Assassinat de Karine Lefebvre : la cour confrontée à l'insoutenable vidéo des faits

Une vidéo de l'agression mortelle a été diffusée aujourd'hui à l'audience. Avant le drame, la victime était harcelée depuis plusieurs mois.

Cette semaine est jugée l’assassinat de Karine Lefebvre aux assises du Nord. Professeure des écoles à Saint-Amand-les-Eaux, son corps a été retrouvé dans sa voiture en septembre 2020. Le véhicule était immergé dans la Scarpe. Son ancien compagnon Miguel Costanzo a reconnu être à l’origine de cet assassinat dès l’ouverture du procès.

Des images glaçantes. La cour d’assises de Douai a vécu l’insoutenable ce jeudi 30 mars. Karine Lefebvre se savait épiée et suivie depuis des mois, elle avait donc installé une caméra de vidéosurveillance dans sa voiture.

Le soir du 25 septembre 2020 aux alentours de 23:50, elle rentre garer sa voiture au retour d’une soirée chez une amie. La caméra enregistre. Alors qu’on la voit sortir et ouvrir son garage, son agresseur surgit et la frappe à l’aide d’une matraque télescopique. Une fois au sol, il tente de l’étouffer. La victime se débat mais l’agresseur parvient à la plaquer au sol de longues minutes. Une fois la victime inanimée, il transporte le corps dans le coffre et nettoie le sol avec le manteau de Karine Lefebvre.

Il prend ensuite le volant du véhicule et finira par arracher la caméra. Dans son box l’accusé n’a pas le courage de voir ces images. La salle d’Audience est écrasée, des larmes coulent sur les visages. Un tel document est rarissime. Il a permis de confondre l’accusé, d’après l’avocat des parties civiles.

"Ce drame aurait pu être évité"

Un témoin

Au deuxième jour des audiences, les témoins qui défilent reprennent tour à tour la même idée : "ce drame aurait pu être évité" Des amis de la victime ainsi que son fils prennent la parole.

Ce dernier fond en larme à l’évocation de sa mère, Karine Lefebvre. "Je suis content pour ma mère que ce procès ait lieu. Elle doit être soulagée, elle qui a été traitée de menteuse"

Car ce qui a été mis à jour au cours de cette journée, c’est le chemin de croix vécu par la victime avant le drame. Sans cesse poursuivie et harcelée par son ex compagnon. Ce que révèle tout d’abord l’examen de l’ordinateur de cette femme. Elle y consigne des détails précis et horodatés du comportement de l’accusé.

Parmi ces notes lues par un expert en informatique à la barre, des éléments se répètent et font froid dans le dos : "Il m’attend au rond point, il me suit, m’insulte quand je suis à pied, me menace de mort"

La victime, se sachant harcelée et épiée, a même posé une caméra de vidéo surveillance dans sa voiture. Des extraits vidéos sont lus à l’audience. On y entend Karine Lefebvre en train de conduire : "il vient de me suivre" explique-t-elle a une amie, "J’ai un visiteur", à l’écoute ces quelques mots, la famille de la victime fond en larmes. Un autre extrait montre le véhicule de l’accusé la dépasser de façon cavalière, comme pour l’impressionner.

Une amie témoigne à la barre "une fois nous étions avec Karine en terrasse d’un restaurant. Il nous a repéré et n’a pas arrêté de tourner autour de nous en voiture. Nous avons du abréger le repas"

L’accusé est invité à réagir : "C’était une obsession, J’avais besoin de savoir où elle était, avec qui elle était. J’avais besoin de faire voir que j’étais là"

"On lui a répondu qu'il fallait qu'elle arrête son cirque"

Un témoin

Un point crucial est alors évoqué : "je l’ai accompagné pour porter plainte au commissariat de Saint-Amand, on a été reçu comme des riens"

La victime a-t-elle été prise au sérieux ? "On lui a répondu qu’il il fallait qu’elle arrête son cirque, qu’on était pas dans une série américaine, que lui aussi pouvait plainte contre elle" regrette le témoin. La juge explique qu’une procédure disciplinaire est en cours à l’encontre de la personne ayant reçu la plainte tout en rappelant "le problème n’a pas été bien pris en compte"

L’amie de la victime, assure, amère "Si elle avait été écoutée, on n’en serait pas là aujourd’hui, tout au moins, elle ne serait pas partie avec l’esprit d’être incomprise. Elle se sentait démunie"

L’accusé, les yeux dans le vague durant tout ces témoignages est invité à réagir par la juge : "Vous demandez pardon ? – J’aurais aimé leur demander pardon, mais je suis impardonnable…"

"Déjà pour moi c’est dur, alors pour eux..."

l'accusé

Avant de poursuivre à l’attention des enfants : "Je sais que je vous ai fait mal, je m’excuse mille fois, je m’excuse 1000 fois, je vous aimais mes petits… si je pouvais mourir, je le ferais tout de suite… je ne suis pas un monstre. Je n’aimerais pas être à leur place, Déja pour moi c'est dur, alors pour eux…"

Un autre élément est évoqué lors de cette journée : l’ex-épouse de l’accusé avait déjà fait part d’accusations de violence et menaces de mort à son encontre en 1997.

Le procédé "est identique" selon la juge : harcèlement, poursuites en voiture, menaces de mort incessantes. Lors d’une scène de violence, l’ex-épouse avait reçu des coups à la tête, générant cinq jours d’ITT. Elle avait finalement retiré sa plainte.

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