La cathédrale Notre-Dame de Paris, monument le plus visité de France avant son incendie en 2019, a rouvert le 6 décembre 2024. Pour assurer les premières messes, des bénévoles ont été appelés de toute la France. Damien et Servane, habitants de Roubaix, font partie des premiers fidèles à avoir découvert la cathédrale. Ils racontent.
Après la remise en route des orgues vendredi 6 décembre et la sacralisation de l'autel quelques heures plus tard, la cathédrale Notre-Dame de Paris a officiellement pu accueillir des messes ce week-end. Les premières, depuis l'incendie historique qui avait détruit sa charpente, sa toiture et sa flèche il y a cinq ans.
Cette semaine, trois messes ouvertes à toutes et tous auront lieu quotidiennement. Le diocèse doit donc miser sur une logistique millimétrée pour accueillir les 4 500 fidèles que la nef peut loger et la soixantaine de priants (diacres, prêtres, vicaires, évêques...), qui dirigeront les cérémonies religieuses. Pour gérer l'afflux de personnes, poussées par la foi ou la curiosité, le diocèse de Paris a donc fait appel à une cohorte de bénévoles, venus de partout en France. Damien Cavrois, paroissien de l'église Saint-Maurice de Lille, fait partie des dizaines de personnes ayant pu découvrir aux dessous de la cathédrale "en avant-première".
Découvrir les coulisses de la cathédrale
Tout commence par un mail, transféré par son fils quelques jours seulement avant l'inauguration de Notre-Dame, dans lequel le diocèse de Paris explique chercher des bénévoles les 7 et 8 décembre. Chaque personne peut s'inscrire sur l'un des trois créneaux disponibles, avec l'opportunité d'assister à l'une des premières messes données dans la cathédrale flambant neuve.
Damien et son épouse Servane optent pour le créneau du dimanche après-midi, et les voilà tous deux partis vers la capitale.
Sur place, le couple s'occupe de transférer les habits de cérémonie (aube, chape, étole...), stockés dans une salle éloignée de Notre-Dame, jusque dans l'église et de gérer l'arrivée des priants dans la sacristie, trop petite pour que tous puissent se changer en même temps. Pendant leurs temps de pause ou leurs allers-retours, les Roubaisiens ont pu découvrir une vue inédite du lieu sacré, monument français le plus visité avant sa fermeture en 2019 : "On a pu aller dans endroits qui n’étaient pas accessibles comme le déambulatoire. Je suis de nature curieuse, donc j'étais comblé de pouvoir assister à ce qui ne se voit pas d'ordinaire."
C'est comme dans un théâtre : on voit la scène et les comédiens mais il se passe plein de choses à l'arrière.
Damien Cavrois, bénévole lors d'une des premières messes de Notre-Dame
Damien, le sourire aux lèvres, est conscient que découvrir la rénovation de Notre-Dame de ses propres yeux aussi vite est une opportunité (presque) unique. Le diocèse de Paris faisait savoir en fin de semaine dernière, qu'il attendait entre 14 et 15 millions de visiteurs en 2025. "Mais cet aspect un peu VIP ce n'est pas ma tasse de thé", atteste-t-il en faisant une moue.
Un lieu qui rassemble
Avant d'avoir foulé le sol de l'éminent édifice, Damien n'avait jamais eu l'occasion de visiter Notre-Dame. Malgré de multiples tentatives, généralement avortées en raison du monde. "En tant que touriste, on a déjà essayé, mais face aux mètres de queue on a tourné le chemin. On aurait aimé y aller plus tôt pour la connaître avant les travaux."
Cet artisan basé à Roubaix indique ne rien connaître à l'architecture, mais mentionne son émotion en découvrant l'intérieur de la cathédrale. "C’était complètement magnifique, autant en termes d'engagement que de spiritualité et d'artisanat."
Quand on voit ce qu’il y a eu il y a 5 ans et ce qu’on voit aujourd'hui, ça nous laisse sans voix.
Damien Cavrois
Pourtant, lorsqu'en 2019 Emmanuel Macron annonçait des travaux pour la "courte" durée de 5 ans, le Nordiste de 60 ans n'y croyait pas, riait un peu intérieurement. Aujourd'hui, la ferveur mise à l'œuvre pour rénover ce monument d'histoire française le touche et l'émerveille.
Le renouveau évoqué par le chantier de Notre-Dame fait écho à sa propre histoire spirituelle, teintée de doute et de retour à la foi après plusieurs années d'éloignement. "Ce bénévolat, j'y allais pour rendre ce qu’il m’est donné de vivre dans ma foi, mais également, au-delà de la religion, pour remercier l'humain derrière tout ça. Sans bénévolat, l’Église ne peut pas vivre. Grâce à lui, on voit des personnes de tout âge, de toute religion, de toute nationalité, venir assister aux messes et à la réouverture de Notre-Dame... C'est un beau signe d’espoir et d’espérance."