L'accès aux protections périodiques n'est pas toujours simple. C'est pourquoi Théo Kack Kack, étudiant de 19 ans, installe des distributeurs de serviettes hygiéniques dans les toilettes des universités et entreprises. Une démarche à la fois solidaire et environnementale.
Ce sont de petites boîtes, discrètes, installées sur les murs des sanitaires des universités et des entreprises. Aux allures de distributeurs, elles permettent à toutes celles qui en auraient besoin d'avoir accès à des protections périodiques gratuites, et sans produit chimique. Il suffit de se servir.
Le geste est à première vue très simple. Mais fallait-il encore y penser. Pour certaines, se procurer des protections hygiéniques peut être un véritable casse-tête pendant les règles. En France, 4 millions de femmes sont en situation de précarité menstruelle. Le Fonds des Nations Unies pour la Population désigne cette forme de précarité comme "les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus". À cela s'ajoutent de multiples obstacles sociaux, précise Médecins du Monde. L'accès à une hygiène menstruelle correcte est d'autant plus difficile pour les personnes en situation de handicap, transgenres, incarcérées, migrantes mais aussi pour les travailleuses du sexe.
"Avoir un impact positif sur le monde de demain"
Cette solution, c'est Théo Kack Kack, 19 ans qui l'a trouvée. Cet étudiant en deuxième année à la fac prépare les concours des Grandes Écoles de commerce. Il a tout de même trouvé le temps de monter une start-up pour permettre l'installation de ces distributeurs. "Le problème aujourd'hui des protections périodiques, en termes de précarité menstruelle, en termes de santé, en termes d'impact écologique est tellement énorme que je me suis dit qu'avec ces distributeurs c'était un des meilleurs moyens d'avoir l'impact que je voulais. Essayer d'avoir un impact positif sur le monde de demain."
Il a fallu près de deux années pour que Théo réfléchisse à ce concept, après qu'un jour en vacances, il n'a pas trouvé de poubelle pour jeter l'applicateur de tampon de sa petite amie. Depuis, son projet a parcouru du chemin. Il a réussi à installer 22 distributeurs à l'Université Catholique de Lille.
Une initiative saluée
"C'est quand même un soulagement financièrement" réagit l'une des étudiantes de l'Université Catholique. L'achat de ces protections périodiques représente un budget mensuel de 10 à 15 euros, soit 100 à 150 euros par an, dénombrait la CAF en juin 2022. "On sait jamais quand nos règles vont arriver", ajoute une autre étudiante, "ça permet d'avoir un accès illimité gratuitement et quand on veut."
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Le jeune entrepreneur a également pu compter sur le soutien de l'université pour mettre son dispositif en place. Isabelle Delobelle, responsable vie étudiante et mission accueil handicap de l'Université Catholique, salue l'initiative de Théo. "On a trouvé son engagement formidable, le produit est vertueux et s'adresse à l'ensemble des étudiants. Ce sont des produits de bonne qualité." Avec ses 7000 étudiantes, l'établissement lillois est le plus gros client de Théo. L'installation des distributeurs représente un investissement de deux euros par personne et par mois pour l'université.
Un projet qui a de l'ambition
Théo Kack Kack ne veut pas s'arrêter là. "On a l'ambition de devenir producteur de protections périodiques. On aimerait beaucoup apporter des petites innovations incrémentales. On a envie de commencer par des applicateurs qu'on pourrait jeter dans les toilettes."
Sept nouveaux contrats sur les sept dernières semaines, ainsi que trois salariés. L'entreprise est en plein essor. Et pour cause, Théo sait convaincre ses clients. Couleur, police de caractères, matière. La start-up propose de personnaliser chaque boîte. Mais le jeune entrepreneur n'en oublie pas sa démarche environnementale pour autant. Il travaille notamment avec Gauthier Hue, artisan spécialisé en upcycling. Comprendre ici, faire du neuf avec du vieux. Pour son prochain client, il a utilisé une planche de bois destinée à la benne pour la conception de sa boîte. "C'est un produit qui respecte les femmes et aussi l'environnement" félicite l'artisan.