après la liquidation de Camaieu et la fermeture définitive de ses magasins, plusieurs questions restent en suspens. Les 2600 salariés licenciés cherchent toujours à comprendre un crash aussi rapide : deux ans après le rachat de l'entreprise par l'homme d'affaires Michel Ohayon, 332 ex-salariés réclament des documents à la justice sur la gestion de leur ancienne entreprise.
Invité hier du JT 19/20 vendredi 4 novembre de France 3 Nord Pas-de-Calais, Fiodor Rilov, avocat de la CGT Camaieu veut comprendre "un ensemble de décisions qui se sont produites et qui ne sont pas justifiées"
Laurent Navez : Le 24 novembre, une audience est prévue devant le tribunal de commerce de Lille. Quel en est l'enjeu ?
Fiodor Rilov : "Les salariés ont vécu une véritable catastrophe sociale à laquelle ils ne s'attendaient pas, puisqu'il y a moins de deux ans on leur faisait la promesse que la société Camaieu serait redressée et que son activité serait pérennisée. Or aujourd'hui, ils sont licenciés et ils sont tous licenciés. Plus de 2000 ruptures de contrat de travail. C'est une catastrophe : pas seulement pour eux, mais aussi pour le pays. Parmi ces ex-salariés, 332 d'entre-eux m'ont mandaté pour lancer une action devant le tribunal de commerce de Lille pour obtenir tous les documents, toutes les pièces qui permettront de faire la lumière sur ce qui s'est passé.
Laurent Navez : Que cherchez-vous à mettre en évidence ? Des erreurs ? Des fraudes ?
Fiodor Rilov : "Cette action en référé 145 est assez banale. C'est une action qu'on mène à chaque fois qu'on envisage de faire un procès. Pour mettre en cause éventuellement ensuite la responsabilité de telle ou telle société ou telle ou telle personne. (...) Pour préparer ce procès, on demande aux juges de condamner les personnes qui ont les informations pertinentes à les fournir, pour ensuite apprécier ce qui s'est passé et identifier d'éventuelles fautes et les porter ensuite à la connaissance des juridictions compétentes".
Laurent Navez : Je reprends les mots d'une ancienne salariée qui disait 'qu'est-ce qu'il a fait pour nous planter aussi vite'... en pointant Michel Ohayon. Vous suspectez certaines de ses décisions mais on ne peut pas parler d'infraction pénale ?
Fiodor Rilov : Malheureusement, en France, s'il y a une infraction pénale financière, les salariés ne sont pas reconnus comme des plaignants légitimes. C'est pas un terrain sur lequel nous sommes aujourd'hui. En revanche, nous sommes évidemment à la recherche d'explications sur un certain nombre d'opérations qui nous paraissent particulièrement inhabituelles. Il y a tout un ensemble de décisions qui se sont produites et qui ne sont pas justifiées".