Offrir un repas quand on a bien mangé, c'est l'idée proposée à ses clients par le restaurant Baraka de Roubaix (Nord). Cela s'appelle un repas suspendu. L'idée est ancienne mais souvent destinée à offrir juste un café. En ces temps d'inflation et de difficultés financières, les bénéficiaires sont ravis.
Vous avez peut-être déjà entendu parler des cafés suspendus ? Ces cafés que l'on paie pour qu'ils soient offerts ensuite à des personnes qui n'auraient pas les moyens de se les payer. À Baraka, on applique le même concept mais pour des entrées, plats, desserts et boissons. On peut même acheter-offrir les quatre...
La Coopérative Baraka se définit comme "un lieu ouvert pour travailler, manger, partager et inventer un monde sobre en carbone, respectueux de la biodiversité et solidaire." Avoir la baraka, c'est avoir de la chance, en arabe.
"C'est merveilleux, je suis comme dans un rêve"
Alors, tous les jours, l'opération repas suspendus est proposée aux clients du restaurant. Parfois même, ils se retrouvent à manger à côté des bénéficiaires de ces généreux dons. Et ici, bien sûr, tout le monde est logé à la même enseigne : des plats comme à la maison, cuisinés le matin, avec des produits frais, bios et locaux.
Odette et Micheline se sont régalées. Elles sont venues manger avec d'autres membres des Petits frères des pauvres. Elles racontent : "c'est très bon, c'est fondant... la viande", sa voisine ajoute "pour moi c'est merveilleux, je suis comme dans un rêve" puis une autre "c'est très bien de faire ça pour des gens qui ont de gros soucis, je trouve ça vraiment bien..."
C'est important que ce soit joli, coloré et que ça donne envie. Cela donne du sens à mon métier, se lever tous les matins en faisant quelque chose qu'on aime c'est important, avec des produits vertueux, et avec des opérations comme ça, ça donne encore plus de sens.
Claire Beckelynck, cheffe au restaurant Baraka
Pour encourager le partage et la convivialité, une seule salle et un service à table. Aux commandes de la cuisine, la cheffe Claire Beckelynck. Elle s'active, goûte ses plats, ajuste les assaisonnements et sourit à l'idée de régaler clients et bénéficiaires de ces repas suspendus : "c'est important que ce soit joli, coloré et que ça donne envie. Cela donne du sens à mon métier, se lever tous les matins en faisant quelque chose qu'on aime c'est important, avec des produits vertueux, et avec des opérations comme ça, ça donne encore plus de sens".
Déjà 120 repas offerts
Les premiers repas suspendus ont été imaginés par la coopérative à la fin de l'année 2020, en pleine crise Covid. Le restaurant souffrait des restrictions liées à la pandémie et du manque de fréquentation, d'une baisse d'activité. Offrir ces repas a permis de remonter un peu la pente, de tenir la distance.
Pierre Pecqueur, gérant du restaurant coopératif, explique que l'idée de cette action solidaire a évolué avec le temps : "cette année, on a voulu transformer un peu la formule, et offrir vraiment des prestations de restaurant, c’est-à-dire ce qu'on sait faire en fait, un accueil et une restauration telle qu'on la propose à nos autres clients"
Je trouve ça sympa que d'autres personnes puissent en profiter, s’ils n’ont pas les moyens de se permettre un restaurant, c'est sympa de temps en temps d'aller au restaurant, de manger de la bonne nourriture.
Julia, cliente de Baraka
Des clients qui découvrent parfois cette possibilité : "je trouve ça sympa que d'autres personnes puissent en profiter, s’ils n’ont pas les moyens de se permettre un restaurant, c'est sympa de temps en temps d'aller au restaurant, de manger de la bonne nourriture".
Les repas suspendus ont pour origine un geste solidaire né à Naples après la seconde guerre mondiale. Il consistait à commander un café mais à en payer deux, le principe est le même pour ces déjeuners offerts. Jusqu’à présent, 3600 euros ont été récoltés soit environ 120 repas. Ils seront offerts tout au long de l’année aux plus démunis.