Le petit fils du fondateur du groupe sucrier nordiste a été écarté au profit de "frondeurs" qui tentaient de prendre la direction du groupe depuis trois ans.
Changement de rênes surprise chez le sucrier nordiste Tereos. Alexis Duval, le petit-fils du fondateur du groupe, 2e sucrier mondial, a été écarté de la direction ce vendredi 18 décembre, dans un contexte de conflit interne qui dure depuis trois ans et qui opposait deux camps.
1. Le petit fils du fondateur contre trois “frondeurs”
D’un côté, le petit-fils Duval était aux manettes du groupe depuis une dizaine d'années. Sa stratégie de diversification internationale avait permis de hisser Tereos de la 4e à la 2e place mondiale grâce à de nombreuses acquisitions.
Mais ces rachats, qui ont lourdement endetté l'entreprise, étaient critiqués par une partie des 12 000 producteurs de betteraves membres du groupe, dans un contexte où les crises se sont juxtaposées.
À la baisse générale des cours mondiaux du sucre, entraînés par la fin des quotas sucriers européens, se sont ajoutées les conséquences de la jaunisse subie cette année, qui a fortement réduit les récoltes de betteraves.
D’un autre côté, trois “frondeurs” représentant une partie des producteurs de betteraves du groupe, à savoir Gérard Clay, Xavier Laude et Jérôme Hary, dénonçaient les choix et la gestion de la direction. Ces derniers, qui étaient allés jusqu’à accuser le group d'avoir commercé avec Daesh, avaient été condamnés le 26 novembre dernier, pour dénonciation calomnieuse.
2. Des "frondeurs" non suspendus par le tribunal de Senlis
Forte de cette décision de justice, l’ancienne direction avait alors demandé, cette fois devant le tribunal judiciaire de Senlis dans l’Oise, de suspendre ces trois membres du conseil de surveillance, un organe chargé de valider les grands arbitrages financiers et la stratégie du groupe. Mais les juges ne sont pas allés dans leur sens ce vendredi 19 décembre. Ils ont au contraire débouté la direction de leur demande de suspension.
3. Un conseil de surveillance qui désigne une nouvelle direction
Un conseil de surveillance s’est alors réuni juste après la décision du tribunal. Alexis Duval, à la tête du directoire, a été remplacé par Philippe de Raynal, auparavant dirigeant d'une autre coopérative agricole, Axereal.
Et Gérard Clay, agriculteur dans le Pas-de-Calais qui faisait partie des "frondeurs", a été élu à la présidence du conseil de surveillance.
Xavier Laude, l’agriculteur cambrésien aussi opposé à l'ancienne équipe dirigeante, s'est dit "satisfait": reconstruire "va faire partie de ce qu'on va devoir faire. Il y a toute la partie économique qui nous préoccupait, mais aussi la partie relationnelle, gouvernance, il va falloir recoller les morceaux".
4. L'inquiétude des salariés
Mais pour les salariés qui ont pris le parti de l'ancienne direction, c'est la douche froide. "Cette décision du tribunal est un peu surprenante" précise Justin Dubois, délégué de la CGT. “On aurait préféré que le conseil de surveillance reste tel qu’il était. Au moins, on connaissait les orientations stratégiques", a--t-il précisé.
De nombreuses questions restent en suspens après ce changement de direction. “Vont-ils maintenir les sites ? Vendre les filiales ? Ne pas fusionner avec Cristal Union ?”, s’interroge le syndicaliste.
En attendant “de voir ce que ça donne”, deux rendez-vous devraient éclaircir leurs interrogations : la présentation de Philippe de Raynal, la nouvelle tête de la direction, et surtout, les nouvelles orientations stratégiques du groupe qui seront définies prochainement.
