Le Secours populaire, association de solidarité connue notamment pour ses distributions alimentaires, a enregistré une augmentation de 15 % des demandes de séjour de vacances en un an. Une tendance qui se dessine également dans les associations des Hauts-de-France, où les réalités financières peinent à suivre la hausse des demandes.
Inflation, prix du carburant, peur de l'avenir... Cet été, entre 35 % et 40 % des Français prévoyaient de ne pas partir en vacances, selon des sondages IFOP pour Paris Première et CSA pour Cofidis, publiés en juin dernier. Dans près de la moitié des cas, le manque de moyens est le motif avancé par les non-vacanciers.
Un problème d'accès aux séjours qui se reflète dans les derniers chiffres publiés par le Secours Populaire (SPF), association de solidarité qui lutte contre la précarité, en proposant notamment à des familles et des enfants de partir en vacances gratuitement. Selon le secrétaire national de l'association, Jean Stellitano, les demandes adressées au Secours Populaire pour un séjour de vacances ont augmenté de 15 % en un an.
Une hausse qui se fait également ressentir dans les différentes antennes dont dispose l'association dans la région Hauts-de-France.
Un budget qui fait faux bond
"C'est lors des séjours les plus brefs, qui ne durent qu'une journée, que l'on constate une augmentation des demandes : des familles qui n'étaient jamais parties avec nous commencent à déposer massivement des dossiers", indique Nathalie Carpentier, directrice des SPF de l'Oise, avant de préciser que désormais, les familles préfèrent "s'accorder des vacances par-ci par-là plutôt que des semaines entières de déconnexion."
"Des familles qui n'étaient jamais parties avec nous commencent à déposer des dossiers."
Nathalie Carpentier, directrice des SPF de l'Oise
Selon elle, les familles optent de moins en moins pour des vacances "longues", car les chèques vacances adressés par l'association ne parviennent plus à couvrir toutes les dépenses sur place. "Tout a trop augmenté. Rien que pour le déplacement, avec le prix de l'essence, les chèques ne suffisent presque plus." Chaque année, les SPF de l'Oise proposent des séjours d'une semaine à la base de loisirs de La Frette, dans l'Aisne. "Mais cet été, moins de familles ont demandé à participer", se désole la directrice. Au total, deux familles ont demandé à partir en vacances cet été, contre le double l'an passé pour le simple mois de juillet.
La Journée des oubliés des vacances
La traditionnelle Journée des oubliés des vacances en particulier, est prise d'assaut. Pendant 24 heures, les familles inscrites auprès du Secours Populaire peuvent se rendre à la mer, à la montagne ou dans un parc d'attractions. Cette année, du 21 au 25 août, pour la 49e Journée des oubliés, les Secours Populaires de l'Oise, de l'Aisne, du Pas-de-Calais et du Nord, se rendront tour à tour au Parc Astérix. "En 2022, 900 personnes s'étaient inscrites", se remémore Nathalie Carpentier. "Cette année, j'ai reçu 1000 demandes de participation."
Le SPF de la Somme a quant à lui opté pour une virée à la mer. Le directeur du SPF du Nord, qui coordonne une partie des associations des Hauts-de-France, estime que la journée devrait regrouper 14 000 personnes venues de l'ensemble de la région.
S'adapter aux subventions
Sortie culturelle à Compiègne, activités nautiques, journée au parc de Mickey... Les Secours Populaires de la région essaient de mettre en place "différents types de séjours" pour "toucher un maximum de monde", indique Joël Barbier, directeur des SPF de la Somme. "Si on le pouvait on accueillerait tout le monde. Mais la charge budgétaire bloque : nos moyens sont de plus en plus limités." À tel point que seules 3 familles de la Somme ont pu bénéficier de chèques vacances cette année, contre 8 l'an passé.
Avec l'augmentation de ses charges et une certaine baisse des dons et des subventions, le Secours Populaire peine à concilier toutes les demandes de séjour. La solution est alors de valoriser des activités variées, plusieurs fois dans l'année, même si les places sont restreintes, plutôt que "d'emmener tout le monde d'un coup au parc Astérix pendant 24 heures seulement." Les familles n'ayant pas pu participer aux dernières activités, sont alors sollicitées pour les suivantes, et ainsi de suite.
Un premier pas dans l'association
Dans l'Aisne et dans le Nord, l'association est formelle : les Secours Populaires locaux ont été "plus sollicités de l'année dernière" concernant les demandes de séjours de vacances... Mais rien de comparable avec la hausse des demandes d'aides alimentaires. "L'un ne va pas sans l'autre", affirme Jean-Pierre Deletrez, responsable communication des SPF du Nord.
"Ce qui motive à passer les portes du Secours Populaire c'est avant tout la précarité alimentaire."
Jean-Pierre Deletrez, responsable communication des SPF du Nord
"Ce qui motive à passer les portes du Secours Populaire c'est avant tout la précarité alimentaire. Une fois que les familles sont enregistrées chez nous, les bénévoles leur font part des aides aux départs en vacances. Au départ, très peu viennent toquer chez nous pour bénéficier d'un séjour."