Le Salon de l'agriculture ouvrira ses portes le 25 février et, comme de coutume, la région Hauts-de-France y tiendra un stand bien garni. Mais l'événement se tiendra dans un contexte difficile. Le secteur est touché par plusieurs maux dont la sécheresse devenue chronique.
"Je ne veux pas tomber dans le pessimisme mais dans le réalisme. On est relativement prudents et un peu inquiets pour aborder 2023." Le message de Marie-Sophie Lesne, vice-présidente régionale chargée de l'Agriculture, est clair.
Le 25 février s'ouvre le Salon de l'Agriculture 2023. La région y tient un stand de 300m² carré avec un panel d'exploitants et de spécialités régionales. Le rendez-vous, le plus convoité de la profession, est traditionnellement un lieu d'échanges, de fête et d'un défilé de personnalités politiques. Mais il s'ouvre cette année dans une ambiance plutôt morose pour le monde agricole.
La sécheresse, coup d'arrêt pour tout un secteur
2022 a été l'année la plus chaude depuis le début du XXe siècle et les agriculteurs ont été les premiers touchés par la sécheresse. La région accuse par exemple 10% de perte des récoltes céréalières. Parmi les filières en souffrance, on peut aussi citer les éleveurs et toutes les productions dépendantes de l'herbage. "Je pense aux agriculteurs conventionnels qui utilisent les prairies. C'est le cas particulièrement dans l'Avesnois, où on a dû taper dans les stocks de 2021."
Enfin, l'ensemble de la filière bio, souvent en tout-herbe, a accusé le coup dans son ensemble, qu'il s'agisse de la production de légumes, d'oeufs ou de lait.
La situation est d'autant plus critique après les derniers revirement de la Politique Agricole Commune (PAC) qui coordonne les aides européennes. Les aides au maintien de l'agriculture biologique ont disparu pour réorienter les fonds vers des aides à la conversion. Dans le contexte climatique actuel, cette aide aurait pourtant été salutaire pour les exploitants bio.
Nos agriculteurs jettent l'éponge
A ces rudesses du climat s'ajoute le contexte économique et l'inflation qui galope depuis 2021. "On est à +24% sur le coût des aliments pour le bétail, +47% sur les prix de l'énergie et +93% sur le prix des engrais. Ce contexte inflationniste frappe donc très fort les moyens de la production agricole" illustre Marie-Sophie Lesne, lors de la conférence de presse dédiée au Salon de l'Agriculture.
Une partie des pertes a cependant été épongé par une hausse de la rémunération des agriculteurs qui, dans le secteur céréalier, a augmenté de 50%.
La ferme Hauts-de-France s'en sort globalement bien, mais le constat général cache de fortes disparités.
Marie-Sophie Lesne
La toile de fond nationale n'est pas non plus réjouissante. L'agriculture française est globalement en perte de compétitivité. Le pays est passé du 2ème au 5ème rang des exportateurs mondiaux et fait face à la concurrence de la Russie sur ses marchés historiques, notamment en Afrique du Nord.
La question de la souveraineté alimentaire est, elle aussi, revenue sur le devant de la scène. "Nous importons deux fois plus de produits agricoles qu'avant. Ces importations représentent la moitié de ce que consomment les Français et c'est un élément qui peut aussi nous interpeller, précise la vice-présidente à l'Agriculture. Il faut continuer à encourager la production de qualité et les labels mais il faut aussi veiller à rester une agriculture productive qui puisse nourrir les Français."
Face à ces difficultés chroniques, le nombre d'agriculteurs est en baisse continue depuis 10 ans. Seuls 1 départ à la retraite sur 3 est remplacé.
La région au secours du bio et des éleveurs
La région Hauts-de-France a donc annoncé son intention de prendre plusieurs chantiers à bras-le-corps, en concentrant ses efforts sur la filière bio ainsi que sur les éleveurs, un choix "complètement assumé". La signature officielle du plan de développement de l’Agriculture Biologique 2023-2027 aura d'ailleurs lieu sur le stand des Hauts-de-France le premier jour du Salon.
Le conseil régional travaille d'ores et déjà à l'élaboration d'une aide pour tous les herbagers au sens large, qui recouvrira aussi la filière biologique. Cette aide viendrait en partie compenser les pertes de la PAC et vise à aider les exploitants à se relever des crises climatiques. "On est à plus de 1400 fermes bio en région et on y tient, on ne veut pas avoir soutenu cette dynamique pendant 3 ans d'efforts pour les abandonner."
Le sujet de l'autonomie alimentaire des exploitations devrait occuper le devant de la scène. "Cette question que nous devons résoudre, c'est aussi un moyen de faire entrer le plus grand nombre d'agriculteurs possibles dans l'agro-écologie. Parler d'autonomie alimentaire, c'est le meilleur moyen de rendre cela concret. Avec une meilleure gestion technique du troupeau, une meilleure gestion des hectares de pâture, du stockage, on peut aussi sauveur leur rentabilité économique", revendique Marie-Sophie Lesne.
En 2023, la région créera ainsi une aide à la régénération des prairies et une aide à la structuration des filières. "On ne part pas de rien, ces efforts ont déjà été entamés, il faut qu'on fasse le point pour accélérer la tendance" conclut la vice-présidente.
Un stand Hauts-de-France très gourmand
Malgré ces difficultés structurelles, les Hauts-de-France restent la première région agricole de France, le siège du 1er port de pêche français et vient de s'offrir le label Région européenne de la gastronomie 2023. L'occasion du salon de l'Agriculture est donc trop belle pour être gâchée par la morosité économique.
"On a évidemment des producteurs, des éleveurs qui seront présents et un espace important dédié à la pêche et aux éleveurs marins. Nous aurons une boutique de Saveurs en'Or et Terroirs des Hauts-de-France. Nous avons évidemment un restaurant et cette année, nous avons également une friterie qui proposera des dégustations deux fois dans la journée" se réjouit Eric Dreano, directeur adjoint de la communication de la Région.
Les exposants ont été sélectionnés par la Chambre régionale d'Agriculture et sont chargés de faire saliver les visiteurs. Sur le stand, on retrouvera par exemple la confiserie Despinoy, créatrice de la célèbre Bêtise de Cambrai ou la brasserie la Choulette, prix d'excellence 2023 du Concours agricole.
Vous pourrez aussi profiter des animations assurées par des chefs cuisiniers qui se relaieront pour faire découvrir et déguster la gastronomie des Hauts-de-France. Au programme également, des quizz pour découvrir le patrimoine touristique et gastronomie des Hauts-de-France.