Tissu 100% français, vêtements recyclés : le renouveau du textile dans les Hauts-de-France

Notre territoire a été façonné par l'histoire du textile. La disparition de la plupart des filatures a marqué aussi de nombreuses familles. Aujourd'hui, 14 000 personnes de la région travaillent encore dans ce secteur. Une mutation qui pourrait assurer sa survie.

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Direction l'entreprise Lemaitre-Demesteere, à Halluin, au bord de la Lys, là où se situait autrefois des dizaines de filatures. Dans cette société survivante de cette grande époque, on tisse des kilomètres d'étoffes depuis 1835. Un savoir-faire qui aurait pu disparaître, s'il y a quelques années, ce directeur n'avait pas choisi de changer complétement la manière de travailler.

En 10 ans, le tisseur s'est réorienté, pour ne fabriquer que du haut-de-gamme (il fournit le tissu pour la décoration de grands noms de la haute-couture), essentiellement du 100% lin. Le tout, fait en France.

La fibre de lin, cultivée dans notre région et en Normandie, est tissée dans leurs ateliers sur des machines spécifiques très rares, qui nécessitent, pour les étoffes les plus épaisses, des nœuds à la main. Une spécificité qui lui permet de se faire une place dans le secteur.
 


Olivier Ducatillon a aussi opté pour une diversification de modèles, de couleurs et de clients, grâce à un site internet pour les particuliers. C'est ce qui a permis à cette entreprise de tirer son épingle du jeu. Au début des années 2000, elle vendait 80% de sa production à 3 clients, avec une quinzaine de références. Désormais, elle compte plus de 250 clients, exporte 40% de la production et propose une centaine de produits différents.

En réalité, le tisseur, qui emploie aujourd'hui 30 salariés, a senti une nouvelle tendance émergée. Les clients cherchent des produits respectueux de l'environnement et veulent acheter français : "Le lin est la fibre écologique par excellence. Elle n'a que des côtés vertueux.

Et aujourd'hui, c'est ce que nos consommateurs attendent ; qu'on soit capable de dire d'où vient notre lin, où il est fait, où il est produit, comment il est fabriqué. Les gens veulent savoir ce qu'ils mangent, ce qu'ils ont dans leur assiette. mais aussi ce qu'ils portent, ce qu'ils mettent chez eux. Ce souci de traçabilité est vraiment très important", 
analyse-t-il.
 


Une mode durable


Côté mode, on a aussi senti le vent tourné. Anne-Laure Eustache, créatrice de vêtements à Roubaix, utilise principalement des tissus français. Elle va même jusqu'à réutiliser ses chutes, pour en faire des applications sur ses hauts.
 


"En travaillant de belles matières et en réalisant des finitions de qualité, on participe à une mode durable". Pour la créatrice de P.O.P, "on n'a pas le même plaisir à porter un produit qui est jetable, qu'un vêtement dont le patronnage est parfait et dont la matière ne bouloche pas au bout de deux lavages."

Avec ses coupes intemporelles, ses collections ne suivent pas les saisons et ont vocation à être gardées des années. Une slow fashion, plus respectueuse de l'environnement, qui ne pousse pas à la surconsommation.
 

Recréer une filière


L'association Nordcrea, à Roubaix, comptent quelques 70 membres, parmi lesquels de grosses enseignes. Aujourd'hui, elle entend structurer toute une filière autour de cette mode durable. Annick Jehanne, ancienne directrice des achats dans de grands groupes et présidente de Nordcréa explique sa mission : "Ma conviction et toutes les enquêtes de consommateurs le montrent, cela va devenir incontournable. Les enseignes qui ne seront pas durables, ne seront plus là dans 5 ou 10 ans.

Il faut tester, expérimenter, trouver de nouvelles matières, comme le lin, et tous les stocks invendus qui dorment autour de nous, dans les entrepôts des grandes enseignes, c'est une mine d'or. À nous de trouver comment les transformer, les réutiliser et ça, ça crée de l'emploi local."


Ainsi, dans cet atelier de Nordcréa, des coututrières en insertion customisent des vêtements invendus, en y cousant un patch - palmier, coktail ou oiseau -, au choix de la cliente. Une manière de recycler ces produits qui auraient pu finir à la poubelle. Dans un premier temps, 10 000 pièces vont être transformées pour Camaïeu. Auchan va également participer à l'opération de customisation.
 

L'association entend aussi mutaliser un "fab lab" et créer une tissuthèque. Autant de projets pour dynamiser le secteur, anticiper les changements et faire se rencontrer petits créateurs et grands groupes, dont une bonne partie ont encore leur siège social dans la région.
 
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