Dès l'enfance quelque chose clochait entre l'identité de petit garçon que lui assignait son corps, son état civil, la petite fille puis la femme qui vivait en elle. Il aura fallu 25 ans à Marie Cau, actuelle maire de Tilloy-lez-Marchiennes dans le Nord, pour opérer sa transition sociale.
"Lorsque j'avais deux ans, je ne comprenais pas pourquoi on m'emmenait dans les toilettes des garçons", se souvient Marie Cau. Un sentiment bien ancré, même si la science dit que nous ne gardons pas de souvenirs avant nos trois ans. Une preuve de plus s'il en fallait que la transidentité n'est pas un choix, mais une nécessité.
Lorsque l'on naît dans un genre, un corps, avec une identité sociale mais dans lesquels on ne se reconnaît pas, que faire ?
"C'est une non vie, je n'exprimais pas la féminité que je ressentais, aux yeux de tous j'étais un garçon", répond la maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) qui toute son enfance s'est réfugiée dans la solitude.
Adulte, Marie Cau se marie et devient papa de 3 enfants et mène une carrière dans l'informatique, elle s'oublie. Jusqu'au moment où le conflit en elle dépasse le supportable. "J'avais 40 ans, j'avais coché toutes les cases de ce que la société attendait de moi", mais comme le ressac de la marée, ces questions reviennent. Elle commence à opérer sa transition sociale de la façon la plus progressive qui soit. Pour ne brusquer personne.
"Il faut essayer de se protéger au maximum, vous avez une famille, vous avez des enfants, des revenus à assurer et des factures à payer". Par petites touches elle subit de la chirurgie de féminisation et modifie sa garde-robe.
Car on ne fait jamais sa transition tout seul. L'entourage, les membres de la famille doivent aussi opérer ce changement dans leur esprit. Et pour la Nordiste, "ça s'est mal passé. Il y a des épouses et des époux qui l'acceptent et le comprennent. Cela n'a pas été le cas de ma femme qui l'a vécu comme une trahison".
Les personnes transgenres doivent pouvoir vivre comme tout le monde. Nous n'enlevons de droit à personne
Marie CauHauts féminin - France 3 Hauts-de-France
Trouver du soutien et de la compréhension est extrêmement difficile. "On est seul. J'ai trouvé du soutien de la part de mes sœurs, mais socialement on est seul".
À 57 ans, elle peut enfin vivre en harmonie avec elle-même. Elle consacre son temps à témoigner et à lutter contre les préjugés et pour faire évoluer les opinions sur les questions de transidentité. "Soyons bienveillants les uns envers les autres et surtout envers les enfants". Son mandat politique est une reconnaissance pour elle. "Il est très important pour les personnes transgenres de montrer qu'elles sont des personnes comme les autres. Je suis une femme comme les autres".