Le président du LOSC Gerard Lopez s'est exprimé mercredi en conférence de presse sur le rôle de Scoutly Limited, fililale londonienne de sa holding Victory Soccer, en charge de dénicher de futurs talents à travers le monde.
C'est un maillon peu connu de la structure juridique internationale mise en place autour du LOSC par Gerard Lopez. Scoutly Limited a été créée le 17 février 2017 à Londres, au Royaume-Uni, peu de temps après le rachat du club nordiste par l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois. Il s'agit d'une filiale à 100% de Victory Soccer la société-mère du LOSC, co-détenue par Gerard Lopez et son associé catalan Marc Ingla (voir infographie ci-dessous).
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Mercredi, lors de la conférence de presse donnée à Luchin pour officialiser la prolongation de contrat du coach Christophe Galtier, le président et actionnaire majoritaire du LOSC a accepté de s'exprimer pour la première fois sur le rôle et le fonctionnement de cette structure en charge du scouting, un terme anglais qui désigne à la fois le repérage, la supervision et l'évaluation des meilleurs talents footballistiques.
"Son rôle est simple", a expliqué au micro Gerard Lopez, qui est aussi le directeur de Scoutly Limited. "Il y a de mémoire 19 recruteurs dans cette structure-là, plus 8 ou 9 recruteurs encore pour la formation des jeunes. Et le rôle de cette structure en fait, c'est d'agir sur des marchés, quels qu'ils soient. On est plutôt bien organisés sur des marchés comme l'Amérique du Sud, l'Europe de l'Est, l'Europe du Nord, la France aussi... pour trouver deux types de joueurs : les joueurs susceptibles d'intégrer directement le groupe pro - soit en renforcement soit en remplacement -, et des joueurs qui ont pour vocation d'être intégrés, d'être formés encore au club, en-dessous du groupe pro".
"La raison pour laquelle c'est sous un autre nom, c'est que ça nous donne une certaine indépendance", justifie le patron des Dogues. "On a une situation particulière, c'est quand Luis (Campos, conseiller du président en charge du recrutement NDR) va voir un joueur... s'il s'annonce, automatiquement, il va y avoir du monde qui va s'intéresser à ce joueur... donc cette indépendance nous permet, pas toujours mais souvent, de passer un peu plus inaperçu quand on va faire du scouting, surtout dans des régions un peu plus lointaines."
La société a déjà changé de nom puisqu'elle s'appelait initialement Victory Sports Services & Technologies avant d'être rebaptisée Scoutly fin janvier 2018.
"On m'a présenté 1000 joueurs"
Assis à ses côtés pendant la conférence de presse, l'entraîneur lillois Christophe Galtier a fait part de son enthousiasme, voire de son admiration, pour le travail effectué cette structure externalisée, capable visiblement de proposer un très large panel de joueurs et de profils. "J'ai assisté à l'une des réunions de cette cellule de recrutement", témoigne le coach. "On m'a présenté 1000 joueurs. Identifiés, suivis, supervisés, décortiqués. Ça s'appelle l'anticipation à tous les postes. Pour un entraîneur, dans le travail au quotidien, croyez-moi, vous vous libérez de la pression de penser qui va remplacer untel. On sait qu'en amont, à côté, on a une structure qui travaille énormément et qui travaille à travers le monde, à tous les postes."
Et Christophe Galtier de citer l'exemple du recrutement de Zeki Çelik, l'été dernier. "Quand Luis (Campos NDR) nous parle d'une doublure au poste de latéral droit et qu'il nous parle d'un jeune joueur turc de 2e division, vous avez sûrement été nombreux à dire : "Ah bon ? Un joueur de ce niveau-là ?". Oui, mais le petit Çelik, il a été suivi, analysé, décortiqué, et voilà la preuve du travail qui est fait en amont."
"Pourquoi le mercato d'été a été efficace ? Pas parce qu'on a eu de la chance mais parce qu'il a été commencé en novembre de l'année d'avant", appuie son président. "Là, sur le mercato d'hiver, s'il y a des joueurs qui partent, on sait ce qui va se passer, et c'est pareil en été. On est déjà depuis octobre cette année, non pas déjà sur le mercato de janvier, mais sur le mercato de cet été."
Scoutly "n'a aucune vocation commerciale"
Du coup, est-ce que Scoutly permet aussi au LOSC de sceller des accords ou pré-accords avec des joueurs et leurs agents bien en amont de leur recutement, histoire de ne pas se faire chiper quelques jeunes pépites par la concurrence ? "Non, cette cellule-là n'a pas un travail économique, de négociation ou de mise en contact avec des agents", répond Gerard Lopez. "Le seul travail de cette cellule-là, c'est vraiment la découverte de joueurs... et souvent de joueurs qui ne serviront à rien, car on regarde énormément de joueurs qui sont très bons, mais sur des postes où on est pourvus et où il n'y a pas de changement. Mais on prévoit quand même toujours qu'il puisse y avoir quelque chose, une blessure par exemple...."
"La vocation de cette cellule est entièrement et purement de scouting", insiste-t-il. "Elle n'a aucune vocation commerciale, parce que pour qu'il y ait cette vocation commerciale, il faut qu'il y ait un besoin et un intérêt, et ça, les scouts ne le savent pas : eux nous disent, par exemple, j'ai un ailier droit qui est très très très bon, nous il se trouve qu'on a déjà Nicolas Pépé ; ils nous disent "J'ai un défenseur central d'un certain âge qui est très très bon", nous on a déjà José Fonte qui très expérimenté... mais c'est leur métier. Leur métier, c'est de ratisser un peu plus large et après, nous, effectivement, on donne des besoins qui peuvent être spécifiques et après ça devient très spécifique."
Scoutly Limited, qui facture ses prestations au LOSC, n'en demeure pas moins une structure rentable puisqu'elle a dégagé un bénéfice de 611 260 euros au terme de sa première année d'existence, selon les comptes publiés au registre du commerce britannique. Au 31 décembre 2017, elle affichait également 795 111 euros de créances et une faible dette de 245 716 euros.
La filiale de Victory Soccer a investi principalement dans l'informatique. "On a une base de données qui est propriétaire, avec un soft (logiciel NDR) aussi qui est aussi propriétaire qui nous permet à n'importe quel moment d'avoir des discussions intelligentes sur des choix", explique Gerard Lopez. "Et sans doute, la plus grosse fierté, c'est d'arriver à trouver des joueurs qui sont soit méconnus parce qu'ils sont dans des championnats ou des endroits pas exotiques, mais un peu moins courus par la plupart des clubs, ou parfois - et là il y a vraiment une fierté, de trouver le joueur qui est au vu et au su de tout le monde mais que personne ne semble suivre, peut-être parce qu'il est perdu dans son équipe en France..."
Le président et actionnaire majoritaire du LOSC se targue en tout cas aujourd'hui d'avoir constitué "la plus grosse cellule de recrutement en France, peut-être l'une des plus grosses en Europe".